RN3138 de Netgear : que vaut un NAS 1U à base d'Atom C2558 avec 4 ports gigabit ?

RN3138 de Netgear : que vaut un NAS 1U à base d’Atom C2558 avec 4 ports gigabit ?

Moins cher qu'un modèle 10 GbE

Avatar de l'auteur
David Legrand

Publié dans

Hardware

24/01/2019 9 minutes
7

RN3138 de Netgear : que vaut un NAS 1U à base d'Atom C2558 avec 4 ports gigabit ?

Netgear est plus connu pour ses routeurs, switchs et autres systèmes Wi-Fi Orbi que pour ses NAS. Pourtant, le constructeur propose quelques modèles intéressants. nous avons analysé un modèle rackable pour nous en faire une idée.

Quand on évoque le marché des NAS (Network Attached Storage), le réflexe est souvent de penser à des produits plus ou moins compacts, proposés par QNAP ou Synology, surtout sur le marché grand public.

Pourtant, il existe d'autres possibilités comme des modèles rackables et d'autres acteurs qui sont assez présents, notamment Netgear. Pour voir ce que de tels NAS pouvaient avoir dans le ventre et ce qu'ils ont à apporter, nous avons demandé à la marque de nous prêter un ReadyNAS 3138, qui se destine aux petites et moyennes entreprises.

Il s'agit d'un modèle 1U à quatre baies (hot swap) pour HDD/SSD, embarquant un processeur Atom C2558 (4 cœurs à 2,4 GHz), quatre ports Gigabit avec agrégation, un port USB 2.0, deux ports USB 3.0 et deux ports eSATA. Il utilise ReadyNAS OS 6.x que nous avons analysé en détail dans un article dédié.

Notre dossier sur les NAS rackables de Netgear :

Garantie de cinq ans avec remplacement J+1

La connectique du ReadyNAS 3138 est donc relativement fournie, surtout pour un modèle de cette dimension (406 mm x 430 mm x 44 mm). Il pèse 5,21 kg à vide, dispose de trois ventilateurs de 40 mm (nous y reviendrons) et d'une alimentation de 180 watts 80Plus Silver FPS (180-50LH).

Un câble avec un connecteur IEC C14 suffit à l'alimenter. Certains regretteront l'impossibilité de pouvoir en utiliser une seconde en redondance Il est donné pour une consommation de 55 à 73 watts. Au repos, nous avons relevé un peu plus de 18 watts, contre un peu moins de 30 watts en charge avec quatre SSD. Si vous disposez d'un onduleur (UPS), il pourra être contrôlé depuis l'interface.

On apprécie quelques petites attentions comme la garantie pendant cinq ans avec remplacement le jour ouvrable suivant. Un service qui est en général proposé en option ou sur des modèles supérieurs chez la concurrence. Un support technique est également offert pour une période de 90 jours. Utile quand vous débutez avec les NAS ou les modèles de la marque.

Enfin, on dispose de connecteurs tant en façade qu'à l'arrière, avec des boutons Power/Reset, mais aussi des diodes pour l'état global, de chaque élément de stockage, pour l'identification (UID), etc.

  • Netgear ReadyNAS 3138
  • Netgear ReadyNAS 3138
  • Netgear ReadyNAS 3138
  • Netgear ReadyNAS 3138

Le RN 3138 face à ses concurrents

Proposé aux alentours de 950 euros, il affiche une meilleure composition que ses deux concurrents principaux situés dans cette tranche de prix : les RS818+ de Synology et TS-453BU-4G de QNAP. 

Le premier doit ainsi se contenter de 2 Go de mémoire contre 4 Go pour le modèle de Netgear. Il ne propose également qu'un port eSATA et pas de port USB 2.0 en façade en complément des deux USB 3.0 situés à l'arrière. Il peut par contre évoluer vers plus de mémoire, du 10 GbE, un cache SSD M.2, etc. Un modèle avec alimentation redondante (RP) est aussi proposé.

