Intel commence à préparer le terrain pour la mise en place de la « phase 2 » du lancement de ses puces Kaby Lake (Processeurs Core de 7ème génération). L'occasion de faire le point sur cette nouvelle gamme et sur ce que prépare AMD depuis quelques mois.
Tout comme le secteur des cartes graphiques, celui des processeurs a été marqué ces derniers mois par des lancements relativement découpés, à l'arrière-goût de marketing. La raison ? Les constructeurs ne semblaient pas forcément prêts à dévoiler toutes leurs nouveautés et ont décidé de faire durer le plaisir.
Ils ont ainsi multiplié les présentations, communiqués de presse et autres effets d'annonces. Mais dans la pratique, on a vu assez peu de produits débarquer sur le marché. Tout pourrait changer d'ici le début de l'année prochaine. Il est donc temps de procéder à un petit bilan.
Kaby Lake : de nombreuses annonces, peu de produits
Commençons par les processeurs Core de 7ème génération (Kaby Lake), qui ont été officialisés par Intel il y a trois mois, peu après l'IDF de San Francisco. En effet, le géant de Santa Clara ne voulait pas que les yeux se tournent sur autre chose que ses annonces autour de la réalité virtuelle, les drones et autres puces destinées à l'IoT. Il a donc laissé deux petites semaines séparer les deux « évènements ».
Dans un premier temps, seules les puces pour ordinateurs portables avec deux cœurs et un TDP de 4,5 à 15 watts ont été annoncées. Elles sont depuis proposées à travers quelques machines disponibles sur le marché chez différents constructeurs, mais sont loin de représenter le gros de l'offre.
Ce lancement a rapidement été suivi par l'annonce (discrète) d'autres puces d'entrée de gamme exploitant l'architecture Goldmont en 14 nm : Apollo Lake (Atom, Celeron et Pentium). Mais quid des modèles pour PC de bureau destinés à remplacer les Pentium, Core i3, i5 et i7 avec un socket ?
Lors de notre passage au Computex en juin dernier, il nous avait été confirmé par de multiples sources que rien ne bougerait avant la fin de l'année. Il fallait alors s'attendre à une officialisation en grandes pompes au CES. L'objectif était pour Intel de faire patienter tout le monde, et notamment les partenaires, avec l'annonce de la mise à jour des cartes mères actuelles (voir ici ou là).
AMD multiplie les annonces autour de Bristol Ridge, pas les produits
Il faut dire que la pression ne se fait pas trop forte du côté de la concurrence. Car si AMD a aussi multiplié les NDA, les conférences et les annonces ces derniers mois, rien de bien concret n'en est réellement sorti. Là aussi, procédons à un petit retour en arrière.
Lors du Computex, nous avions eu droit à un « lancement » des processeurs Bristol Ridge et Stoney Ridge pour ordinateurs portables, sans qu'AMD ne livre trop de détails. Car l'objectif était surtout d'annoncer des puces « de 7ème génération » (série 9000) avant qu'Intel ne lève le voile sur Kaby Lake. Pour rappel, il s'agit de puces gravées en 28 nm, exploitant des cœurs de la génération Excavator.
Dans la pratique, nous n'avons depuis pas vu une foule de modèles exploitant ces puces arriver sur le marché français. Seuls des modèles de la génération 7000 ou 8000 semblent actuellement proposés de manière importante. Si AMD ne propose pas de son côté un catalogue de références adapté à notre marché (voir la version US), nous avons épluché le catalogue de plusieurs marques et revendeurs afin de voir ce qu'il en était.
Lenovo et HP sont le plus souvent cités comme partenaires des lancements du constructeur. Le premier ne propose pas de références avec des CPU signés AMD sur son site français. C'est le cas du second, qui ne semble avoir qu'une référence à son catalogue, exploitant une puce A9-9410 : le ProBook 455 G4.
Le socket AM4 fantôme
Début septembre, c'était au tour du socket AM4 de faire parler de lui. Il était là encore question de Bristol Ridge, mais à travers l'annonce de puces pensées pour les ordinateurs de bureau. Un élément important puisque ce socket apportait de nouveaux chipsets A320/B350, le support de la DDR4, de l'USB 3.1 Gen 2, du PCIe 3.0 et une rétrocompatibilité avec les très attendues puces de la génération Zen (Summit Ridge).
On nous annonçait alors la mise sur le marché globale de « Nouvelles machines de joueurs de cœur de gamme et adaptées à l'eSport exploitant les processeurs de la Série A de 7ème génération d'AMD ». Tout un programme. Mais une subtilité se cachait dans ce communiqué : cette annonce ne concernait que les OEM. Ainsi, HP et Lenovo étaient les seuls à pouvoir mettre sur le marché des machines exploitant l'une de ces puces.
Près de trois mois plus tard, force est de constater que celles-ci ne se multiplient pas sur le marché. De notre côté, nous avons seulement trouvé le HP Pavilion 510-p132nf à base d'A8-9600. Ce « lancement » sera suivi par celui des puces « Pro » de 7ème génération, un peu moins d'un mois plus tard. Là, nous n'avons trouvé aucun modèle sur le marché français.
Depuis, la mise sur le marché de l'AMD ne s'est pas étendue au-delà des OEM. Il est ainsi toujours impossible de trouver une carte mère ou un processeur l'exploitant chez les revendeurs.
Attendu au départ pour mars, ce socket aura donc connu bien des déboires. Et si plus récemment, certains espéraient voir les premières annonces en octobre dernier, nous n'en sommes toujours qu'à une phase où l'on doit se contenter des premières photos et fuites de cartes à base d'AM4 et de X370.
