Cela fait maintenant deux semaines que les Ryzen 7 d'AMD ont été mis sur le marché. L'occasion de commencer à faire le point. Nous avons décidé de commencer par overclocker un Ryzen 7 1700 afin de voir s'il pouvait arriver au niveau d'un R7 1800X, près de 200 euros plus cher.
Depuis le lancement de Ryzen, nous avons surtout cherché à analyser le lancement tel qu'il a été organisé par AMD, mais aussi décortiqué la communication de la marque. Celle-ci a en effet été un peu chaotique, avant que des éclaircissements viennent sur Reddit puis via un billet de blog.
Nous avons donc eu l'occasion de commencer nos premiers tests, notamment avec un R7 1800X fourni par AMD, mais aussi un modèle R7 1700 issu du commerce. L'occasion de voir comment s'opposent ces deux petites bêtes. En effet, ils disposent du même nombre de cœurs (8C/16T) et des mêmes fonctionnalités. Seules leurs fréquences et niveau de XFR diffèrent (50 MHz pour l'un, 100 MHz pour l'autre) :
On récupère aussi un ventirad Wraith Spire (RGB) avec le modèle le moins coûteux (voir cette actualité). Pour rappel, on trouve le R7 1700 aux alentours de 370 euros, contre 560 euros pour le R7 1800X, autant dire que cette augmentation de 50 % du tarif pour 10 à 15 % de fréquence en plus en fera réfléchir plus d'un.
Quelques clics pour atteindre les 4 GHz de manière stable
Se pose alors une question : est-ce qu'il est possible d'overclocker un R7 1700 pour atteindre le niveau de performances d'un modèle 1800X ? Pour le savoir, nous avons utilisé une carte mère Crosshair VI Hero d'ASUS qui nous a été fournie par AMD (UEFI 5704 public au moment de notre test), et notre R7 1700 issu du commerce.
Notre objectif était de savoir quelle serait la fréquence que nous pourrions atteindre simplement avec ce processeur, et quelles seraient alors les différences par rapport à un R7 1800X.
Nous avons donc monté notre machine avec 2x 8 Go de DDR4 Corsair certifiée @ 3 GHz (CMK16GX4M2B3000C15), un SSD Crucial M500 de 250 Go, une Radeon RX480 Nitro 4 Go de Sapphire et un ventirad Noctua NH-U12S SE-AM4. Le tout était installé sous Windows 10 Anniversary Update (1607) à jour. L'option Performance Bias était désactivée dans l'UEFI pour nos relevés de performances.
Notre premier réflexe a été d'aller dans les profils par défaut d'ASUS et de sélectionner le mode « 4 GHz ». Et c'était plutôt efficace puisque tout s'est bien passé, la machine était stable avec le CPU à cette fréquence. Nous avons ensuite tenté de dépasser un coefficient de 40x, sans succès. Même à 40,5x nous obtenions une machine instable.
DDR4 @ 2,4 GHz « seulement »
Nous sommes alors repartis de zéro et un coefficient 40x et placé la DDR4 @ 3 GHz, mais cela ne fonctionnait pas, la machine ne voulait rien savoir. Notre limite était donc 2,4 GHz afin de garder une stabilité même après une longue période à appliquer une forte charge CPU à la machine :
Ces réglages reposent encore en grande partie sur des options « Auto », mais le but était d'avoir une première approche relativement simpliste de l'overclocking de Ryzen, comme pourrait l'envisager un utilisateur moyen.
Nous avons cherché à améliorer la gestion des tensions dans un premier temps, sans succès. Nous verrons ce qu'il en est avec de prochaines versions des UEFI qui seront mises en ligne par ASUS (la 0902 ayant été publiée ce lundi). Nous ferons aussi le point sur l'utilisation de l'outil Ryzen Master :
Quelques petits réglages avant de démarrer
Nous avons appliqué les recommandations d'AMD au niveau de la gestion de l'énergie, en attendant l'arrivée du patch Windows 10 promis pour la première semaine d'avril, à savoir :
- Mode d'alimentation Performances élevées
- HPET désactivé
La carte mère ASUS Crosshair VI Hero n'ayant pas d'option spécifique pour ce second point, nous sommes passé par une ligne de commande à taper en mode Administrateur sous Windows, qu'il est possible d'inverser :
bcdedit /deletevalue useplatformclock
bcdedit /set useplatformclock true
Nous avons ensuite lancé le mode Stress de CPU-Z 1.78.3 pendant plusieurs dizaines de minutes afin de vérifier que la machine n'avait pas de problème, puis une dizaine de minutes aussi dans le mode Stress de 3DMark.
Performances : le Ryzen 7 1800X dépassé...
Une fois la stabilité vérifiée, nous avons pu procéder à nos premiers relevés de performances. Nous avons effectué un relevé pour les R7 1700 et 1800X à leurs fréquences de référence, puis avec le R7 1700 @ 4 GHz.
Nous avons comparé l'ensemble au Core i7-6850K d'Intel qui est le processeur à plus de quatre cœurs le plus performant de la marque à être disponible aux alentours des 600/700 euros. Pour rappel, il s'agit d'un modèle 6C/12T avec 15 Mo de cache, dont la fréquence varie entre 3,8 et 4 GHz. Son TDP est annoncé à 140 watts. Nous l'avons utilisé sur une carte mère ROG STRIX X99 Gaming avec les mêmes réglages et fréquences de mémoire que les puces AMD.
Ici notre objectif n'était pas d'analyser dans le détail l'architecture de Ryzen face aux processeurs d'Intel. Nous traiterons de ce sujet dans un second temps, maintenant que les choses commencent à se stabiliser au niveau de l'écosystème. Nous ne reviendrons pas non plus en détail sur les performances dans les jeux, qui feront l'objet d'un article dédié.
