La nouvelle offre haut de gamme d'AMD est enfin complète. Mais aujourd'hui, le constructeur dévoile simplement de nouveaux détails sur trois puces qui seront mises en vente le 25 novembre prochain. Un « paper launch » qui permet de faire patienter les fans de la marque, la disponibilité de ces (coûteux) produits s'annonçant déjà réduite.
C'est à l'E3 qu'AMD a annoncé en grande pompe son Ryzen 9 3950X à 16 cœurs sur socket AM4. Prévu pour le mois de septembre, il a finalement été retardé à novembre. Puis, nous avons appris que c'est aujourd'hui que l'on aurait droit... à sa date de commercialisation. Cette puce sera mise sur le marché le 25 novembre prochain.
Ryzen 9 3950X : une question de mise à jour
Un retard de plus de deux mois qui n'est sans doute pas étranger aux soucis rencontrés par AMD et ses partenaires à travers la gestion de la fréquence des puces exploitant une architecture Zen 2. Les AGESA et BIOS/UEFI se sont multipliés tout l'été et à la rentrée, jusqu'à l'annonce de la version 1.0.0.4 Patch B il y a peu.
AMD est d'ailleurs claire sur un point : le Ryzen 9 3950X exigera cette version pour fonctionner à son plein potentiel. Il nous a néanmoins été confirmé depuis que cela ne devrait pas empêcher le boot au moins sur certaines cartes mères antérieures. Nous attendons de pouvoir le confirmer dans la pratique chez différents constructeurs.
Gare donc au support de votre carte ou de celle que vous achèterez dans le commerce. Vérifiez qu'elle dispose déjà d'un BIOS/UEFI à jour. Notez que, comme les autres Ryzen de 3e génération, la compatibilité est assurée avec les cartes mères équipées de chipsets de la série 400/500. Pour la série 300, cela dépend des choix des constructeurs.
Du watercooling recommandé
Les caractéristiques de la puce sont inchangées : 16C/32T, de 3,5 à 4,7 GHz, 72 Mo de cache et 105 watts de TDP. Elle est annoncée comme bien plus efficace que la concurrence, tant en consommation que rapport performances/watts. Comme toujours, AMD évite par contre de parler de la consommation toujours excessive de ses puces au repos.
Vu la chaleur dégagée par le 3900X et la souffrance subie par le ventirad fourni dans son bundle, on se demandait ce que recommanderait AMD. Un point désormais éclairci : optez pour un kit de watercooling. Une liste des modèles validés devrait d'ailleurs être fournie par le constructeur.
Le tarif public du 3950X est toujours de 749 dollars. Il est néanmoins à prendre avec prudence tant il y a déjà un écart entre le prix recommandé pour le 3900X et ce que l'on constate dans la pratique. On peut en effet s'attendre à ce que le 3950X dépasse les 800/850 euros si les stocks sont trop tendus. Un sujet qu'AMD se refuse à aborder clairement pour le moment, nous verrons ce qu'il en est d'ici la fin du mois.
Mode éco dans Ryzen Master : modifiez le TDP de votre CPU
Pour ceux qui voudraient disposer de 16 cœurs mais d'une puce qui chauffe moins, AMD semble avoir entendu les demandes de certains de ses clients et va proposer un mode « Éco » dans Ryzen Master.
Il permet de modifier le TDP maximal de la puce, sans avoir à opter pour une référence différente, ce qui est plutôt une bonne chose. On pourra ainsi utiliser de gros processeurs dans des environnements plus contraints comme des machines compactes ou passives. Cela pourra aussi avoir du sens pour certains usages professionnels.
On espère néanmoins que cette option sera proposée directement dans le BIOS/UEFI et pas que dans Ryzen Master. Ne serait-ce que pour éviter de dépendre d'une couche logicielle sur un OS en particulier, ou tout simplement assurer un tel comportement même pour ceux sous Linux par exemple.
Threadripper 3960X/3970X : une dénomination plus cohérente
Passons aux Ryzen Threadripper, qui passent aussi à leur 3e génération à base d'architecture Zen 2. Pour le moment, seuls deux modèles sont annoncés : les 3960X (24 cœurs) et 3970X (32 cœurs).
Il n'est donc pas question de modèles à 48 ou 64 cœurs ou autre débauche technologique inspirée des EPYC 7002. Pour cela, il faudra sans doute attendre le CES de Las Vegas. On reste ainsi sur de simples évolutions de la gamme actuelle, avec des modèles en moins du fait de la plus grande étendue du socket AM4 (qui grimpe à 16 cœurs).
On y gagne sur deux points : la cohérence des dénominations et la clarté de la gamme. Aucun modèle WX n'a pour le moment été annoncé, ces puces reprenant le nombre de coeurs des 2970WX et 2990WX avec des fréquences plus élevées que les 2920X et 2950X qui se limitaient pourtant à 12 et 16 coeurs.
On grimpe ainsi jusqu'à 4,5 GHz en mode Turbo, lorsque peu de cœurs sont actifs. Mais la fréquence de base de 3,7/3,8 GHz est déjà impressionnante en soi, tout comme les 140/144 Mo de cache. Cela se paie par contre du côté du TDP qui grimpe à 280 watts. Autant dire que vous avez intérêt à utiliser un système de refroidissement qui assure.
Pour les bonnes nouvelles, on s'arrête à peu près là.
