Le marché du jeu vidéo à un tournant de son histoire ?

Et pas forcément bon

Confinés tout d'abord aux bornes d'arcades puis aux ordinateurs et aux consoles, les jeux vidéo ont depuis conquis de nombreux autres types de plateformes, notamment sur les téléphones, les tablettes et internet. Mais depuis quelque temps, le secteur vit une période délicate, que ce soit au niveau des ventes de la Wii U, du moindre succès des jeux sociaux ou encore des caractéristiques de la Xbox One qui font crisser quelques dents sur des sujets délicats.

Xbox One Kinect

Consoles de salon : n'oublions pas le jeu

Le monde des consoles de jeux vidéo est un secteur cyclique. Chacun sait qu'il a ses périodes. Au cours de l'année, les mois de novembre et décembre sont propices à d'excellentes ventes. Des ventes qui oscillent grandement en fonction de l'approche ou de l'éloignement d'une nouvelle génération de consoles, d'une forte baisse de tarif ou de l'arrivée de jeux majeurs. Si cet ancien modèle existe encore, nous pouvons néanmoins nous demander si nous n'assistons pas à un tournant. C'est tout du moins une question que nous pouvons nous demander à quelques jours de l'E3 et de la diffusion de plus de détails sur la PlayStation 4, qui sonnera enfin le véritable top départ de la guerre des consoles de nouvelle génération, en attendant leurs disponibilités à la fin de l'année.

 

Pour le moment, les ventes de la Wii U sont décevantes et en-deçà des prévisions de Nintendo. Mais ce n'est pas forcément une catastrophe pour la firme japonaise. Non seulement ses 3DS s'écoulent comme des petits pains (après des débuts difficiles), et Nintendo a déjà connu des périodes délicates avec sa console de salon, à l'époque de la Gamecube par exemple. Il y a toutefois certains signes d'inquiétude à prendre en compte. Tout d'abord, les éditeurs ne semblent pas se bousculer au portillon pour développer sur Wii U. L'épisode Electronic Arts en est le meilleur exemple. Ajoutons que Nintendo a du mal à se renouveller et s'il arrivera certainement à contenter les fans, il n'est pas certain que l'exceptionnelle carrière de la Wii puisse être rééditée. N'oublions pas aussi que Nintendo a réalisé l'an passé des pertes (une première depuis 1980) et que sa santé financière reste fragile, d'autant plus s'il revoit à la baisse ses tarifs.

Le 13 août 2011, nous nous demandions dans un édito si Nintendo ne devait pas pour survivre élargir ses horizons et accepter de vendre ses fameuses licences sur d'autres plateformes, notamment sur smartphones et tablettes. Deux ans plus tard, la question se pose toujours. Si les ventes de 3DS ont retrouvé des couleurs grâce à une baisse de tarifs conséquente, les débuts de la Wii U pourraient faire réfléchir Nintendo, même si un abandon d'exclusivité de licences phares demande logiquement des années de réflexion tant l'impact peut être gigantesque. Mais quand on voit les centaines de millions de smartphones et tablettes Android et iOS qui s'écoulent, on peut se dire que Nintendo doit forcément réfléchir dans un coin de sa tête.

 

Reste que si les ventes de la Wii U dépendent avant tout d'elle-même et de son attrait, elles dépendent aussi de la concurrence. Or en attendant cet E3, que nous a-t-elle offert ? Un Sony qui dévoile une faible partie de la PlayStation 4 sans trop en dire, nous laissant sur notre faim, et un Microsoft qui nous présente sa console comme une vulgaire machine multimédia (TV, social, etc.), à en oublier presque qu'à la base, elle est censée être une console de jeux vidéo... pour jouer.