Zen... restons Zen (en attendant 2017)
Autant dire que cela n'est pas vraiment de nature à rassurer concernant le lancement des puces de nouvelle génération Zen. Là aussi, AMD a multiplié les annonces, notamment les détails concernant l'architecture. Trois NDA se sont ainsi suivis en août, en septembre puis en novembre afin de faire monter la sauce.
Mais aux dernières nouvelles, aucun exemplaire de test n'est attendu dans les rédactions, ce qui fait s'éloigner l'espoir d'un lancement en 2016, ce qui serait confirmé par les dernières roadmaps internes. Certes, fuites et benchmarks se multiplient çà et là depuis quelques mois, mais rien concernant une date de lancement.
Si de prochaines annonces (GPU) d'AMD pourraient être l'occasion de « teaser » sur Zen, il faudra semble-t-il plutôt espérer du nouveau à l'occasion du CES de Las Vegas, avec une disponibilité quelques semaines plus tard.
Seul élément concret, dans un email récent envoyé aux journalistes, AMD disait se préparer pour un lancement « du nouveau CPU “Zen” haute performance au courant du 1er semestre 2017 ». Il était alors question des versions pour serveurs, qui sont effectivement attendues pour un peu plus tard dans l'année, tout comme les APU (Raven Ridge).

Kaby Lake pour ordinateur de bureau : rendez-vous au CES
Sans surprise, Intel prévoit donc une mise sur le marché de Kaby Lake assez... « cool ». La stratégie de cette « Phase 2 » est connue depuis l'été, mais quelques nouveaux éléments viennent d'être officialisés dans un billet de blog. Le mois de janvier sera celui du début des hostilités, mais tous les produits ne seront pas dévoilés à ce moment-là.
Le géant de Santa Clara rappelle au passage les grandes lignes de ce qui fera l'intérêt de cette 7ème génération selon lui : un rapport performances par watt légèrement amélioré à TDP constant, un support plus complet de la 4K Ultra HD (HEVC 10-bit, VP9), et une efficacité dix fois supérieure à celle... d'un processeur Core de 1ère génération (sans précision sur la référence, sous SYSMark 2014).
Lors d'un échange organisé il y a quelques jours, on retrouvait de chiffres qui avaient déjà été évoqués lors du lancement des versions pour ordinateurs portables : 12 % et 19 % de gain dans des applications de productivité et un usage web entre un Core i7-6500U et un Core i7-7500U. Attention, la fréquence maximale de la puce passe de 3.1 GHz à 3.5 GHz, soit un gain de... 13 %.
Pour rappel, certains autres éléments avaient été mis en avant par la société lors de ses précédentes annonces comme l'amélioration de la gravure 14 nm (qui gagnait un « + »), du Turbo ou encore sur les performances du module de compression vidéo. Bref, il sera intéressant de creuser dans la pratique ce qui distingue vraiment cette nouvelle série de puces, et la cohérence de sa gamme, tant au niveau des fonctionnalités que des tarifs.
NUC et processeurs « K » : il faudra être patients
Intel indique d'ailleurs que la phase 2 sera l'occasion de voir arriver sur le marché de nombreuses références avec vPro, capables d'exploiter sa solution Intel Authenticate. On devrait aussi voir enfin arriver les premières cartes mères avec des chipsets de la série 200 (celles avec un chipset de la série 100 seront assez largement compatibles via une mise à jour du BIOS/UEFI). Mais l'on notera surtout que certains produits ne seront pas prêts tout de suite.
En effet, le billet de blog confirme que les processeurs « K » sont attendus pour « début 2017 », alors que les NUC (vPro ou non) arriveront seulement plus tard dans l'année. Pour rappel, le contenu d'une partie de la gamme Kaby Lake « Desktop » avait été dévoilé par erreur dans une PCN (Product Change Notification) le mois dernier, ce qui a été depuis comblé par quelques fuites.
Kaby Lake : une génération vite oubliée ?
Il sera alors temps de préparer la suite. Intel semble d'ailleurs bien décidé à aller vite, mais aussi à largement complexifier ses plans pour l'année à venir. En effet, si Cannon Lake et le 10 nm arriveront sans doute d'ici le dernier trimestre 2017 pour le marché des ordinateurs portables (Y et U) , le reste de la gamme nécessitera un peu d'aspirine.

Car peu avant, Gemini Lake pourrait venir remplacer Apollo Lake sur l'entrée de gamme mobile. Coffee Lake devrait de son côté venir se positionner sur le haut du panier (U et H) courant 2018 (plutôt à l'occasion de la rentrée selon les dernières rumeurs), mais en 14 nm.
Il sera en effet sans doute trop tôt pour passer une telle puce en 10 nm, d'autant que cette gamme sera l'occasion d'introduire les premiers modèles à six cœurs de ce segment de marché.
Pas mal de mouvement dans la gamme « X »
Sur le desktop (S et X), la prochaine étape est le renouvellement du très haut de gamme. Il semblerait que Kaby Lake-X et Skylake-X occupent le terrain dès la mi-2017.
Selon les informations publiées par Benchlife, le premier sera composé de quatre cœurs, contre six à dix pour le second. Dans tous les cas c'est un socket R4 (LGA 2066) qui sera exploité, avec des caractéristiques relativement différentes d'une puce à l'autre. Ils devraient ensuite être remplacés par Coffee Lake-X, dans le courant de 2018.