SpaceX compte déployer plusieurs milliers de satellites autour de la Terre afin de proposer une connexion Internet haut débit. La société d'Elon Musk accélère le mouvement et espère lancer un prototype à la fin de l'année, puis commencer le déploiement en 2019.
SpaceX ne compte pas seulement remplir des missions pour le compte de ses partenaires et coloniser Mars. La société veut également déployer une constellation de plusieurs milliers de satellites afin de proposer un accès à Internet sur la Terre entière.
Elle avait déposé en ce sens une demande auprès de la Federal Communications Commission (FCC) en novembre dernier. Pour rappel, d'autres sociétés comme Facebook et Google se sont déjà lancées dans des projets similaires, avec des drones ou des ballons par exemple.
Hier, Patricia Cooper, vice-présidente des affaires gouvernementales chez SpaceX, présentait le plan de la société au sénateur John Thune. Il préside le comité sur le commerce, les sciences et les transports, et mène des auditions sur le thème suivant : « Investir dans l'infrastructure Internet haut débit en Amérique : explorer les moyens de réduire les obstacles au déploiement ». SpaceX espère en être et la déclaration de Mme Cooper est l'occasion d'en apprendre davantage sur ses ambitions.
Un maillage constitué de 4 425 satellites en orbite basse
SpaceX compte ainsi déployer pas moins de 4 425 satellites sur 83 orbites basses (LEO) non géostationnaires. Celles-ci oscillent entre 1 110 et 1 325 km d'altitude. À titre de comparaison, c'est largement au-dessus de la Station Spatiale Internationale qui vogue à environ 400 km au-dessus de nos têtes, mais bien dessous des satellites géostationnaires qui se trouvent généralement dans les 36 000 km.
Les satellites pourront communiquer les uns avec les autres et ainsi créer un réseau maillé (mesh) autour de la Terre. Bien évidemment, il faudra également installer des stations au sol, qui communiqueront avec les satellites sur les bandes Ka et Ku (qui sont assez proche des ondes millimétriques).
7 500 satellites supplémentaires pour améliorer les performances
Patricia Cooper ajoute que SpaceX a fait une autre demande auprès de la FCC, pour envoyer une autre flotte de 7 500 satellites, sur des orbites plus proches de la Terre : 345,6, 340,8 et 335,9 km. Cette fois-ci, les communications passeront par la Bande V (40 à 75 GHz), pile dans les ondes millimétriques cette fois-ci. Comme nous avons déjà eu l'occasion de l'expliquer dans cette actualité, ces fréquences permettent d'utiliser des antennes plus petites, mais rendent les transmissions plus sensibles aux perturbations.
Avec cette autre fournée de satellites, SpaceX veut « fournir une bande passante supplémentaire et réduire davantage la latence là où les populations sont fortement concentrées ». Le système pourra s'adapter automatiquement, aussi bien au sol que dans l'espace, afin d'allouer de la bande passante supplémentaire à certaines zones en fonction des besoins.
Un récepteur de la taille d'un ordinateur portable, quid des performances ?
Sur Terre, les clients finaux utiliseront un récepteur de la forme d'un « panneau plat relativement petit, qui fait à peu près la taille d'un ordinateur portable » explique la société d'Elon Musk. SpaceX affirme qu'il sera en mesure « de fournir un service avec des vitesses comparables à celles de la fibre », mais également avec une « latence comparable aux alternatives terrestres » grâce aux orbites basses de ses satellites.
En effet, plus la distance entre le satellite et le récepteur est longue, plus la latence est élevée, c'est mathématique à cause de la vitesse de la lumière que l'on ne peut pas dépasser. Dans le vide, elle est de 300 000 000 m/s, ce qui implique un temps de trajet non négligeable à 36 000 km d'altitude : 120 ms pour que le signal arrive du satellite au terminal, et vice-versa. En toute logique, pour un aller/retour il faut doubler la mise.
Avec 1 200 km d'altitude en moyenne pour la constellation de SpaceX, il n'est plus question que de 4 ms, soit 30 fois moins. Il sera même possible de descendre en dessous grâce aux 7 500 satellites qui seront encore plus proches de la Terre.
Notez qu'il s'agit ici d'une valeur théorique minimum qui ne tient pas compte du reste de l'infrastructure, la latence sera donc plus élevée dans la pratique. Selon plusieurs de nos confrères américains, il faudrait tabler sur 25 à 35 ms. Cette fourchette correspond à ce que l'on peut avoir sur des lignes xDSL, mais elle est bien plus élevée que sur la fibre optique (qui descend en dessous des 10 ms), comme le note l'ARCEP dans son observatoire sur la qualité du service fixe d'accès à Internet.
SpaceX explique que plusieurs offres seront commercialisées à différents prix afin d'adresser une large variété de demandes des clients, mais sans aucun détail supplémentaire.
Un premier test cette année, lancement des satellites entre 2019 et 2024
SpaceX est dans les starting-blocks et prévoit de lancer un prototype de satellite avant la fin de l'année, puis un second au cours des premiers mois de 2018. La société prévoit ensuite de passer la seconde avec un déploiement progressif de son réseau de 4 425 satellites entre 2019 et 2024, à condition que la réglementation lui permette bien évidemment. Rien n'est précisé concernant les 7 500 autres.
Bien évidemment, Falcon 9 sera utilisée pour les lancements groupés (chaque fusée emporte avec elle plusieurs satellites), en réutilisant le premier étage afin de réduire les coûts.
Ce projet – et d'autres du même genre – ne plait pas à tout le monde, comme le notent nos confrères d'Ars Technica. En effet, le MIT Technology Review expliquait mi-avril qu'il y aurait près de 1 500 satellites en orbite fin 2016, un nombre qui serait multiplié par quatre rien qu'avec SpaceX. Le risque de collision augmente donc considérablement, tout comme la question du recyclage des satellites hors service.