La question centrale de l'occasion 

À trop vouloir contenter le grand public et à viser large, il ne faudrait pas se bruler les ailes. Et le public pourrait bien se rendre compte de la supercherie. D'autant plus que des sujets critiques commencent à émerger. Si la question de l'espionnage de Kinect a été évacuée par Microsoft cette semaine, la société a par contre renforcé les inquiétudes des joueurs quant à la revente de jeux, les éditeurs ayant tout pouvoir sur leurs titres. De quoi imaginer les pires scénarios. La question de la mort de l'occasion est désormais sur toutes les lèvres. Si auparavant, le sujet se posait en fonction de la politique des éditeurs ou des achats en ligne, avec la Xbox One, nous pourrions atteindre un niveau bien supérieur.

 

Pour le moment, cette mort de l'occasion n'est qu'une crainte. Mais comme nous l'expliquait parfaitement un propriétaire de boutique de jeux vidéo en octobre dernier, la mort de l'occasion, c'est la mort des magasins. En effet, les marges sur les consoles et les jeux neufs sont minimes (sauf exception), l'essor du dématérialisé fragilise déjà les boutiques, sans compter les bons tarifs sur Internet, notamment à l'étranger. Les boutiques misent donc sur l'occasion pour accroître leur chiffre d'affaires et surtout leurs marges, indispensables pour survivre. « Sa fin pure et simple (de l'occasion, ndlr) signifierait la mort des magasins dans le contexte actuel » nous résumait-on à l'époque.


Et outre anéantir de nombreux magasins, surtout les indépendants, la question de l'occasion risque aussi de peser sur les clients eux-mêmes. Si certains joueurs ont l'habitude de se procurer les jeux neufs, d'autres sont plus patients et préfèrent attendre quelques semaines voire plusieurs mois pour obtenir un jeu deux à trois fois moins cher. Si les rumeurs les plus négatives venaient à se confirmer, elles raviront certainement les éditeurs qui rêvent depuis longtemps de supprimer l'occasion, cette concurrence déloyale qui ne leur rapporte rien (à leurs yeux), mais cela repoussera surtout de nombreux joueurs.


SimCity DLC Nissan

Mes si chères DLC, attention aux abus

Ah les DLC, ces contenus téléchargeables qui font tant polémiques. Encore rares il y a quelques années, ils se sont multipliés, que ce soit sur console et PC. Et qu'ils soient gratuits ou payants, ils posent parfois problème (pas toujours bien heureusement). Quand ils sont gratuits, cela signifie ainsi parfois que le jeu vendu d'origine est incomplet et/ou totalement buggé, ce qui est un scandale en soi, mais n'est pas du tout nouveau. Et quand ils sont payants, si certains DLC valent le coup (ne généralisons pas), d'autres méritent bien d'être caractérisés comme une arnaque tant le contenu est pauvre pour un prix abusif. Sans même parler des techniques visant à contrecarrer l'occasion en proposant le DLC uniquement au premier détenteur du jeu (neuf).

 

Bien sûr, rien n'oblige à se procurer les mauvais DLC et finalement, si des pigeons sont prêts à payer pour une pauvre amélioration, c'est leur problème après tout. Ce système n'en reste pas moins dangereux lorsqu'il est mal exploité, et surtout, il pousse certains éditeurs bien connus à fournir de base des jeux avec un intérêt limité, forçant ainsi les joueurs à se jeter sur les DLC disponibles dès la sortie du jeu pour les plus pervers des éditeurs. Ces derniers feraient donc bien de prendre garde à ne pas abuser de la patience et du portefeuille des joueurs... 

Ouya yaille

On ne parle que d'elle depuis l'an dernier et sa levée de fonds record sur Kickstarter. Alors que les créateurs de cette console sous Android cherchaient à obtenir 950 000 dollars, ils ont finalement récolé 8,6 millions de dollars. Une somme impressionnante qui a donné des ailes à la société californienne, qui a revu à la hausse ses prétentions.

 

OUYA

 

Ouya, disponible à partir de 99 dollars (avec une manette) d'ici quelques semaines, n'est pas un petit projet sans envergure. Outre-Atlantique, des géants comme Amazon, Best Buy, Target et même GameStop proposent déjà en précommande la console. 133 jeux et applications seront disponibles dès le lancement de la console et bien d'autres devraient arriver par la suite. Cela suffira-t-il pour convaincre les joueurs voire à concurrencer les mastodontes du secteur ? La question peut se poser.

