Alors que le Wi-Fi augmente significativement ses débits d'année en année (prochaine étape le 802.11ax), sa portée reste limitée. De quoi inciter les constructeurs à travailler sur les réseaux mesh pour équiper la maison, ou encore sur l'infrarouge, comme le propose Aron.
Lancé il y a plusieurs années, le Wi-Fi 802.11ac permet désormais d'obtenir des débits théoriques de plusieurs Gb/s depuis l'arrivée de la Wave 2 en juin 2016. En coulisse, on parle depuis un moment de son remplaçant : le 802.11ax, affichant des débits toujours plus élevés.
Le Wi-Fi 802.11ax assure le show, avec des débits dépassant les 10 Gb/s
Même si elle n'est pas encore ratifiée par la Wi-Fi Alliance (cela ne devrait pas être le cas avant 2019), les annonces se multiplient autour de cette nouvelle norme, aussi bien du côté des fabricants de puces (Intel, Qualcomm et Marvell) que de routeurs (ASUS, D-Link, etc.). L'édition 2018 du CES de Las Vegas était l'occasion de faire parler de leurs produits.
Un calendrier d'autant plus favorable que la Wi-Fi Alliance venait d'officialiser le Draft 2.0 (un brouillon en attendant la version définitive). Une étape importante selon Intel, car il servira de base pour la certification 802.11ax. De plus, les produits respectant le Draft 2.0 seront compatibles entre eux. Le fondeur en a profité pour annoncer des puces pour des routeurs et autres passerelles Wi-Fi, sans rien de bien concret sur son stand.
Le 802.11ax est une évolution importante pour ses débits dépassant les 10 Gb/s (toujours sur les bandes de fréquences de 2,4 et 5 GHz), mais pas seulement. Il est également question d'une meilleure efficacité énergétique, prolongeant ainsi la durée de vie des batteries des terminaux mobiles, et de prendre en charge un nombre toujours plus important d'objets connectés (le 802.11ax se veut prêt pour l'IoT, exactement comme la 5G).
Mais certains ont visiblement décidé de prendre le contre-pied de la tendance actuelle et de passer par... l'infrarouge pour transmettre des données. Si les débits sont a priori loin d'égaler ceux du Wi-Fi, la portée n'est plus du tout la même, avec cette fois plusieurs centaines de mètres.
Aron veut envoyer des informations par infrarouge, jusqu'à 1 200 m de distance
L'infrarouge n'attire pas seulement les sociétés proposant de la charge sans fil (lire notre analyse). SureFire, une entreprise spécialisée dans les lampes de poche, présentait ainsi Aron (Augmented-Reality Optical Narrowcasting), ou Dora en français (Diffusion Optique ciblée à Réalité Augmentée).
Le produit utilise la lumière comme onde porteuse pour diffuser des données, exactement comme la lampe MyLiFi d'Oledcomm. Néanmoins, la solution d'Aron ne semble pas être bidirectionnelle et le principe de fonctionnement est assez proche de celui des balises Bluetooth : un objet peut envoyer des données qui seront ensuite récupérées par des terminaux compatibles.
Le fabricant met en avant plusieurs avantages à son système : une portée de 400 mètres le jour et de 1 200 mètres la nuit, une consommation « 300 fois » inférieure à celle du Wi-Fi, la possibilité de fonctionner à l'énergie solaire, la sécurité et enfin le déploiement à moindre coût sur des terminaux (sans pour autant donner de chiffres). SureFire ne dévoile pas non plus de détails sur les débits, précisant seulement qu'il est possible d'envoyer des vidéos en HD.
Au CES, la société cherchait à nouer des partenariats avec de gros fournisseurs d'accès à Internet afin de se déployer rapidement. Pour que la technologie décolle, il faut en effet que les terminaux mobiles (smartphones, portables, voitures, etc.) soient compatibles, mais aussi que des balises Aron soient déployées un peu partout afin d'envoyer des informations.
Wi-Fi 802.11ax, mesh, Alexa... ASUS tire tous azimuts avec ses différents routeurs
Après l'IFA de Berlin (lire notre compte rendu), ASUS profitait du CES pour ressortir son RT-AX88U. Ce routeur 802.11ax est capable de grimper jusqu'à 6 Gb/s (4x4 MU-MIMO). Il dispose également de 8 ports réseau Gigabit (dommage d'avoir fait l'impasse sur le 10 Gb/s). Seule nouveauté à Las Vegas pour le RT-AX88U : une date de sortie prévue pour le premier semestre de l'année, c'est vague.