On note également une différence plus subtile entre les deux NAS : le modèle Synology utilise un Atom C2538 contre un C2558 pour celui de Netgear. La seule différence entre ces puces est la compatibilité avec la technologie QuickAssist d'Intel notamment utilisée pour l'accélération matérielle du chiffrement dans les environnements réseau.

Le NAS de QNAP opte lui pour un Atom plus récent (série 3000) mais destiné aux ordinateurs de bureau (série J) plutôt qu'à des produits réseau (série C) : le J3455. Ainsi sa fréquence est variable, de 1,5 à 2,3 GHz, il est dépourvu de QuickAssist, ne gère pas la mémoire ECC, mais il ne lui manque pas d'autre fonctionnalité essentielle. 

Disposant d'une partie graphique avec accélération matérielle de la (dé)compression vidéo, il sera sans doute plus adapté à des besoins orientés multimédia. D'autant que sa connectique, bien que dépourvue d'eSATA/USB 2.0, se compose de quatre USB 3.0 et d'un HDMI. Il dispose bien de 4 Go et peut aussi évoluer grâce à une carte fille.

Un élément qui manque définitivement au modèle de Netgear.

Qu'est-ce qu'il a sous le capot ?

Retirer quatre vis suffit à ouvrir le capot qui donne accès à un ensemble assez simple. Au centre de la carte mère trône un dissipateur posé sur le processeur. Les quatre baies sont reliées par une carte intermédiaire alimentée par un port Molex. Deux S-ATA complémentaires sont présents, ainsi qu'un second emplacement pour de la DDR3 (1600 MHz ECC). 

Ce sera la seule possibilité d'évolution pour cette machine dont les autres composants sont : l'alimentation FSP,  un Marvell Alaska 88E1543 pour les quatre ports Gigabit, un Marvell 88SE9170 pour les ports eSATA et un ASMedia ASM1042A pour les ports USB 3.0.

Un module USB 2.0 de 256 Mo Apacer (AP-UM256MR31CG-2MST) contient le système de base.

  • Netgear ReadyNAS 3138
  • Netgear ReadyNAS 3138
  • Netgear ReadyNAS 3138
  • Netgear ReadyNAS 3138

Performances et échauffement

Nous avons utilisé ce NAS avec quatre SSD Intel 545s de 256 Go d'Intel. Cela nous permet de ne pas être limités en performances comme nous pourrions l'être avec des disques durs et de pousser la machine à ses limites. Nous l'utilisons avec ses quatre ports RJ45 connectés à un switch Netgear SX10 (agrégation LACP).

Pour tester les performances pures du CPU, nous avons effectué un relevé avec OpenSSL via un accès SSH. La version 1.0.1t était installée, nous avons utilisé la commande suivante pour exploiter un ou quatre cœurs :

openssl speed rsa4096
openssl speed rsa4096 -multi 4

Les performances relevées étaient les suivantes :

  • 1 CPU :
    • 26 signatures/s
    • 1 703 vérifications/s
  • 4 CPU :
    • 102 signatures/s
    • 6 800 vérifications/s

Pour rappel, un Raspberry PI 3 dans sa version la plus performante affiche 11 signatures/s et 740 vérifications/s avec l'ensemble de ses cœurs utilisés, contre 341 signatures/s et 22 409 vérifications/s pour un Pentium exploitant l'architecture Core d'Intel. Cet Atom se place donc entre les deux : 10x plus performant qu'un RPi, 3x moins qu'un Pentium.

Ensuite nous avons utilisé quatre clients, des PC sous Windows 10 reliés via un port RJ45 (Gigabit), nous permettant d'effectuer des transferts en simultané depuis un dossier partagé. Pour rappel, l'agrégation ne permet pas de quadrupler les débits pouvant être atteints par un même client, mais de multiplier les clients répartis sur chaque port.

