En 2011, nous découvrions le boîtier Server mi-routeur, mi-NAS de la Freebox Révolution. En 2013, Freebox OS. Avec la Freebox Delta, Free veut enfoncer le clou en anticipant de nombreuses évolutions des besoins de ses utilisateurs. Si le 10 Gb/s marquera sans doute les esprits, le principal est bien ailleurs.
10 Gb/s en 10G-EPON. C'est en évoquant ce débit que Xavier Niel a ouvert le bal des annonces techniques autour de sa Freebox Delta. Une valeur maximale théorique, mesurée à 8 Gb/s selon les mentions légales du FAI, qui concerne 10 millions de prises éligibles. Une capacité qui a surtout nécessité une mise à jour de ses équipements ces derniers mois.
10 Gb/s, sinon rien
« Une première mondiale avec une couverture aussi large » clame Xavier Niel. Une précision importante puisque des offres à 10 Gb/s existent déjà à plus petite échelle. Le fondateur d'Iliad en profite pour ironiser sur l'aspect « inutile » d'un tel débit selon ses concurrents. C'est en tous cas ce que certains déclaraient encore récemment dans nos colonnes.
Mais préparer une box pour un FAI, c'est anticiper les besoins de demain, surtout sur une offre haut de gamme. À une époque où les jeux AAA dépassent les 50 Go de téléchargement, où l'on utilise des PC en streaming, où les débits de nos SSD NVMe se comptent en Go par seconde, aller au-delà de 1 Gb/s, soit 130 Mo/s n'apparait pas comme excessif.
D'autant qu'à chaque révolution du genre, on trouve les mêmes critiques. Puis les usages suivent les capacités techniques, certains naissent même de ces nouvelles possibilités. Au final, on se retrouve à avoir du mal à revenir en arrière. Il en sera sans doute de même avec le 10 Gb/s d'ici quelques années.
Cette technologie qui n'est d'ailleurs pas nouvelle, puisqu'elle est massivement déployée dans les datacenters par exemple. Mais elle est encore très coûteuse pour un usage grand public.
Notre dossier sur Free et les Freebox One/Delta :
- Notre suivi en direct de la conférence de Free
- Les défis de Free pour s'adapter au monde qui vient
- Freebox Delta, One, Révolution, mini 4K : tarifs, conditions et tableau comparatif
- Le Freebox Delta Server et ses révolutions, au-delà du 10 Gb/s
- Freebox Delta Player Devialet : « les gens veulent avant tout consommer des contenus multimédia »
- Freebox One : entre évolutions et déceptions
Passer au 10 Gb/s : un coût non négligeable
Ce sont ainsi surtout les professionnels qui s'équipent pour le moment. Car adapter son réseau local ou même ses appareils à une telle capacité ne se fait pas sans douleur. Une simple carte réseau coûte encore une centaine d'euros, un switch huit ports dont deux en 10 Gb/s comme le GS110MX de Netgear se trouve aux alentours de 200 euros.
Comptez à peu près le même tarif pour un adaptateur externe Thunderbolt 3 adapté à un ordinateur portable. Apple commence seulement à proposer cette connectique en option dans ses Mac Mini. Netgear l'a intégrée nativement dans son nouveau routeur XR700 (SFP+) qui vient d'arriver sur le marché pour la modique somme de... 500 euros.
- 10 GbE, Multi-Gig, catégories de câbles : ce qu'il faut savoir sur le réseau à plus d'1 Gb/s
- Câbles Grade 2 TV ou 3 TV, RJ45 et signal à 2,2 GHz : ce qu'il faut savoir du réseau résidentiel
Au point que les fabricants commencent à s'orienter vers des solutions intermédiaires via le Multi-Gig. Les débits sont alors limités à 2,5 ou 5 Gb/s (soit 320 ou 640 Mo/s), ce qui peut apparaître comme suffisant à moyen terme. Le 10 Gb/s devrait néanmoins progressivement se démocratiser, notamment parce qu'il fait partie des deux niveaux de débits exploitables dans les réseaux résidentiels, à travers les appareils certifiés Grade 3 TV.
