[Critique geek] After Earth : l'ennui

En fait, Very Bad Trip 3 n'était pas si raté

Lorsque l'on va régulièrement voir des films au cinéma, on passe souvent de bons moments... et parfois de mauvais. C'est la règle. Dans certains cas on s'y attend, d'autres moins. Cette critique sera donc surtout la chronique d'une déception : After Earth.

Lorsque nous avons vu la première bande-annonce d'After Earth, nous avons tout de suite pensé qu'il s'agirait d'un bon film. Il faut dire que Will Smith n'est pas un gage de gros ratés (même si on ne lui pardonne toujours pas le massacre « Je suis une légende »), que les scènes semblaient superbes à regarder et que l'on imaginait très bien que le fait de rejouer avec son fils, Jaden Smith, serait l'occasion d'une analyse intéressante de la relation d'un père pas toujours très présent avec son petit bonhomme qui lui voue un culte.

 

After Earth

 

Nous avions par contre une certaine crainte, puisque le tout était signé M. Night Shyamalan. Il faut dire que même si l'on ne peut que lui reconnaître son excellent « Sixième sens » et si le concept de « Le village » était assez intriguant, on se rappelle encore « Signes » et de « Phénomènes » qui nous avaient laissé un goût assez amer. Capable du pire comme du meilleur, qu'allait-il nous réserver ?

After Earth : lorsqu'Avatar rencontre Drive, en beaucoup moins bien

Et autant dire que dès le début, nous avons été servis. Le thème du fond du film est celui de la nature, de la Terre, de cette belle planète que nous sommes en train de détruire et de gaspiller. Le problème de ce sujet, aussi vital soit-il, est qu'il porte vite à toutes les culpabilisations faciles. Et là, bingo : la scène d'introduction tombe en plein dedans. Moralisatrice au possible, elle nous a surtout donné l'impression que l'on allait nous faire la leçon pendant une petite centaine de minutes, avec des sabots encore un peu plus gros que pour Avatar.

 

Heureusement, le scénario diffère tout de même un peu. En effet, après avoir ravagé la terre, l'Homme n'a rien trouvé de mieux que de coloniser une nouvelle planète, Nova Prime. Manque de pot, arrivée sur celle-ci il tombe sur les S'krell, une bande d'extra-terrestres qui veulent lui faire regretter d'être passé par là, et lance à ses trousses les Ursa. Ces monstres amateurs de viande fraîche ont bien entendu un défaut de conception : ils sont aveugles. Quelle chance non ? Comment font-ils pour chasser l'humain ? Ils détectent les phéromones déclenchées par sa peur.

 

After Earth

 

Mais un beau jour où le Ranger Cypher Raige (Will Smith) se fait harponner par l'un d'entre eux, il s'en tire, et ce, pour une raison simple : il avait appris à ne plus avoir peur. Cette technique est alors appelée l'effacement, puis enseignée  à tous les rangers du coin. Même si cela sent le déjà vu et les enjeux courus d'avance, l'adepte de science-fiction pourrait s'attendre à ce que l'on nous détaille un peu plus tous ces points pendant le film. Il n'en sera rien. Tout cela n'est en fait qu'un prétexte pour placer quelques rares personnages dans une histoire, imaginée par Will Smith, mais dont le scénario semble assez léger, sans parler des dialogues entre les personnages.

Un scénario trop léger qui va vous faire passer pour un devin

Le script doit en effet tenir dans à peu près autant de lignes que celui de Drive... et l'on retrouve d'ailleurs dans le manque d'expression faciale du père comme du fils un déficit que l'on connaît. Mais comme l'a fait remarquer notre geekette de service : n'est pas Ryan Gosling qui veut. Le second aspect que l'on découvre assez rapidement est celui de cette famille, déchirée par la mort de son unique fille, tuée par un Ursa. Protégeant son petit frère, elle n'a pas pu s'effacer et le petit dernier ne pourra jamais se le pardonner. Il grandit alors avec une mère protectrice, un père absent qui lui sert de modèle et veut tout faire pour devenir à son tour un ranger exemplaire : mon père, ce héros.

 

Mais il n'y parvient pas, trop pressé, trop plein de haine, le jeune padawan ne peut évoluer jusqu'à la sérénité qu'il a besoin d'atteindre. Vous le voyez venir ? Eh oui : papa rentre à la maison, décide de finalement accorder un peu d'attention à son fils, mais patatras leur vaisseau fini par se crasher... sur Terre.

 

After Earth

 

Là encore, on aurait pu imaginer une série de combats en duo impressionnants, un rite initiatique père / fils qui fait dans l'introspection des personnages, un rythme qui va crescendo jusqu'à un dénouement - soyons fous - que nous n'aurions pas pu voir venir. Eh bien non. Tout est prévisible de bout en bout, et la seule surprise est à l'origine d'un rythme lent qui ferait passer les feux de l'amour pour une réussite sous LSD : père et fils se retrouvent seuls, le premier dans l'impossibilité de bouger, le second avec le devoir de sauver tout le monde.

La terre, cette planète aussi dangereuse que le Zoo d'Amnéville

Et le manque total d'idée du scénariste ne permet pas au jeune Kitai Raige de montrer de quoi il est capable. Il se retrouve sur une planète qu'on nous décrit comme dangereuse, mais ne rencontre que quelques félins, une bande de singes mais ne manquera de mourir que pour les raisons les plus bêtes du monde. Les quelques rares scènes d'actions s'enchaînent lentement, sans jamais surprendre et l'un des moments les plus importants, qui se veut digne d'un Matrix où Neo se réveille en voyant tout le monde en symbole vert est tout simplement risible. Trois scénaristes et un budget de 130 millions de dollars pour un tel résultat, il y a de quoi avoir mal au cœur.

 

After Earth

 

Mais pour autant, tout n'est pas à jeter dans After Earth. Tout d'abord, les images sont superbes, et l'on imagine que la majorité des dépenses a été placée sur les effets spéciaux. Le vaisseau, les interfaces présentées sont au rendez-vous, et aucun sponsor envahissant ne semble de la partie. Le sabre utilisé par les rangers, et ses multiples formes, est aussi une bonne idée. Même si l'on se pose encore quelques questions sur l'espèce de tissu blanc qu'utilisera l'humanité à toutes les sauces dans le futur, le reste nous semble plutôt réussi et bien léché.

 

Si vous n'êtes pas trop regardant sur les qualités d'un scénario, que vous aimez les réussites visuelles et que la moralisation sur l'état de la planète ne vous donne pas directement de l'urticaire, vous apprécierez sans doute ce film. N'y allez pas par contre pour voir Will Smith au meilleur de sa forme ou pour le jeu des acteurs. Ceux-ci ne doivent pas être plus de 20 en comptant les figurants et seul le duo de choc a droit à plus de 10 lignes de texte.

 

D'After Earth, nous attendions sans doute trop de choses et, au final, nous n'avons obtenu qu'un mélange un peu raté entre différentes histoires que l'on nous avait déjà bien mieux racontées. Dommage. Notez néanmoins que vous pourrez aller faire un tour sur le site After Earth Decay, mis en ligne en parallèle du film.

 

À l'heure où nous écrivons ces lignes, il récolte une note de 2,8 chez Allociné et de 4,6 chez IMDb. Il sera disponible d'ici quelques mois en Blu-ray et en DVD.



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