Nous avons transféré différents types de fichiers (de grosses et de petites tailles) depuis le NAS vers les clients puis relevé le débit total vu par le NAS dans son interface de gestion. Trois cas différents sont relevés selon la configuration du volume constitué par les quatre SDD : RAID 0, RAID 0 + Chiffrement AES, RAID 5 + Chiffrement AES.

ReadyNAS 3138 Performances LAN

Comme on peut le voir, le NAS peut atteindre près de 400 Mo/s dans une situation idéale, mais l'activation du chiffrement impactera tout de même ses résultats puisque l'on passe à un peu moins de 300 Mo/s (-22 %). Le passage au RAID 5 en ajoute une couche (-26 %) puisque l'on atteint 217 Mo/s seulement.

Ce sera néanmoins suffisant pour bien des cas, mais il faudra forcément éviter de transférer de grosses quantités de données vers de multiples clients sous peine d'être vite limité.

Pour de tels besoins, des modèles supérieurs et/ou équipés d'un port 10 GbE peuvent être préférables. Malheureusement, chez Netgear, cela nécessite de passer à la gamme supérieure  qui débute avec le RR4312X (2U, 12 baies, Xeon X3) à 1 700 euros pièce. Peut-être que des solutions intermédiaires seraient les bienvenues.

Lors de nos tests dans une pièce à 19/20°C ambiant, le système et le CPU étaient à une température de 33/35°C au repos, ce dernier pouvant atteindre 40 à 47,5°C en charge selon les cas. Le système étant configuré pour rester silencieux. Bien entendu, cela pourra être revu à la hausse si vous utilisez le NAS dans un rack avec de multiples machines.

Mais dans un tel cas, les questions de refroidissement et de nuisance sonore seront sans doute moins un problème puisque ces installations sont en générales placées dans une pièce isolée plutôt qu'au cœur de votre bureau/salon.

Un modèle efficace mais pas assez évolutif

Au final, le RN3138 remplit bien son rôle. C'est un modèle d'entrée de gamme à base de processeur x86 avec tous les avantages que cela comporte, notamment en termes de performances, de possibilités ou de gestion de la virtualisation. Il reste néanmoins accessible pour un produit rackable à quatre ports gigabit.

Il intègre 4 Go de mémoire, dispose d'une connectique fournie et ses performances sont correctes. Comme nous l'avons détaillé dans notre article sur ReadyNAS OS, celui-ci propose toutes les fonctionnalités nécessaires pour un produit de ce genre, tirant parti de l'écosystème Netgear notamment avec l'intégration à Insight.

On pourra néanmoins faire deux reproches à ce produit et à Netgear. La première est l'absence de modularité. On le voit bien chez les concurrents comme QNAP ou Synology, il est possible d'utiliser une carte fille pour différents besoins : 10 GbE, SSD M.2, Wi-Fi ou autre. Cela évite d'avoir à multiplier les modèles tout en augmentant les possibilités. 

L'autre concerne justement la disponibilité du 10 GbE, pour le moment réservé à des NAS coûtant deux fois le prix de ce RN3138. Combiné à l'absence d'évolutivité, cela créé de vrais manques dans l'offre de Netgear. Dommage pour une marque qui se fait justement remarquer par la présence de switchs 10 GbE « accessibles » à son catalogue.

Actuellement, seul un modèle du genre existe : le RN524X qui n'est pas rackable. Espérons qu'il sera vite décliné en version 1U ou qu'un port PCIe fera son apparition sur les prochains modèles de la marque.

Écrit par David Legrand

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Garantie de cinq ans avec remplacement J+1

Le RN 3138 face à ses concurrents

Qu'est-ce qu'il a sous le capot ?