Nous voulions surtout voir si le R7 1700 overclocké pouvait dépasser son grand frère, et avec quel écart de performances, et où l'ensemble se situe par rapport à une puce Intel haut de gamme. Pour cela, nous avons commencé par Cinebench R15 afin d'avoir une première idée des performances avec un ou plusieurs cœurs d'utilisés :
Comme on peut le voir ici, sur un seul cœur, les performances de nos processeurs sont plus ou moins similaires, excepté le R7 1700 qui montre une faiblesse du fait de sa fréquence moins élevée. Un retard qu'il rattrape facilement avec son overclocking à 4 GHz.
Avec l'ensemble des cœurs utilisés, on voit une différence plus nette, notamment pour le Core i7-6850K cette fois. Celui-ci est en retrait du fait de son nombre de cœurs moins élevés, et passe même derrière le R7 1700. Une fois overclocké, ce dernier dépasse à nouveau le R7 1800X.
Nous avons ensuite cherché à regarder les performances sur trois applications du quotidien : 7-Zip pour la compression de 271 photos, Handkbrake pour la compression de la vidéo 4K de Tears of steel via le profil SuperHQ 1080p 30 Surround (relevé à 50 % de la tâche) et notre test Par2MT, que nous utilisons pour créer des fichiers de parité avec 25 % de redondance depuis la vidéo 1080p de Big Buck Bunny en exploitant l'ensemble des cœurs :
Comme on peut le voir, avec huit cœurs, ces tâches peuvent paraître assez légères. Ainsi, on note assez peu de différence d'un processeur à l'autre, et on note surtout le retrait du Core i7-6850K.
Celui-ci est surtout assez net sur Handbrake où l'on note tout de même un gain de 6 à 11 fps pour les processeurs Ryzen. Par rapport à un score de départ de 20,5 fps, ce qui ne sera pas négligeable pour ceux qui ont de gros besoins en termes de vidéo. Et là encore, notre modèle 1700 overclocké arrive à faire mieux que le 1800X.
Même si nous évoquerons la question des jeux dans un article spécifique, nous avons tout de même regardé les résultats obtenus avec 3DMark sur nos différentes configurations :
Comme l'on pouvait s'y attendre, le score global ou du GPU évolue assez peu. C'est uniquement sur le score CPU que l'on retrouve de nettes différences. Et l'ordre est toujours le même avec le Core i7-6850K en retrait face aux Ryzen 7.
Le modèle R7 1700 affiche de son côté un score en ligne avec sa différence de fréquence par rapport au 1800X (entre 10 et 15 %), mais le dépasse finalement d'un cheveu une fois l'overckocking mis en place.
... mais avec une consommation plus élevée
Finissons par un autre relevé qui a son importance : celui de la consommation globale de la machine. En effet, overclocking signifie augmentation de la tension de fonctionnement du CPU. Un changement qui peut paraître anodin, mais qui se retrouve en général de manière assez directe :
Commençons par les relevés au repos. On note tout d'abord que la gestion de l'énergie est bien active côté AMD, même en cas de mise en place de l'overclocking, ce qui est une première bonne nouvelle.
Il faudra sans doute attendre encore un peu pour comprendre son fonctionnement exact dans ce genre de cas puisque les outils de relevé de fréquence affichent constamment 4 GHz et des tensions parfois assez aléatoires, alors que la puce gère sans doute les choses de manière assez différente dans la pratique.
Ici, notre Core i7-6850K est le plus gourmand, la plateforme X99 d'Intel n'étant pas connue pour sa modestie à ce niveau. Vient ensuite le R7 1800X. La raison semble être la tension différente appliquée par notre carte mère ASUS dans son cas, ce qui n'est pas forcément justifié.
Il se peut donc que l'on constate une première évolution à ce niveau avec des UEFI plus récentes. Dans tous les cas, tous nos CPU se tiennent à peu près dans des valeurs similaires, il n'y a donc pas de gros écart à relever ici. Avec un seul cœur sollicité (sous Cinebench R15), on garde à peu près la même hiérarchie.
Tout s'emballe avec l'utilisation de l'ensemble des cœurs (sous CineBench R15 là encore). On voit alors clairement que l'overclocking du R7 1700 implique une tension supérieure à celle qui serait utilisée sur un R7 1800X. Résultat, la machine consomme 35 watts de plus (+17,5 %). À l'échelle d'un CPU, ce n'est pas rien.
Ryzen 7 1700 : le meilleur d'entre eux ?
Comme on peut le voir, un Ryzen 7 1700 est donc une solution plutôt intéressante. L'utilisateur devra certes choisir s'il veut se contenter des performances de base de la puce, l'overclocker à une valeur raisonnable ou bien atteindre une valeur limite sans tenir compte de la consommation de l'ensemble. Mais dans tous les cas, ce processeur offre un panel de choix et des performances relativement attractifs, pour un tarif défiant toute concurrence.
L'offre d'Intel est ici clairement dépassée, la société étant plutôt habituée à monnayer assez cher l'accès à un nombre élevé de cœurs. En attendant que le géant de Santa Clara se réveille, la puce d'AMD s'avère donc être un très bon choix. Bien entendu, certains seront déçus de ne pas pouvoir dépasser la barre des 4 GHz simplement avec un refroidissement à air, mais c'est un bon début.
AMD et ses partenaires travaillent en effet à améliorer les UEFI et la stabilité de la plateforme AM4. Il sera donc intéressant de faire le point d'ici quelques semaines afin de voir ce qu'il en est. En attendant, nous tenterons surtout de reproduire un tel overclocking facile avec une carte mère B350 issue du commerce. Cela tombe bien, une Prime B350M-A d'Asus vient d'arriver aux labos...