Sur le Server de la Freebox Delta, un seul port 10 Gb/s est présent, les quatre autre à 1 Gb/s. Un élément qui va limiter les possibilités puisqu'il faudra forcément le relier à un switch pour en profiter sur plusieurs appareils.
« Ajouter un port 10 Gb/s, c'est ajouter dix watts de consommation » nous précise un employé qui a travaillé sur le projet. Mais aussi alourdir la facture de manière non négligeable. L'utilisation de ports Multi-Gig à 2,5 ou 5 Gb/s n'a pas été possible du fait de l'arrivée tardive de composants gérant cette norme. Realtek a par exemple annoncé sa gamme seulement au début du mois de juin, à l'occasion du Computex de Taipei.
Free a fait le choix d'un connecteur SFP+ plutôt que RJ45. Une solution moins accessible pour le commun des mortels puisqu'elle nécessite l'achat un adaptateur qui coûte une centaine d'euros si l'on veut utiliser un câble Cat 6(a) classique, mais elle est plus modulaire. Elle permet en effet d'exploiter des solutions comme le Direct Attach.
La modularité est d'ailleurs l'une des grandes forces de la Freebox Delta. Très peu mise en avant lors des annonces de mardi, elle va largement simplifier la vie des équipes de Free, notamment sur le long terme.
Une box, plusieurs modules, de grandes possibilités
En regardant de près l'arrière du boîtier Server, on distingue sur la partie haute deux éléments qui sont en réalité facilement détachables et remplaçables, utilisant une interface maison. L'un permet d'adapter le type de connexion au réseau fixe de l'utilisateur : xDSL/4G ou Fibre. Le second intègre ce qui touche à la sécurité (sirène, piles notamment).
Ainsi, si la Freebox Delta gère actuellement la 4G, il suffira de changer un module pour la faire passer à la 5G ou l'adapter à une connexion fibre. Ce ne sera par contre pas possible de remplacer le Wi-Fi 5 (802.11ac) par du Wi-Fi 6 (802.11ax) par exemple. Cet élément est interne à la box, mais reste facilement remplaçable nous a-t-il été précisé.
Une telle solution avait été explorée avec la Freebox Révolution pour l'intégration de la Femtocell dans un petit rack, mais cela n'avait pas été plus loin. Avec la Delta il faudra voir comment cette possibilité sera exploitée sur le long terme.
Crédits : David Legrand (licence : CC-BY-SA 4.0)
Internet hybride : quand la 4G vient soutenir une liaison xDSL
En amont de l'annonce des nouvelles Freebox, une rumeur insistante intéressait particulièrement ceux qui ne sont pas près de passer à la fibre et dont le débit ADSL est faible : l'utilisation conjointe du fixe et du mobile.
Si la concurrence a choisi de proposer des offres 4G fixe dans certaines zones en remplacement de l'ADSL, Free permet de profiter des deux sur une même connexion. Une solution déjà possible techniquement, que ce soit à travers les paramètres de Windows ou l'utilisation de routeurs Multi-WAN comme nous l'avions récemment évoqué :
Restait à découvrir le fonctionnement exact de cette implémentation. Et quelques déceptions sont à la clé. Tout d'abord, il n'est pas possible d'utiliser le réseau de votre choix. Une carte SIM Free est intégrée à la box, elle n'est pas remplaçable. Selon nos informations, elle est néanmoins située dans le module amovible contenant toute la connectivité.
Ensuite, il n'est pas possible d'utiliser des antennes externes. Si votre box est placée au fond du garage au second sous-sol, dommage : vous ne pourrez pas vraiment en profiter, à moins de trouver un moyen de la déplacer. Notez d'ailleurs qu'il n'y a aucune Femtocell d'intégrée dans la Freebox Delta, l'option pourrait donc tout simplement disparaître.