Les smartphones et tablettes, compléments ou concurrents ?

Si Ouya a vu le jour, c'est bien parce que l'essor du jeu vidéo sur smartphone et tablette est une réalité. Bien moins coûteux et longs à réaliser que les grands jeux sur PlayStation et Xbox, les jeux sur smartphone et tablette sont aussi vendus beaucoup moins cher. Cela attire ainsi un très grand nombre d'acheteurs potentiels, qui n'ont que quelques centimes d'euros ou au pire des cas une poignée d'euros à dépenser pour obtenir un jeu, dont la durée de vie est d'ailleurs parfois supérieure à certains jeux PC et consoles.

 

Mais la grande force des smartphones et des tablettes, c'est bien le nombre potentiel d'acheteurs. Aujourd'hui, le nombre de personnes détenant une 3DS, une Wii / Wii U, une Xbox 360 et une PS3 est inférieur aux détenteurs d'un appareil sous Android ou iOS. Si ces derniers ne sont pas tous joueurs, contrairement aux possesseurs de consoles, il n'empêche que certains éditeurs arrivent à écouler leurs jeux par dizaines de millions d'unités. Des chiffres qui font rêver les éditeurs de jeux sur PC et consoles, même si bien sûr, les tarifs ne sont pas les mêmes (tout comme les coûts de développement cela dit).

 

L'explosion des jeux mobiles, en particulier sur iOS et Android, est évidemment une bonne chose pour le secteur, bien que les boutiques de jeux vidéo n'en profitent aucunement. Mais il sera surtout intéressant de savoir si ces nouvelles plateformes ne serviront que de compléments ou si un jour des joueurs se poseront sérieusement la question un jour : « pourquoi acheter une console (portable ou même de salon) alors que j'ai mon smartphone et ma tablette ? ». Là encore, le sujet mérite et méritera d'être posé sur la table, car cela pourrait avoir des conséquences importantes pour certains constructeurs et éditeurs.

 

the ville zynga

Les jeux sociaux en crise, mais attention au rebond 

Outre les jeux sur tablettes et smartphones, ceux qui ont explosé sont bien ceux sur les réseaux sociaux. De très nombreuses sociétés à travers le monde créent des jeux dédiés aux réseaux sociaux, et cela représente plusieurs milliers d'emplois. Néanmoins, après l'euphorie de ces dernières années, ces derniers temps semblent plus difficiles. Le géant Zynga souffre comme jamais, au point de licencier massivement, de fermer des studios, et d'arrêter de nombreux jeux. Ajoutons qu'Electronic Arts, qui s'est engouffré dans le marché ces dernières années, n'est pas non plus à la fête.

 

Cela signifie-t-il pour autant que la bulle des jeux sociaux a éclaté et que ce marché restera sans importance ? Cela serait tirer des conclusions bien hâtives. Certes, Google+ n'a, semble-t-il, pas réussi à attirer les joueurs sur sa plateforme et Facebook est bien le seul réseau social représentatif. Et justement, le leader du marché n'a pas caché en début d'année qu'il comptait améliorer grandement la qualité de ces titres afin d'attirer de « vrais » joueurs. Cela peut paraître anodin, mais c'est en fait une véritable révolution qui pourrait arriver si Facebook arrive à atteindre son but. Historiquement, les titres sur les réseaux sociaux ont une image de petits jeux plutôt dédiés aux joueurs du dimanche. On ne retrouve ainsi pas de FPS ou de RTS sur ce type de plateforme. Mais dans un futur très proche, cette situation pourrait changer.

 

Là encore, à l'instar des tablettes et des smartphones, le potentiel est immense. Facebook, c'est près de 250 millions de joueurs pour le moment, et près d'un milliard potentiel. Avec l'arrivée de jeux plus développés, qui sait comment le marché peut évoluer et surtout comment les joueurs réagiront ? Là encore, prendre en compte cette évolution est une question majeure.

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