Pendant près de deux heures, NVIDIA devait nous parler de son avenir. Elle l'a fait. Mais pour cela, la société a choisi de radoter sur l'IA et ses plateformes pour la voiture autonome, histoire de combler le vide entre les rares nouveautés au programme.
Tôt ce matin, NVIDIA organisait une conférence de presse en amont de l'ouverture du CES de Las Vegas. Le constructeur conviait ainsi analystes et journalistes à découvrir ses dernières annonces pendant près de deux heures.
On pouvait ainsi s'attendre à de nombreuses nouveautés, sur différents marchés. N'ayant pas sorti de nouvelle génération de GPU depuis un moment, le constructeur était en effet attendu au tournant. Surtout qu'AMD a récemment déployé un nouveau pilote plutôt intéressant pour ses cartes graphiques.
Même chose du côté de la Shield sous Android TV qui n'a pas eu droit à une mise à jour matérielle depuis son lancement, malgré quelques retouches dans le courant de l'année dernière. On attend d'ailleurs toujours des nouvelles des Spots censés fonctionner de pair avec Google Assistant.
NVIDIA a bien peu d'égard pour le marché qui assure le gros de ses revenus
De tout ça, il n'a donc pas du tout été question. Le PDG l'a d'ailleurs assez discrètement fait comprendre à travers une slide diffusée en début de conférence : si le marché du jeu est important et historique chez NVIDIA, notamment dans ses lignes de revenus actuels, il est rikiki comparé au potentiel de ceux couverts par l'IA et l'automobile.
Ces deux secteurs symbolisant le futur de la société, un hommage rapide a donc été rendu aux amateurs de jeux vidéo, avant de passer à autre chose. Jen Hsun Huang a tout de même pris la peine d'expliquer qu'il pense que la réalité virtuelle sera intéressante d'ici quelques années avec l'évolution des casques... et ce sera tout.
Vous attendiez de la feuille de route ou des grosses surprises ? Dommage. En réalité, les annonces relatives aux GeForce et autres produits « gaming » ont été mises de côté. NVIDIA s'est donc contenté de les évoquer dans ses communiqués de presse. Nous les avons d'ailleurs regroupées dans une analyse dédiée.

The Jen Hsun Huang's show
C'est d'autant plus incompréhensible que dans les deux heures de cette conférence, la moitié (au minimum) est tout simplement bonne à jeter. Pas parce que c'était inintéressant, mais parce que c'est du déjà vu.
Jen Hsun Huang multiplie en effet les évènements avec des GTC désormais organisées chaque année sur plusieurs continents. Il s'agit d'une organisation bien rodée, qui a été largement reprise ici : mêmes vidéos, mêmes slides, mêmes démos, mêmes blagues. Pour un évènement d'envergure comme le CES, qui doit donner le ton de l'année à venir, on pouvait s'attendre à mieux, ou en tous cas à plus équilibré.
Le problème était pourtant peut être ailleurs : NVIDIA avait finalement peu à annoncer sur l'IA et la voiture connectée. En mettant les GeForce et tout ce qui s'y rattache de côté, le constructeur a donc dû « remplir ». Mais face aux nouveautés d'AMD et Intel sur leur marché historique, cela faisait peine à voir.
Plusieurs annonces et une piste de réflexion
Sur le fond, nous avons néanmoins appris quelques petites choses. Tout d'abord le SoC Xavier annoncé à la rentrée est finalisé depuis deux semaines. Il devrait ainsi partir en production dans le courant de ce trimestre. NVIDIA a également annoncé travailler sur une solution de simulation autour de la voiture connectée : Autosim.
Plusieurs partenariats ont été officialisés, tous n'étant pas nouveaux : Baidu et ZF pour la voiture autonome en Chine, Uber pour des taxis sans chauffeurs ou Volkswagen pour l'intégration des solutions NVIDIA dans le concept I.D. Buzz. La société veut néanmoins aller plus loin et semble rêver d'une intégration dans les camions.
Le SoC Xavier pour le véhicule autonome passe à la phase de sampling ce trimestre : 9 milliards de transistors, 350 mm2, 8 cœurs Carmel ARM64 et Volta (512 CUDA Cores) #CES2018 pic.twitter.com/2wqqjHviVZ
— Next INpact L@bs (@Next_Labs) January 8, 2018
Un marché en pleine explosion, notamment du fait de la croissance des commandes en ligne. Et avec les nouvelles règlementations en vigueur, notamment aux États-Unis, la productivité du secteur serait en baisse. Le tout cumulé à un manque de chauffeurs, avec des camions qui ne roulent pas pendant 10 heures par jour... NVIDIA voit dans la mise en place de plateformes autonomes une solution d'avenir.
Outre les questions règlementaires, c'est celle de la reconversion des chauffeurs qui va sans doute se poser à plus ou moins long terme. Comme dans le cas des VTC avec Uber.
NVIDIA semble consciente que ces révolutions vont se dérouler sur 10 à 15 ans. On peut néanmoins lui proposer un petit défi pour ses IA qui « permettent de résoudre l'insoluble » : dépenser des milliards de R&D pour dépenser des millards en automatisation du monde est-elle la meilleure solution face à une société où chacun commande sans cesse plus de produits chez des revendeurs comme Amazon... ou n'y a-t-il pas des éléments de l'équation à remettre en question ?
Nous avons hâte de découvrir la réponse.