Après plusieurs années à être une technologie intéressante mais réservée à une élite, Thunderbolt devrait enfin devenir une solution pensée pour tous. Intel vient en effet d'annoncer qu'il allait libérer sa solution et l'intégrer nativement à ses prochains CPU.
Cela fait maintenant six ans qu'Intel propose une connectique à très haut débit sous le nom de Thunderbolt. Issue du projet Light Peak, elle avait été lancée en partenariat avec Apple. Elle offrait alors un débit de 10 Gb/s et 10 watts via un connecteur Mini DisplayPort (1.1).
Thunderbolt 3 : de belles promesses trop peu exploitées
Au fil du temps, celle-ci a évolué afin d'intégrer de nouvelles capacités et d'offrir de meilleures performances. Sa version 3, annoncée en 2015, est la plus récente. Elle offre jusqu'à 40 Gb/s de débit, une puissance de 15 watts et peut gérer deux flux 4K via le DisplayPort 1.2. Mais surtout, elle utilise un connecteur unique qui a vocation à se répandre un peu partout : l'USB Type-C. Ainsi, elle est compatible avec Power Delivery afin de transporter une puissance maximale de 100 watts.
De quoi ouvrir le champ à de nouveaux usages, de la montée en puissance des docks de connecteurs aux boîtiers permettant d'externaliser la carte graphique. Nous avons ainsi vu de premier modules être annoncés, Intel ayant ouvert officiellement les vannes à ces solutions avec son mini PC Skull Canyon, mais les constructeurs sont encore assez timides.
Il faut dire que Thunderbolt a un défaut principal : Intel dispose d'une mainmise totale sur la technologie et certifie tous les produits qui l'utilisent. Une autre manière de dire que les fabricants doivent montrer patte blanche et mettre la main au portefeuille afin de pouvoir en tirer parti.
Un besoin d'ouverture pour aller plus loin...
Résultat, malgré tout l'intérêt de cette solution dans ses différentes révisions, elle est assez peu répandue. Du fait du partenariat avec Apple les premières années, c'est dans cet écosystème que Thunderbolt s'est principalement développé, bien aidé par la plus grande capacité des clients de la marque à la pomme à digérer des tarifs exorbitants.
Dans l'univers PC, l'intégration a toujours été assez limitée et pas toujours très bien réalisée pour ce qui est de la compatibilité et du suivi logiciel. De quoi refroidir bon nombre d'utilisateurs. Mais voilà, Intel a décidé de sauter le pas, et veut faire de Thunderbolt la nouvelle connectique à tout faire, comme le fût l'USB peu avant les années 2000.
Ainsi, la société profite du Computex de Taipei pour annoncer qu'elle va libérer les caractéristiques de son protocole dès l'année prochaine. De plus, le support de Thunderbolt 3 sera natif au sein de ses prochains processeurs, ou tout du moins du chipset intégré. Les constructeurs n'auront ainsi plus de puce tierce à implémenter.
... tout en gardant l'avantage
Une manière d'ouvrir sa solution à tous, même à ses concurrents directs, tout en s'assurant de garder une longueur d'avance. Car même s'il sera possible de voir à l'avenir des machines à base de processeurs AMD exploitant du Thunderbolt, cela ne sera sans doute pas avant quelques années de manière totalement intégrée.
En attendant, il faudra sans doute en passer par des solutions exploitant des puces tierces, les fabricants devant eux aussi se familiariser avec cette technologie. Il sera d'ailleurs intéressant de voir comment l'écosystème qui devrait se créer autour de cette technologie sera impliqué à l'occasion de son évolution. Les réactions de certains constructeurs qui proposaient des solutions « alternatives » comme DisplayLink par exemple, seront aussi intéressantes à analyser.
Intel précise enfin que Microsoft a amélioré le support de Thunderbolt 3 avec la Creators Update de Windows 10, et que les deux sociétés vont continuer à travailler main dans la main afin d'aller plus loin dans les prochaines moutures de l'OS. Pour le moment, le cas de Linux n'a pas été évoqué.