La connexion hybride n'est pas une solution de type Multi-Path TCP (MPTCP) à la manière de l'Over The Box d'OVH. La raison est simple selon un proche du dossier que nous avons pu interroger : ce protocole implique l'utilisation d'un client et d'un serveur compatibles. L'un découpe le flux pour le répartir sur les différentes connexions, l'autre les réassemble.
Une infrastructure complexe, qui passe chez OVH ou pour les utilisateurs d'OpenMPTCProuter par un serveur privé virtuel (VPS), que Free n'allait pas proposer à l'ensemble de ses clients. C'est donc une autre solution qui a été utilisée.

Elle s'apparente à de la répartition de charge (load balancing), mais qui se veut intelligente. Ainsi, la typologie des flux de l'utilisateur est analysée (mais pas leur contenu) afin de déterminer (par exemple) s'ils sont interactifs ou non, et donc si les besoins sont plutôt d'avoir une faible latence ou un gros débit.
Dans le premier cas, la connexion fixe sera privilégiée. Dans le second, la bascule pourra se faire sur la connexion 4G. Il sera intéressant d'analyser finement le comportement de cette solution, notamment dans des cas particuliers comme une coupure de la synchronisation ADSL (failover ?) ou dans le cas d'applications et services qui peuvent tirer parti des deux connexions en simultanée comme Aria2 et BitTorrent par exemple.
Quoi qu'il en soit il faudra faire attention, car l'utilisation peut être limitée à 250 Go si jamais la cellule de votre zone de couverture mobile venait à être trop sollicitée. Et même si le fonctionnement est ici complémentaire à la connexion fixe, il y a fort à parier que certaines zones pourront être concernées. Notez qu'il s'agit ici d'une condition contractuelle qui peut être activée dès que le FAI le jugera nécessaire. Ce, quelles que soient les déclarations de ses dirigeants.
Cela ne fonctionne qu'en 4G, et donc uniquement si vous êtes dans une zone couverte par Free. L'itinérance Orange ne sera pas exploitée ici. Pour la partie téléphonie d'ailleurs, la base DECT est toujours présente, ainsi qu'un port RJ11.
Du Wi-Fi 5 (802.11ac) MU-MIMO à 4,4 Gb/s : peut mieux faire
Le Wi-Fi avait été l'un des points faibles de la Freebox Révolution, qui est péniblement passée au 802.11ac, sans offrir des performances extraordinaires en la matière. De quoi laisser à ses concurrents le soin de prendre la tête sur ce point, notamment Orange et le « Super Wi-Fi » de la Nouvelle Livebox.
La Delta n'a pas anticipé le passage au Wi-Fi 6 (802.11ax) qui commence à être proposé ici ou là, mais affiche un débit impressionnant de 4,4 Gb/s. Présenté comme une première mondiale, ce chiffre mérite que l'on s'y arrête quelques minutes. Car la communication autour des capacités du Wi-Fi est toujours l'occasion de quelques astuces marketing.
Il s'agit ici d'une solution dite tri-bande, qui permet de gérer trois flux simultanément. Le premier sur la bande des 2,4 GHz, à un débit maximal de 800 Mb/s, les deux autres sur la bande des 5 GHz à un débit maximal de 1 733 Mb/s. Comme tous les autres constructeurs, Free additionne ces trois chiffres pour obtenir 4 400 Mb/s (4 266 Mb/s en réalité).
Cela n'a aucun sens puisque ces débits ne peuvent se cumuler dans la pratique. Ils peuvent au mieux alimenter un appareil chacun. C'est effectivement au niveau des meilleurs routeurs Wi-Fi du moment, et au-delà des autres box. Ainsi, la Nouvelle Livebox qui était encore la mieux dotée en la matière, annonce seulement un réseau bi-bande à 2,1 Gb/s, soit 450 Mb/s + 1 733 Mb/s. Mais est-ce que la Freebox Delta dispose du Wi-Fi le plus rapide au monde ? Non, pour trois raisons.