Avec son Lyra Trio, ASUS propose un trio de routeurs exploitant la topologie « mesh » (ou réseau maillé) et compatible avec Alexa. Le fabricant ne donne aucune caractéristique technique, si ce n'est qu'ils sont 3x3 MIMO. Leur design particulier cache trois antennes disposées de manière à « fournir une connexion Wi-Fi impeccable à tous les coins de la maison, bannissant les zones mortes Wi-Fi »... on demande à voir. Pas de prix pour le moment, et une disponibilité prévue pour les « prochains mois », sans plus de détail.
De son côté, le Lyra Voice est un routeur Wi-Fi 2-en-1 : il fait également office d'enceinte connectée (2x 8 watts) avec là encore Alexa aux commandes. Il intègre le service de protection du réseau maison baptisé AiProtection (en partenariat avec Trend Micro). Il devrait lui aussi arriver dans les prochains mois.
Le Blue Cave, avec son design spécifique (un gros trou est présent en son centre), avait aussi fait le déplacement. Déjà présenté au Computex, il était à Las Vegas afin d'anticiper son lancement commercial. Selon le fabricant, sa particularité est de disposer d'antennes internes, tout en assurant de bonnes performances (jusqu'à 2,6 Gb/s). Comme le Lyra Trio, il est compatible Alexa, mais aussi IFTTT afin d'automatiser certaines tâches. Il est désormais en vente pour 179,99 dollars.
Pour rappel, ASUS a annoncé la mise à jour de certains de ses routeurs afin qu'ils profitent d'une topologie « mesh » : les RT-AC68U, RT-AC86U, RT-AC88U, RT-AC1900, RT-AC1900P, et RT-AC3100. Les RT-AC5300 et ROG Rapture GT-AC5300 sont, eux, en phase de test.
D-Link : routeur Wi-Fi 802.11ax, Covr tri-band
D-Link avait apporté ses routeurs DIR-X6060 (AX6000, dual band, 4x4 MU-MIMO) à 6 Gb/s et DIR-X9000 (AX11000, tri-band, 4x4 MU-MIMO) à 11 Gb/s. Dans les deux cas, le fabricant précise que le port WAN est « limité » à 2,5 Gb/s (nous aurions là encore préféré le 10 Gb/s qui commence à se répandre). Quatre ports réseau Gigabit sont également présents.
La disponibilité est prévue pour le second semestre de l'année, sans plus de précision sur les tarifs. Sur place, le fabricant n'avait pas plus de détails à nous donner, précisant simplement qu'il s'agit du « routeur du futur »...
Ce n'étaient pas les seules nouveautés de ce début d'année. À l'IFA, D-Link exposait son kit Covr-P2502 (disponible aux alentours des 200 euros) mélangeant Wi-Fi (802.11ac jusqu'à 1,2 Gb/s) et CPL (jusqu'à 1,3 Gb/s) afin de proposer un réseau Wi-Fi mesh. Depuis, deux nouvelles références sont arrivées : Covr-2202 et Covr-C1203. Malgré des noms proches, les produits sont bien différents.
Le premier prend la forme de deux modules Wi-Fi 802.11ac tri-band jusqu'à 2,2 Gb/s. La connexion entre les deux peut se faire via un câble ou un canal Wi-Fi dédié. De son côté, le Covr-C1203 comprend trois modules (dont la forme est proche de celle de galets) avec du Wi-Fi 802.11ac sur deux bandes seulement (1,2 Gb/s). Cette fois, la connexion entre eux passe par un câble réseau (Ethernet backhaul).
Dans les deux cas, ils permettent selon le fabricant d'installer un réseau Wi-Fi mesh dans votre habitation. La surface annoncée est de près de 560 m² pour le premier kit, contre 450 m² pour le second. Le Covr-2202 est également compatible avec Alexa précise D-Link.
Le kit avec les deux modules tri-band arrivera au cours du second trimestre de l'année, pour 319,99 dollars. De leur côté, les trois galets du Corv-C1203 seront disponibles d'ici fin mars pour 249,99 dollars.
Wi-Fi mesh : des versions plus abordables des Orbi de Netgear et Velop de Linksys
Comme nous avons déjà eu l'occasion de l'évoquer en détail, Netgear avait plusieurs nouveautés. En plus de routeurs 10 GbE se voulant « accessibles », il était question d'un routeur avec DumaOS pour les joueurs, de répéteurs Wi-Fi X4S et S6S avec des flux dédiés à communication avec le routeur (à mi-chemin entre sa solution Orbi et un répéteur classique) et d'une nouvelle version plus accessible d'Orbi.
Plus petit, l'Orbi Micro (RBR20+RBS20) se limite à deux ports Ethernet Gigabit par module, mais toujours avec du Wi-Fi tri-band jusqu'à 2,2 Gb/s (866 + 866 + 400 Mb/s). Annoncé à 249 euros, il aura par contre fort à faire face au RBK40 que l'on trouve régulièrement à ce prix.
