AMD a finalement décidé d'intervenir publiquement afin de répondre aux questions qui se posent concernant le fonctionnement de ses puces Ryzen sous Windows. L'occasion d'annoncer l'arrivée du patch pour avril et de parler des températures relevées.
La semaine dernière, nous évoquions les différents problèmes relevés sur les processeurs Ryzen d'AMD sous Windows 10, le scheduler de ce dernier étant alors désigné comme principal coupable. Il était question de l'arrivée d'un patch diffusé par Microsoft.
Scheduler de Windows 10 : merci, mais tout va bien
La société ayant d'ailleurs reconnu publiquement à travers le compte Twitter de son support être attentive à ce sujet, sans vraiment aller plus loin :
@audiemmm A new high-end processor means new bugs to neutralize⚔️⚔️⚔️! We'll look into this and provide information in future updates.
— Microsoft Support (@MicrosoftHelps) 8 mars 2017
Si AMD n'avait pas répondu directement à nos différentes questions, qui étaient celles de nombreux autres journalistes, la société est finalement revenue de manière détaillée sur le sujet via la mise en ligne d'un billet sur son blog dédié à l'univers du jeu vidéo. C'est Robert Hallock, en charge du marketing technique de la marque, qui s'y exprime.
Après être revenu plutôt brièvement sur les deux dernières semaines, il a évoqué quatre points qui font débat sur le fond. Trois d'entre eux sont directement reliés puisqu'il s'agit du Simultaneous Multi-threading (SMT), de la gestion des threads et de la gestion du couple tension/fréquence de la puce.
Et autant dire que les propos de la marque ont de quoi... déstabiliser. Hallock commence en effet par indiquer que, selon les résultats des tests menés par AMD, le scheduler de Windows 10 « fonctionne normalement avec Zen, et nous ne pensons pas qu'il y ait un problème dans la façon dont il gère la configuration physique ou logique de l'architecture ».
Pour les relevés au niveau des cœurs et des caches effectués avec Coreinfo, il précise qu'ils étaient erronés parce qu'effectués avec d'anciennes versions de l'application. Cela n'est pas le cas avec la 3.31 qui date de 2014.
Hallock indique que ses équipes n'ont pas relevé de différences de performances entre le fonctionnement du scheduler de Windows 7 ou de Windows 10, et que les écarts éventuels sont plus à rechercher dans l'architecture différente des deux OS. L'idée d'un patch pour Windows est-elle abandonnée ? Non, il arrivera dans la première semaine du mois d'avril.
Un patch en avril pour améliorer la gestion de l'énergie
Mais celui-ci se focalisera, comme annoncé au départ par AMD, sur les paramètres de gestion de l'alimentation au sein de Windows 10. Pour rappel, la société recommande pour le moment de se placer sur Performances élevées, ce qui avait soulevé de nombreuses interrogations.
Elle avait au départ évoqué une gestion plus réactive de la fréquence du processeur via ce paramètre, améliorant les performances. Nos confrères d'Hardware.fr avaient pour leur part soulevé des arguments du côté du Core Parking (la mise en veille de certains cœurs), un point évoqué par AMD lors de son AMA sur Reddit, sur lequel ils sont ensuite revenus.
Finalement, Hallock confirme que c'est l'un des éléments qui a justifié ce choix : « Les cœurs inactifs sont disponibles instantanément pour la gestion des threads, alors que le mode Utilisation normale place les cœurs inactifs dans un état de veille assez agressif. Cela peut ajouter de la latence lors de leur changement d'état lorsqu'il s'agit de s'adapter à des charges variables. »
Le patch qui sera diffusé en avril permettra d'avoir un fonctionnement plus adapté en mode Utilisation normale, à la manière de ce que l'on trouve déjà avec d'autres processeurs.
Performances : AMD travaille avec les développeurs
Sur le terrain des performances de manière plus générale, et notamment dans les jeux, Robert Hallock n'apporte pas vraiment de réponse. Il ne parle d'ailleurs jamais dans son billet des résultats en retrait par rapport à une solution Intel dans une telle situation, alors que les joueurs étaient clairement une cible de choix pour la communication d'AMD.
À l'inverse, il est revenu sur la question de l'impact du SMT ou de la bonne gestion de l'architecture Zen dans différents cas, mais seulement pour répéter la position de la société depuis le départ : des optimisations sont parfois nécessaires pour que des applications tirent parti des possibilités des puces Ryzen.
AMD travaille à la mise en place de ces optimisations, notamment en ayant fourni 300 kits de développement. Hallock précise que ses équipes « ont déjà identifié des modifications simples qui peuvent améliorer les façons dont un jeu perçoit la topologie des cœurs et du cache de Zen, et nous allons fournir des informations à la communauté dès que nous serons prêts ». Bref, attendez-vous à des mises à jour et à des gains, mais sans doute pas à une révolution.
La question des températures relevées
Dernier point évoqué, même s'il a moins fait de bruit ces derniers jours : celui de la température des processeurs Ryzen. En effet, lors des premiers tests du R7 1800X tout le monde a relevé des chiffres relativement élevés. Mais un simple contact de la main avec le ventirad suffisait à se rendre compte qu'il n'en était rien.
UEFI et applications renvoyaient la même information, mais ici aussi il semble y avoir eu un « bug ». Non pas dans le processeur, mais plutôt dans la communication d'AMD avec les développeurs et fabricants de cartes mères.
Hallock explique que la température principale d'une puce Ryzen est nommée T Control ou tCTL. Elle est calculée à partir de la température de jonction (Tj), qui correspond à celle relevée entre le die et le heatspreader. Dans certains cas, notamment les R7 1700X et 1800X, il y a une compensation (offset) mise en place afin « d'assurer une gestion des ventilateurs cohérente ». Et c'est là où le bât blesse.
La cohérence selon AMD, c'est de rajouter 20°C de manière arbitraire aux modèles « X », de quoi faire se déclencher plus rapidement le système de refroidissement, sans doute pour s'assurer qu'ils disposent d'une ventilation efficace. Problème, l'information remontée à l'utilisateur est alors erronée.
« À court terme, les utilisateurs peuvent soustraire 20°C afin de déterminer la température de jonction de leur Ryzen 7 1700X/1800X. Pour les R7 1700, aucun calcul n'est nécessaire » précise Hallock qui indique qu'à plus long terme, un travail avec les développeurs sera là aussi nécessaire. Mais peut-être aurait-il été simplement bienvenu de détailler ces éléments en amont du lancement des puces.
AMD : une communication tardive, chaotique mais assez ouverte
C'est d'ailleurs l'impression générale qui ressort des différentes « découvertes » de ces derniers jours concernant Ryzen. Si le lancement avait été fait de manière un peu moins précipitée et avec des informations plus complètes sur la question du Core Parking, de la gestion des températures ou même le timing de mise en place du patch de Microsoft, peut-être aurait-on évité beaucoup de discussions et de confusion. Un comble pour l'aboutissement d'un travail de plusieurs années.
On ne peut néanmoins que saluer la transparence d'AMD, qui fait ici preuve d'une réponse détaillée et publique sur les points soulevés. La société ne répond certes pas à toutes les interrogations, mais c'est un bon début, et l'on aimerait bien voir d'autres marques faire de même en pareille situation.