Alors que l’enquête se poursuit après la perquisition survenue cette semaine chez le responsable du populaire site de téléchargement direct belge « RedList-Ultimate », un enseignant-chercheur français vient de publier un billet de blog dans lequel il partage son point de vue sur cette affaire. Un véritable coup de gueule.
Olivier Ertzscheid est enseignant-chercheur en Sciences de l'information et de la communication. Ce maître de conférence travaillant actuellement à l'université de Nantes a visiblement mal digéré que RedList-Ultimate ait été contraint de retirer en début de semaine tous les liens de téléchargement direct qu’il proposait jusqu’alors. Pourquoi un tel fermé de rideau ? Selon nos informations, le responsable de ce site a été visé par au moins une plainte, émanant de la Belgian Anti-piracy Federation. Une perquisition a été effectuée mardi matin à son domicile, et le ministère public belge continue de mener l’enquête.
« S'attaquer à Redlist sans s'attaquer aux sites réellement hébergeurs est à peu près aussi efficace et censé que d'enlever les panneaux de signalisation routiers en espérant ainsi éradiquer les excès de vitesse » tonne aujourd’hui Olivier Ertzscheid dans un long billet de blog. Et encore, l’intéressé doute de l’efficacité d’un nouveau tour de vis sur les hébergeurs de fichiers, notamment au regard des conséquences de la fermeture de MegaUpload, survenue en janvier 2012. Il ressort au passage un argument connu : « Plusieurs de ses prédécesseurs [de RedList, ndlr] ont également été contraints de fermer, et il n'a jamais fallu plus de 6 mois avant que n'émerge un nouvel avatar ».
L’enseignant se tourne alors vers Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture. « Plutôt que de cramer des millions d'euros du contribuable en financement d'Hadopi-qui-sert-a-rien ou en études diverses sur les attentes des usagers sur les pratiques culturelles à l'heure du numérique », Olivier Ertzscheid invite la locataire de la Rue de Valois à consulter les centaines de commentaires laissés par les utilisateurs de RedList suite au retrait des liens par le responsable du site. Ces derniers, tempête-t-il en direction de la ministre, disent « TOUT sur lesdites attentes et te fourniront en outre un précieux, légal et gratuit cahier des charges pour ce que toi et tes prédécesseurs auraient dû mettre en place il y a déjà 10 ans » a-t-il lancé avant d’égrener une minutieuse synthèse de ces arguments.
« Le web n'a jamais tué quelque industrie que ce soit. Et surtout pas ces "industries culturelles". Le web ne tuera pas la culture. Ni la musique. Ni le cinéma. Ni la littérature. Ni les libraires. Ni les 2BE3. Par contre le web a tué le temps » prévient le maître de conférences. Et ce dernier de demander à Aurélie Filippetti de transmettre aux ayants droit le message suivant : « Ils auront beau reterritorialiser [le Web] à outrance, remettre en place des frontières, des proxys, des blacklists, ils n'auront jamais de prise sur le temps si particulier qu'est celui du média qu'ils combattent au lieu d'essayer de le comprendre ».
Le billet de blog n’a pas échappé aux administrateurs de RedList, qui l’ont depuis partagé sur leur site avant d’inviter les internautes à le transmettre in extenso par mail à deux agents travaillant au ministère de la Culture.