Netgear n'était pas le seul sur ce segment : Linksys annonçait lui aussi un nouveau kit Velop bi-band à 1,3 Gb/s (867 + 433 Mb/s), en plus de la version tri-band à 2,2 Gb/s (867 + 867 + 433 Mb/s). Plus petit de 5 cm environ, il propose les mêmes fonctionnalités, notamment le support des réseaux mesh et la possibilité pour le module de disposer d'un flux dédié pour l'échange avec les autres éléments du réseau mesh.
Bien évidemment, il est possible de monter un réseau hétérogène avec les deux versions des Velop. Sur place, le fabricant n'avait que des « mockups » à nous présenter, pas encore le produit fini. Le modèle bi-band sera disponible au printemps en version avec un, deux ou trois modules. Les prix seront annoncés lorsque les produits arriveront chez les revendeurs. Pour le moment, il faut compter un peu plus de 300 euros pour un kit avec deux Velop tri-band à 2,2 Gb/s.
Dans le même temps, le fabricant annonce qu'une mise à jour logicielle sera disponible à partir de cet été pour l'ensemble de ses Velop. Plusieurs nouvelles fonctionnalités sont mises en avant : client Steering pour vérifier que les appareils sont bien connectés au module le plus proche, une meilleure reconfiguration du réseau mesh en cas de panne d'un des éléments, un contrôle parental amélioré et une sécurité renforcée (détection de malware, phishing, blocage de sites malveillants, etc.).
Les nouveaux Orbi / Les nouveaux Velop (devant les anciens)
Huawei WiFi Q2 : du Wi-Fi mesh avec CPL et Wi-Fi pour le backhaul
Huawei propose déjà depuis plusieurs années des kits Wi-Fi Q1, mais quasi exclusivement en Asie. Le CES de Las Vegas était l'occasion de présenter les Q2, prévus pour arriver à partir d'avril partout dans le monde. À l'instar des Velop et Orbi, il s'agit d'une solution proposant du Wi-Fi mesh, mais avec une approche un peu différente.
Deux configurations sont en effet possibles. La première consiste à utiliser une base avec un ou plusieurs satellites reliés par du CPL (basé sur la norme G.hn) jusqu'à 1 Gb/s. La seconde, baptisée Hybrid avec plusieurs bases, exploite à la fois le Wi-Fi et CPL pour le backhaul, qui peut ainsi grimper jusqu'à 1 867 Mb/s.
Le système peut gérer jusqu'à 16 modules avec un maximum de 192 appareils connectés à la fois. L'ajout de modules se veut le plus simple possible nous explique le fabricant : les informations nécessaires sont échangées via CPL. Enfin, Huawei affirme enfin que la commutation entre deux points d'accès se fait en moins de 100 ms (grâce au Wi-Fi 802.11v).
Le kit hybride avec trois bases est annoncé à 349,99 dollars, contre 219,99 dollars pour une base avec deux satellites. Des tarifs assez compétitifs face aux solutions Netgear Orbi et Linksys Velop avec le même nombre de modules. On attendra cependant les premiers tests pour comparer les performances.
À quand des kits Wi-Fi mesh performants avec une interface agréable ?
Bref, cette année le Wi-Fi mesh était bien présent sur les stands des différents fabricants de matériel réseau, mais sans pour autant proposer de grosse révolution. Nous attendons toujours par exemple un savant mélange entre les performances d'un Orbi, avec une finition d'interface dans la lignée de celle de Google Wifi. Interrogés sur le sujet, Netgear et Linksys nous expliquent ne pas être en train de travailler sur de nouvelles interfaces pour le moment.
Les constructeurs semblent avoir néanmoins compris que leurs solutions mesh étaient certes performantes, mais souvent trop chères pour le grand public. L'arrivée de kits plus accessibles est une bonne chose pour le consommateur. Il en est de même avec les nouveaux concurrents comme Huawei ayant décidé de se lancer dans l'aventure.
Autre tendance du salon, l'ajout d'un assistant numérique dans les routeurs Wi-Fi, notamment chez ASUS. Alexa d'Amazon est le grand gagnant de cette année dans ce domaine, même si l'on préférerait que les fabricants laissent le choix à leurs clients d'opter pour un autre assistant s'ils le souhaitent.
Du côté du Wi-Fi 802.11ax, les premiers produits sont là, mais de manière assez timide pour le moment ; il faut dire que le Draft 2.0 vient seulement d'arriver. Néanmoins, comme ce fut le cas avec le Wi-Fi 802.11n, ce brouillon devrait permettre l'essor de davantage de produits 802.11ax, interopérables entre eux. Peut-être que les prochaines éditions du MWC et du Computex seront l'occasion de découvrir des produits concrets.