Nouvelle plateforme, des prix en hausse
Tout d'abord parce que les prix sont revus à la hausse par AMD. On passe ainsi de 1 299 et 1799 dollars au lancement des modèles à 24/32 cœurs de la gamme précédente à 1 399 et 1999 dollars. Un choix qu'AMD explique par la hausse des performances significative de ses processeurs, ce que l'on peut comprendre.
On note surtout que, dans cette gamme de produits où la société est presque sans concurrence, elle n'a pas de pression sur ses prix et n'a donc pas besoin de chercher la compétitivité coûte que coûte. Elle peut donc y aller à la hausse, surtout qu'elle estime le marché HEDT (stations de travail) à pas moins de 1,2 milliard de dollars, autant y aller franchement ! Cela explique sans doute en partie un autre choix, celui de renouveler la plateforme.
La précédente n'aura ainsi duré que deux ans, sans qu'AMD ne permette à ses clients d'anticiper ce changement. Une pratique que le constructeur a largement décriée quand elle était mise en œuvre par Intel, mais qui lui semble ici assez naturelle. Le Texan l'explique par sa migration vers le PCIe 4.0, notamment pour la communication CPU/Chipset.
Nous n'aurons néanmoins pas plus de détails pour le moment. Espérons que cela sera le cas d'ici à ce que les produits soient testés ou qu'ils n'arrivent sur le marché.

Socket sTRX4, Chipset TRX40
Ainsi, on a désormais droit à un socket sTRX4, qui ne change pas vraiment de l'actuel TR4 puisqu'ils ont le même nombre de broches (4094) et même pas de détrompeur spécifique. Mais ne rêvez pas, un ancien CPU ne fonctionnera pas sur la nouvelle plateforme, et inversement.
Elles sont simplement exploitées de manière différente. Une situation qui s'écarte donc d'EPYC et des serveurs où seule une mise à jour du BIOS/UEFI était nécessaire pour passer aux modèles 7002 basés sur Zen 2. Au passage, AMD dévoile un nouveau chipset TRX40 qui profite d'un lien bien plus véloce avec le CPU puisque l'on passe de quatre lignes PCIe 3.0 à huit lignes PCIe 4.0. Il est donc potentiellement multiplié par quatre !
De quoi assurer la débauche de connectique promise par le constructeur avec un maximum de 12 ports USB 3.x à 10 Gb/s, jusqu'à 20 ports S-ATA, 72 lignes PCIe 4.0 dont 48 au sein du CPU. Là aussi, ce n'est pas sans conséquence. Si vous trouviez les cartes mères X399 coûteuses (de 300 à 1 000 euros pour certains modèles), attendez-vous à de nouveaux sommets avec les modèles TRX40. La hausse du prix du CPU ne semble pas refroidir les partenaires d'AMD.
Vers des Threadripper à deux vitesses, comme les Xeon W ?
Avec ces nouvelles puces, AMD se paie presque le luxe de faire mieux que les Xeon W-3200 d'Intel pourtant bien plus coûteux. Elle les dépasse d'ailleurs sur certains points : nombre de cœurs (sans être monolithique), PCIe 4.0, vitesse de la mémoire, connectique, etc. Mais ces derniers ont néanmoins un argument pour eux, outre les avantages de l'architecture Cascade Lake (AVX-512, DL Boost, etc.) : ils ont droit à six canaux mémoire.
AMD continue pour le moment de se limiter à quatre sur les Threadripper, mais avec une fréquence maximale qui passe à 3,2 GHz, tout de même. Pourtant, le Texan nous a confirmé que ses deux nouvelles puces disposaient bien de quatre dies actifs chacune, avec six ou huit cœurs fonctionnels dans chaque.
Certains prêtent néanmoins à la société la volonté de vouloir aller plus loin que ces Threadripper dans de prochaines évolutions avec plus de canaux mémoires, de lignes PCIe 4.0, de cœurs et d'autres chipsets. De quoi monter un peu plus en gamme, et faire un peu mieux le lien, à mi-chemin entre Threadripper et EPYC.
C'est d'ailleurs ce que fait à sa manière Intel avec ses Xeon X-2200/3200. Mais si cela se confirme pour AMD, il faudra s'attendre à des prix qui ne seront à la portée que des entreprises et autres utilisateurs passionnés au budget sans limite. Ce qui serait perdre une partie de l'essence de Threadripper.
Bonne nouvelle : Threadripper 2e génération va être plus attractive
La société semble donc avoir fait un choix clair avec cette génération : rendre les CPU à 12/16 cœurs plus abordables, puisqu'ils sont proposés sur la plateforme AM4, au risque de faire de Threadripper une solution bien moins accessible, dans sa composition actuelle ou à venir.
Une situation qui risque d'en peiner certains, mais qui répond à une certaine cohérence. On regrette seulement que cela ne transparaisse pas clairement dans le discours de la marque, qui nous parle d'ailleurs toujours de jouer avec ses Threadripper, sans jamais évoquer d'autres usages comme la virtualisation. (Ah, le marketing...).
Mais cette évolution peut être une bonne nouvelle pour les acheteurs patients. Ceux qui n'ont pas craqué pour les Threadripper 2e génération qui vont continuer à être vendus, avec des cartes mères X399. AMD semble décidée à en faire une solution intermédiaire, via des baisses de prix à venir. Sans parler du marché d'occasion.
Il faudra donc surveiller ses puces et les produits des partenaires de près, car il y aura sans doute de belles affaires à faire. Le Black Friday et les prochaines soldes de janvier seront sans doute l'occasion de constater (ou non) cette tendance promise par le Texan. Comme quoi, rien n'est jamais perdu !