La Freebox One devait être la digne remplaçante de la Révolution. On l'imaginait apporter de nouveaux services pour un tarif défiant toute concurrence. Avec ce produit monobloc, incomplet et une offre à 40 euros par mois, on est loin du compte.
Si la Freebox Delta a monopolisé l'attention lors des annonces de Free la semaine dernière, il ne faudrait pas oublier sa petite sœur dévoilée rapidement en fin de conférence : la Freebox One.
Sur le papier, ce modèle intermédiaire avait toutes les chances d'être une petite bombe. La Delta occupant le très haut de gamme, Il y avait en effet de la place pour une solution nouvelle génération, abordable, très intégrée qui serait la digne remplaçante des précédents modèles, à mi-chemin entre la Mini 4K et la Révolution.
Malheureusement, malgré quelques bonnes idées, plusieurs éléments font de cette Freebox One et de la proposition commerciale qui l'accompagne un ensemble qui ne marche pas. Et ce sera sans doute difficile à rattraper.
Notre dossier sur Free et les Freebox One/Delta :
- Notre suivi en direct de la conférence de Free
- Les défis de Free pour s'adapter au monde qui vient
- Freebox Delta, One, Révolution, mini 4K : tarifs, conditions et tableau comparatif
- Le Freebox Delta Server et ses révolutions, au-delà du 10 Gb/s
- Freebox Delta Player Devialet : « les gens veulent avant tout consommer des contenus multimédias »
- Freebox One : entre évolutions et déceptions
Tout-en-un, des options en moins
Commençons par la bonne nouvelle : la base technique de la partie multimédia est la même que la Delta. On retrouve ainsi le Snapdragon 835 (APQ8098) accompagné de 2 Go de mémoire et 32 Go de stockage. La sortie HDMI 2.1 (4K, HDR10, HDCP 2.2, e-ARC) est toujours là, tout comme d'autres avancées de sa grande sœur telles que l'USB 3.0 Type-C.
Un seul port est par contre présent, les deux autres étant des USB 2.0 (Type-A). Aucun n'est utilisé pour l'alimentation qui passe par un connecteur classique. Une entrée TNT est aussi de la partie. Une seule télécommande est livrée : le modèle gris soft touch à piles. La télécommande contextuelle est réservée à la Delta.
La première mauvaise nouvelle est aussi liée à la constitution de cette box : elle est monobloc. Il faudra donc trouver comment la placer près de la TV et d'une prise téléphonique – ou de l'ONT dans le cas d'une connexion FTTH – ce qui ne sera pas toujours très simple. Certains y verront un avantage, mais ils seront sans doute rares.
Free n'est pas le premier à avoir opté pour une telle disposition. Mais dans les cas de Bouygues Telecom et SFR, elle pouvait avoir du sens avec une connexion à terminaison coaxiale (le câble arrivant souvent près de la TV).
Cette Freebox One intègre donc un second SoC en charge du modem/routeur, bien moins véloce que celui de la Delta. Il exploite des cœurs ARM9 à 1,2 GHz, épaulés par 1 Go de mémoire. On perd également des fonctionnalités comme le NAS avec RAID, les réseaux domotiques/Sigfox, les assistants, le 10 Gb/s (WAN et LAN) et la connexion hybride xDSL/4G.
Ce dernier point est sans doute la plus grosse erreur de ce produit, qui aurait pu être utilisé pour généraliser cette solution au plus grand nombre. Pour en profiter, les oubliés de la fibre doivent opter pour la Delta à 50 euros par mois et le Player Devialet à 480 euros (sans parler des frais de mise en service et de migration). Incompréhensible.
Le reste de la connectique et de la connectivité est assez classique : Wi-Fi 802.11ac « jusqu'à trois fois plus rapide », Bluetooth 4.1, quatre ports RJ45 (Gigabit), un e-SATA pour un disque dur externe. La base DECT est intégrée.
Obligations, intégrations, déceptions
L'aspect tout-en-un de cette box se retrouve aussi dans sa commercialisation. Proposée à pas moins de 40 euros par mois, elle intègre l'abonnement Essentiel de Netflix. Elle ne devient intéressante que grâce à une promotion consentie la première année : elle passe alors à 30 euros par mois, Free précisant que cette offre est limitée à 100 000 clients.
Son positionnement est d'ailleurs étrange face à la Révolution, moins chère la première année (20 euros par mois), mais plus chère ensuite (45 euros par mois). Netflix n'est pas intégré, mais le bouquet TV by Canal l'est.
Autre différence fondamentale entre les deux Freebox : l'interface TV de nouvelle génération proposée sur la One. Il nous a néanmoins été confirmé que Free travaillait à son portage sur la Révolution. Le projet pourrait ne pas aboutir : tout dépendra des performances constatées au final par les équipes.
Du fait de l'aspect monobloc de la box, il n'est pas possible de s'abonner sans la partie multimédia. L'offre de Free manque donc toujours d'une offre avec un simple modem, hors de la Crystal dont la partie matérielle a plus d'une dizaine d'années et n'est pas compatible avec le VDSL, la fibre ou le Wi-Fi 802.11ac. Bref, il manque des alternatives.
Le problème de la nouvelle offre de Free
La Freebox One symbolise tout le problème dans l'évolution des gammes de forfaits du FAI. Proposer une offre très complète et chère comme la Delta permet de s'adresser à un nouveau segment de marché. Son existence se justifie même si elle est loin de convenir à tout le monde. De ce point de vue, la Delta paraît plutôt réussie.
Mais l'entrée de gamme doit évoluer. On aurait pu imaginer que la Mini 4K prendrait la place de la Crystal, avec la possibilité de commander ou non le boîtier sous Android TV. Mais rien de tel. Aucun nouveau boîtier ne s'adresse ainsi au segment à moins de 40 euros (hors promotion la première année), un symbole.
La Freebox Révolution avait besoin d'une digne remplaçante, avec un meilleur Wi-Fi, de nouvelles options, des services plus complets et adaptés au besoin des non fibrés. À la place, nous avons une Freebox One monobloc, sans lecteur Blu-ray, sans disque dur intégré, sans bouquet TV by Canal, sans l'intérêt d'une connexion hybride xDSL/4G... mais avec l'abonnement Essentiel à Netflix et une nouvelle interface. Le tout, à 40 euros par mois.
De fait, la One est surtout une version allégée et monobloc de la Delta, mais à qui il manque de sérieux atouts. Malgré ses évolutions matérielles évidentes, elle devrait avoir du mal à faire oublier la Révolution qui a pourtant déjà plus de huit ans. Pour le moment, elle met surtout en lumière le manque de cohérence de l'offre commerciale de Free.
Free face à Sosh : presque une inversion des rôles
Il est ainsi facile de lui préférer La boîte de Sosh, sans engagement et à 20/30 euros en xDSL/fibre, avec une remise de 5/15 euros la première année. Les appels vers les mobiles et le décodeur TV sont en option (5 euros par mois chacun). On peut donc se passer de ce dernier et s'abonner (ou non) à Netflix et/ou à un autre service de SVOD.
Certes, les débits sont limités à 300 Mb/s, mais sont le plus souvent suffisants et peuvent évoluer avec le temps. Au final, et à moins de vouloir toutes les options, on se retrouve avec une offre moins chère, plus modulaire, que l'on peut adapter à ses besoins. Avec plus de liberté et moins de frais. C'était la promesse initiale de Free (qui ne garde pour lui que le tout inclus), c'est désormais celle de Sosh. Sans doute l'ironie de l'Histoire.