La première est assez simple à comprendre : un appareil connecté à 1,73 Gb/s sur une Freebox Delta ou une Nouvelle Livebox disposera du même débit. Bien entendu, la capacité à mieux couvrir telle ou telle zone avec une portée plus ou moins importante peut jouer et sera à analyser. Mais le débit maximal théorique pour un même appareil est identique.
La Delta pourra par contre gérer plus d'appareils, ce qui reste à son avantage. Le second point est aussi assez basique : les constructeurs de routeurs font déjà mieux. Linksys propose par exemple son Max-Stream EA9500 qui est donné pour un débit de 5,4 Gb/s, soit 1 Gb/s (2,4 GHz) + 2x 2,17 Gb/s (5 GHz). Idem pour TP-Link et son Archer AC5400.
Mais surtout, la Delta affiche ces débits sur une configuration MU-MIMO 4x4, nécessitant quatre antennes. Sur un appareil 2x2, ce qui est le plus courant pour les ordinateurs portables et smartphones, elle sera limitée à un débit de 867 Mb/s, comme la concurrence. Pour aller au-delà, elle devrait pouvoir exploiter des blocs de 160 MHz, contre 80 MHz.
Cela lui permettrait de profiter du « Gigabit Wi-Fi » promu par Intel depuis quelques mois et déjà disponible sur de nombreuses cartes mères et autres machines complètes. C'est actuellement la solution Wi-Fi grand public la plus rapide, permettant d'atteindre (et même de dépasser) un débit de 1 Gb/s mesuré dans la pratique.
Notez enfin que Free n'a pour le moment pas annoncé de solution de type SSID unique ou Mesh. Si des choses semblent en préparation sur ce point, rien n'est pour le moment confirmé.
- Wi-Fi : tout ce qu'il faut savoir des différentes normes et technologies
- Peut-on vraiment atteindre un débit Gigabit en Wi-Fi 802.11ac, via des blocs de 160 MHz ?
USB 3.0, Type-C avec Power Delivery
L'autre grande nouveauté peu évoquée est la conversion de Free à l'USB 3.0 (ou 3.1 Gen 1) et au connecteur Type-C. Pour rappel, ce dernier a l'avantage d'être compact, réversible mais aussi d'ouvrir de nombreuses possibilités comme l'Alternate Mode ou Power Delivery. Deux évolutions techniques utilisées par Free, notamment pour ses Freeplugs.
Ces éléments assurent pour rappel l'alimentation des boîtiers mais aussi leur interconnexion à travers le réseau électrique et les courants porteurs (CPL). Jusqu'à maintenant un duo de connecteurs venait assurer chacune de ces fonctions, ce n'est plus le cas. Un seul connecteur Type-C est désormais utilisé.
Il peut ainsi fournir jusqu'à 100 watts d'alimentation et assurer le lien réseau entre les boîtiers. Un débit de 1 Gb/s est annoncé. Xavier Niel a précisé lors de la conférence de presse que l'AV2-MIMO était utilisé pour obtenir un tel résultat.
Cette solution n'a pas été sans poser quelques problèmes. En effet, lors de nos échanges avec les équipes en charge de la conception de la Freebox, il nous a été précisé qu'un dispositif anti-boucle avait été intégré. Cela permet d'éviter les problèmes si jamais un utilisateur venait à connecter les Freeplugs ainsi qu'un câble réseau entre ses deux boîtiers.
Au final, trois ports USB 3.0 sont présents sur le boîtier Server de la Freebox Delta, qui arbore un design triangulaire (d'où le nom) imaginé par Jasper Morrison. Un Type-C est réservé à l'alimentation. Un Type-C et un Type-A sont présents sur la gauche du boîtier. La façade affiche l'heure et dispose d'un menu tactile (voir ci-dessus).
