Une drôle de bête est apparue sur Kickstarter il y a quelques jours : le NSG-S0. Calyos, une entreprise belge, propose en effet d'acquérir ce boîtier pour PC avec un système de refroidissement entièrement passif, capable d'accueillir une configuration plus que musclée.
Dans le domaine des boîtiers pour PC, les grandes évolutions sont rares. Ces dernières années, les fabricants se sont escrimés à proposer des châssis plus compacts, parfois avec des formats fantaisistes, ou à miser sur des matériaux plus nobles, quitte à faire gonfler la note.
Refroidissement passif 2.0
C'était sans compter sur Calyos, une société belge spécialisée dans les systèmes de refroidissement. Elle exploite une technologie mise au point dans les années 70 et jusqu'ici surtout utilisée dans le domaine spatial, qu'elle a baptisée loop heat pipe. Elle l'a d'abord adaptée au transport ferroviaire avant de l'amener dans les centres de données. Pour l'entreprise l'étape suivante était plutôt logique : le marché du PC.
Son principe est simple. « La chaleur dégagée par le composant est captée par un bloc, qui va la "pomper" par capillarité, et ainsi vaporiser un gaz réfrigérant qui se dirigera vers un radiateur qui dissipera la chaleur. Le gaz revient alors à son état liquide et retourne vers le bloc », nous explique Elisa Wolf, responsable marketing de Calyos. La circulation du gaz est assurée sans qu'aucune partie mobile ne soit mise en jeu, pas même une pompe.
Le PC silencieux n'est plus une chimère
Le fabricant belge a donc fait appel à Watermod (une entreprise française) pour mettre au point un produit capable d'abriter un tel système, dimensionné correctement pour prendre en charge une configuration très haut de gamme. Le résultat s'appelle le NSG-S0, un gros bébé de 22 à 23 kg, mesurant environ 26 x 49 x 52 cm. Un format proche d'un châssis tel que le Define R5 de Fractal Design ou l'Obsidian 650D de Corsair.
Habillé de panneaux en aluminium et en verre trempé, le boîtier est livré avec deux blocs de refroidissement, un premier à adapter sur le processeur et un second qui viendra se nicher sur la carte graphique. Deux imposants dissipateurs en aluminium viennent quant à eux occuper la façade et le dessus du châssis.
Aucun ventilateur n'est fourni, mais ils ne sont pour le coup pas nécessaires. Calyos assure en effet que dans cette configuration, son système est capable de dissiper 450 watts. Une valeur permettant aisément de coupler une carte comme la Titan X de NVIDIA (dont la consommation est donnée pour 250 watts) avec un processeur haut de gamme, tel qu'un Ryzen 1800X ou un Core i7 6900K.
Si cela ne suffit pas, deux racks permettent d'accueillir un total de cinq ventilateurs de 120 mm de diamètre. Selon Calyos, cette possibilité est offerte afin de permettre aux adeptes d'overclocking de s'assurer une marge supplémentaire en termes de dissipation, ainsi qu'à ceux qui craignent de voir leur système souffrir en période estivale, du fait de la température ambiante plus élevée.
Sur le papier, le NSG-S0 annonce des résultats intéressants, qu'il conviendra toutefois de prendre avec des pincettes, en attendant des tests indépendants. Le fabricant belge explique ainsi obtenir des performances proches de ceux d'un système de watercooling tout-en-un, mais sans aucune nuisance sonore, ce avec une configuration haut de gamme à refroidir (Core i7 6700K et GTX 1080).
Un prix élevé, mais un châssis qui doit durer
Pour profiter de ces performances, il faudra par contre mettre la main à la poche. Sur Kickstarter, le kit de départ avec le boîtier et son système de refroidissement se négocie à partir de 579 euros, les premiers exemplaires à tarif réduit ayant tous trouvé preneur. Une édition limitée avec des dissipateurs tout en cuivre est quant à elle proposée à 3 699 euros. Des rabais sont également proposés sur des packs de 2, 5 ou 10 boîtiers pour les intéressés.
Ce positionnement tarifaire, Calyos l'assume complètement. « Nous nous sommes basés sur le tarif d'un bon châssis intégrant un système de watercooling. Ce n'est clairement pas un PC pour tout le monde », résume Elisa Wolf. La marque justifie également ce prix élevé par la nature même du concept. L'objectif n'est pas seulement de proposer aux clients un boîtier qu'ils ne garderont que quelques années, mais bien un châssis qui doit accueillir plusieurs machines au fil du temps.
Cela passe d'abord par le choix du gaz réfrigérant. Actuellement il est question de pentafluoropropane (R-245fa), actuellement utilisé dans les systèmes de refroidissement vendus par Calyos dans le domaine des centres de données. « Avec ce gaz, nos systèmes sont qualifiés sur 5 ans par Intel. Au-delà, on observe une petite variation des performances, avec une hausse de 2 degrés des températures », note la représentante de la marque.