Performances et échauffement

Un modèle efficace mais pas assez évolutif

Fermer

Commentaires (7)


juste pour avoir une idée de comparaison, j’ai lancé le test OpenSSL sur mon NAS (xeon E3-1225v5, le clone pro du i5 6500 ):



1 coeur :
247.0 sign/s
12598.7 verify/s



4 coeurs :
932.2 sign/s
47541.5 verify/s



évidemment, ça boxe pas dans la même catégorie (tour 4U, 10G, 12 disques + les ssd systeme …), mais le prix est semblable …vive le bricolage !



en tout cas, j’aime beaucoup ce que vous faites, M. David <3



LordZurp a dit:





Merci ;) Par contre même prix ? J’ai du mal à voir comment à moins de faire de la récup et de ne pas utiliser une vraie tour rackable (rien que le boitier 4U, 12 baies en neuf…. :transpi:)



David_L a dit:


Merci ;) Par contre même prix ? J’ai du mal à voir comment à moins de faire de la récup et de ne pas utiliser une vraie tour rackable (rien que le boitier 4U, 12 baies en neuf…. :transpi:)




j’avoue, j’ai triché : la tour, c’est une Define R5 couchée (ça fait pile 19”), avec 8+3 disques + 1 “en vrac” : le berceau est vissé sur le coté de l’alim (et les ssd sont installé derriere la mobo, sur les emplacements 2”5)



pour le prix, un xeon à 200-250€, une mobo à 150€, 32Go ECC achetés à une période opportune : 200€, une seasonic X-400 à 120€ (recyclé du précédent serveur), la tour à 100€, une carte 8xSAS pour 150€ et la carte 10G à 30€, on est bon !
juste à rajouter une pelletée de noctua pour le confort (la baie est dans le salon)



LordZurp a dit:


j’avoue, j’ai triché : la tour, c’est une Define R5 couchée (ça fait pile 19”), avec 8+3 disques + 1 “en vrac” : le berceau est vissé sur le coté de l’alim (et les ssd sont installé derriere la mobo, sur les emplacements 2”5)pour le prix, un xeon à 200-250€, une mobo à 150€, 32Go ECC achetés à une période opportune : 200€, une seasonic X-400 à 120€ (recyclé du précédent serveur), la tour à 100€, une carte 8xSAS pour 150€ et la carte 10G à 30€, on est bon ! juste à rajouter une pelletée de noctua pour le confort (la baie est dans le salon)




Oui, mais bon le disque près de l’alim… C’est moyen…



Argonaute a dit:


Oui, mais bon le disque près de l’alim… C’est moyen…




il reste entre 25 et 30°, comme ses copains dans leurs emplacement prévus :)



LordZurp a dit:


(la baie est dans le salon)




:eeek2:
:stress:



LordZurp a dit:


j’avoue, j’ai triché : la tour, c’est une Define R5 couchée (ça fait pile 19”), avec 8+3 disques + 1 “en vrac” : le berceau est vissé sur le coté de l’alim (et les ssd sont installé derriere la mobo, sur les emplacements 2”5)pour le prix, un xeon à 200-250€, une mobo à 150€, 32Go ECC achetés à une période opportune : 200€, une seasonic X-400 à 120€ (recyclé du précédent serveur), la tour à 100€, une carte 8xSAS pour 150€ et la carte 10G à 30€, on est bon ! juste à rajouter une pelletée de noctua pour le confort (la baie est dans le salon)




Avec un Xeon E5 2670 à 50 euros (8c/16t), 64Go de RAM DDR3 ECC à 150 euros et une carte mère à 170euros (supermicro X8DTI), il est possible d’avoir encore plus puissant pour moins cher. Les cartes SASx8 sont bien moins cher que 150 euros (80 max sur ebay); ça sert à rein de mettre de l’argent là dedans en pour l’utiliser en mode IT.



Désavantage par rapport à ton build: consomme un peu plus. Par contre aller sur de la DDR4 pour un serveur actuellement est juste de l’hérésie.



La photo de mon build: http://spectrumknight.free.fr/news/images/datahoarder.jpg