Jusqu'à quatre disques durs avec RAID...
L'un des plus gros défauts du boîtier Server de la Freebox Révolution résidait dans la constitution de sa partie NAS. Il était régulièrement critiqué parce qu'il n'intégrait qu'un disque dur et un port eSATA, sans possibilité de redondance. Ainsi, en cas de problème, toutes les données étaient perdues.
La Freebox Delta vient corriger ce problème avec la gestion du RAID 0, 1, 5 et 10 grâce à la possibilité d'intégrer jusqu'à quatre périphériques de stockage. Pour compléter le tout, un SoC à quatre cœurs ARMv8 Marvell est présent, ainsi que 2 Go de mémoire. « Les constructeurs de NAS se moquent un peu de vous avec les tarifs de leurs produits » nous confie un employé de Free, évoquant les caractéristiques très limitées des produits grand public, notamment chez Synology.
Ces sociétés font en effet surtout payer à prix d'or l'utilisation de leur interface propriétaire et de leurs services, en se reposant sur des solutions ARM ou Intel d'entrée de gamme. Une situation qui commence à irriter les clients tant elle évolue peu, Synology nous ayant récemment confié que les prochaines générations feront mieux de ce point de vue.
Un disque dur de 1 To est fourni par défaut dans la Freebox Delta, gratuitement lors de la commande (attention aux frais d'activation). Il appartient à l'utilisateur qui le garde même s'il rend sa Freebox. Une « astuce » qui permet de contourner subtilement la redevance pour copie privée, tout du moins le temps que les ayants droit adaptent leurs règles.
L'accès s'effectue à travers une trappe située sous la box, permettant d'insérer jusqu'à quatre périphériques au format 2,5" avec un connecteur S-ATA (jusqu'à 6 Gb/s). Un choix qui permet de garder un format compact et d'utiliser à la fois des HDD ou des SSD. Il sera ainsi intéressant de voir si, en complément du RAID, les équipes de Free permettent d'exploiter des emplacements comme cache et ainsi améliorer les performances.

... mais pas de quoi remplacer un vrai NAS ?
Tout l'enjeu sera d'ailleurs dans le travail sur l'interface Freebox OS. Si celle-ci a évolué pour s'adapter aux évolutions de la Delta, il y a sans doute encore un monde avec ce qui est proposé dans les NAS de QNAP ou Synology.
Cela tant sur les fonctionnalités de base et les différents protocoles de partage réseau que sur les outils et services complémentaires, proposés nativement par Free ou par des tiers. L'OS du serveur n'intègre ainsi pas à notre connaissance de boutique applicative, ne permet pas d'installer des conteneurs via Docker par exemple.
Oubliez donc le fait d'en faire un serveur d'hébergement pour un petit site, un endroit où utiliser vos services préférés en auto-hébergement et ainsi remplacer un Raspberry Pi. Seuls les services prévus et proposés par Free sont disponibles, un manque d'ouverture sur lequel le FAI peut décider de revenir, mais rien de tel ne nous a été annoncé pour le moment.
S'il faudra juger des évolutions sur pièces et sur la durée, la Delta apparaît toujours comme une première entrée dans le monde du NAS. Elle vous évitera de dépenser des centaines d'euros si vos besoins sont simplement de télécharger des fichiers et les partager sur votre réseau local. Mais elle ne remplacera pas un NAS que vous avez déjà à la maison.
La domotique pour les contrôler tous
Alors que le tout connecté envahit nos maisons, des assistants vocaux aux caméras et autres serrures (par exemple), Free ne pouvait pas faire l'impasse sur la domotique. Un secteur déjà exploré par SFR il y a quelque années, abandonné depuis.