Elle précise par ailleurs que le but est de parvenir à trouver un gaz dont la tenue dans le temps serait plus longue sans sacrifier les performances et que des essais sont actuellement en cours à cette fin.
Un autre point doit être pris en compte pour garantir la durabilité du châssis : l'adaptation du système de refroidissement aux nouveaux composants. Avec des marques comme Intel qui changent de socket régulièrement, et des fabricants de cartes graphiques qui utilisent parfois des fixations différentes de celles des cartes de référence, un travail constant est nécessaire pour maintenir ce système à jour.
L'une des difficultés pour Calyos sera donc d'arriver à s'adapter à la plupart des composants du marché. À l'heure actuelle, seules certaines cartes NVIDIA en édition Founders (à partir de la GTX 780), ou signées MSI sont supportées. Concernant AMD la prise en charge des modèles de la génération Vega est en cours d'étude, tandis que les modèles actuellement sur le marché le seront en fonction des demandes des clients sur Kickstarter.
Dans 5 à 10 ans, les systèmes de fixation pourront avoir évolué, avec des dimensions ou des concepts différents et les clients de la première heure qui voudront changer de configuration ne seront pas forcément enclins à mettre au rebut leur châssis à 649 euros.
La marque promet un « suivi permanent » de ces évolutions et assure que la difficulté n'existera que si le NSG-S0 devait être son seul produit. « Si on devait s'arrêter purement au S0 oui, ça serait compliqué, parce qu'on devrait alors assurer un suivi au compte-gouttes et notre but final c'est de sortir quelque chose en direct. Kickstarter n'est qu'une manière de montrer que ce marché existe, le but c'est ensuite de s'allier avec des noms connus et de s'allier avec ces partenaires-là ».
La suite dépendra donc de la capacité de Calyos à pousser son système de refroidissement chez d'autres fabricants de boîtiers, afin qu'ils l'intègrent directement dans certains de leurs produits. Il devient alors moins coûteux d'adapter des fixations pour une production à grande échelle, que pour une petite série vendue sur Kickstarter. Une problématique semblable à celle des fabricants de waterblocks.
La base n'est pas oubliée
Outre son refroidissement, le NSG-S0 profite évidemment des fonctionnalités basiques que l'on retrouve sur d'autres boîtiers. Un total de 3 emplacements de 2,5 ou 3,5 pouces sont ainsi de la partie, nichés dans les racks prévus pour les ventilateurs optionnels. Un nombre suffisant pour une configuration classique, mais qui pourra s'avérer limité aux yeux de certains. Attention, chaque disque dur installé ici occupera une partie de la place prévue pour les ventilateurs optionnels.
La connectique en façade se trouve quant à elle tout en bas du châssis, ce qui n'est pas très pratique si l'on a l'habitude de poser sa tour au sol, plutôt que sur le dessus de son bureau. On y trouve un lecteur de cartes, le bouton marche/arrêt, ainsi que quatre ports USB. Les détails concernant ces derniers n'ont pas encore été arrêtés nous précise le fabricant « car il s'agit de petits détails qui seront peaufinés au fil des mois ».
Concernant la carte mère, le format E-ATX est pris en charge, ce qui autorise l'installation d'une très large majorité des modèles présents sur le marché. Du côté de l'alimentation enfin, un bloc au format ATX pourra trouver sa place dans le NSG-S0, qu'il soit refroidi activement ou passivement.
Une campagne qui se déroule plutôt bien
Après un peu plus d'une semaine, la campagne Kickstarter du NSG-S0 a déjà largement dépassé son objectif, avec plus de 200 000 euros récoltés pour 150 000 euros attendus et un peu plus de 300 exemplaires vendus. Le châssis devrait donc voir le jour dès cette année, avec les premiers exemplaires livrés pendant l'été. La plupart des contributeurs ont opté pour un boîtier nu, seulement équipé de son système de refroidissement, mais des configurations complètes sont également proposées, à partir de 1 799 euros avec un Core i3-7100 et une GeForce GTX 1060.
Calyos espère maintenant franchir une étape supplémentaire en collectant 750 000 euros. Ce palier permettrait aux participants de profiter gratuitement de caches en aluminium pour masquer les blocs de refroidissement. Des produits qui pourraient également être vendus séparément par la suite « à un tarif raisonnable » précise la marque. Si la barre du million d'euros est franchie, les NSG-S0 vendus via Kickstarter profiteront d'un système d'éclairage RGB, afin de leur donner un peu de couleurs.
Interrogée sur la possibilité d'atteindre ces paliers, Elisa Wolf admet que dans l'état actuel de la campagne la tâche semble compliquée, notamment parce que la vente de machines complètes n'est ouverte qu'aux internautes européens. « Nous pourrions cibler d'autres marchés, mais pour des questions logistiques, notamment douanières ce n'est pour l'instant pas le cas », résume-t-elle, tout en assurant que Calyos fait son possible pour ouvrir les vannes aux clients américains au plus vite.