Les équipes de Xavier Niel ont ici décidé de jouer sur deux tableaux, mais surtout d'en garder sous le pied afin de pouvoir s'adapter aux besoins des abonnés mais aussi aller plus loin si le dispositif rencontre un certain succès. Comme évoqué précédemment, le boîtier Server contient un module dédié à la sécurité, mais ce n'est pas la seule initiative en la matière.
La prédiction des équipes de Free, comme de beaucoup d'autres, c'est que le développement de l'internet des objets va rapidement mettre sur le devant de la scène celle de la sécurité. Plutôt que de simplement nous vendre une solution Bitdefender ou Norton (par exemple), un protocole ouvert a été développé, dont les caractéristiques seront bientôt publiées. Il vient encadrer tout le fonctionnement des objets connectés reliés à la Freebox : DomusRF.
« Tout est chiffré dès le départ » nous confie un employé ayant travaillé sur le projet, le lien entre la box et les objets pouvant se faire par NFC (un lecteur est présent sur le dessus du boîtier Server) ou via un QR Code par exemple.
Des protocoles tels que ceux de Somfy (RTS et IO Home Control) ont été intégrés à la box afin d'assurer une gestion native. Dans les cas des produits Philips Hue, cela se repose encore sur l'API Web exposée par le pont. L'application mobile de la Freebox doit être mise à jour d'ici peu, notamment pour apporter la gestion de ces appareils connectés.
Mais tout a été fait pour supporter n'importe quel protocole. SigFox est aussi là, pour assurer la communication bas débit du système d'alarme du pack de sécurité qui comprend également une caméra Wi-Fi 720p, une télécommande, un détecteur de mouvement (90°, deux piles CR123) et un détecteur d'ouverture (avec accéléromètre).
Comme le disque dur, ce pack est offert aux clients lors de leur commande (sous réserve du paiement des frais d'activation). Il sera également proposé à part. Ces produits peuvent fonctionner sans passer par une Freebox.
Alexa est là
Et pour se connecter à tout le reste, il y a Alexa. L'assistant vocal a été intégré au boîtier Player Devialet, permettant de profiter de ses fonctionnalités et notamment des centaines de Skills (comme commander des pizzas) ouvrant la compatibilité avec autant de services tiers, mais aussi de médias à travers les informations diffusées en audio, etc.
Cela évite à Free d'avoir à entretenir tout un écosystème alors que des solutions existent déjà. Pourquoi Alexa plutôt que Google Assistant ? « Parce que c'est le meilleur » assure Xavier Niel. Une manière, sans doute, de moucher par avance Stéphane Richard et Djingo, limité aux dernières nouvelles à quelques services partenaires et qui peine à sortir de terre.
La politique de Google doit aussi un minimum être en cause, la société préférant sans doute que son produit soit utilisé conjointement à Android TV plutôt qu'à un système maison et un assistant vocal « Ok Freebox » complémentaire.
Notez au passage qu'un bouton fait office de coupe-circuit, désactivant matériellement les quatre micros.
« Ce n'est que le début »
L'activation / gestion d'autres protocoles se fera selon les retours des utilisateurs, qui permettront de définir les priorités. Une manière de confirmer que le lancement de la Freebox Delta n'est qu'une première étape. Il faudra encore du temps avant que l'ensemble de ses possibilités ne soient complètement exploitées.
Une tendance évoquée par toutes les personnes que nous avons pu rencontrer, et qui concerne aussi bien le boîtier Server que le Player Devialet, les offres ou même les partenariats à venir. Free va sans doute scruter avec attention les premiers commentaires et retours des utilisateurs pour s'adapter et savoir où avancer au plus vite.
La réaction des concurrents sera aussi intéressante à analyser. Pour le moment, s'ils disent tous accueillir cette nouvelle offre sans trop de crainte, notamment du fait de son prix élevé, ils savent qu'ils devront proposer une alternative. Le premier à relever le défi sera Stéphane Richard, mercredi prochain.