Alors qu'AMD semble bien décidé à compliquer la vie d'Intel et de ses Core i5/i7 dans les semaines à venir, la gamme à moins de 150 euros aura encore du répit pour quelques mois. Cela tombe bien, certains processeurs Kaby Lake arrivent à tirer leur épingle du jeu dans ce segment.
C'est au début de cette année qu'Intel a annoncé sa « nouvelle » gamme de processeurs Kaby Lake pour ordinateur de bureau, ou Core de 7e génération. Celle-ci exploite le socket LGA 1151 et est accompagnée des chipsets de la série 200. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'y avait pas de quoi être impressionné.
Kaby Lake innove peu, Ryzen va lui faire mal (en prenant son temps)
Elle n'apporte presque pas de gain au niveau des performances, des améliorations mineures côté 3D/vidéo et sa finesse de gravure « 14 nm+ » est un terme que même Intel s'est refusé à utiliser dans sa présentation finale réservée à la presse.
Bref, si vous aviez déjà un processeur récent il n'y a aucun intérêt à changer pour ces produits qui ne doivent être regardés qu'en cas de nouvel achat. Et dans ce cas, l'arrivée prochaine des Ryzen d'AMD et leurs huit cœurs dès 370 euros a de quoi faire réfléchir. Autant dire que toute une partie de la gamme Core i5/i7 s'apprête à perdre grandement de sa superbe.
Heureusement pour le géant de Santa Clara, AMD a décidé d'y aller doucement. Ainsi, les Ryzen R5 (six cœurs) n'arriveront pas avant le second trimestre, alors que les R3 (quatre cœurs) et les APU sont attendus pour la seconde moitié de l'année.
Quelques surprises dans la gamme d'Intel
Mais lorsque l'on regarde d'un peu plus près la liste des processeurs annoncés par Intel, certaines références interpellent car elles constituent une évolution des pratiques du fondeur. Parfois, on se demande bien quel en est l'intérêt pour le consommateur moyen, comme avec le Core i3-7350K.
Voici en effet un processeur dôté de seulement deux cœurs à 4,2 GHz, 4 Mo de cache L3, avec un TDP de 60 watts et proposé à... pas moins de 190 euros. La raison ? Il dispose d'un coefficient débloqué, il est donc adapté à l'overclocking. Et ce, alors que sa fréquence de fonctionnement est déjà importante. Mais pour rappel, un Core i5-7400 avec quatre cœurs entre 3 et 3,5 GHz et 6 Mo de cache se négocie lui aussi à un peu moins de 200 euros.
Il faut dire qu'avec ses nouveaux processeurs, Intel a redonné du pep's à l'une de ses marques mythiques : le Pentium. Comme le Celeron, celle-ci avait souffert d'une image dégradée depuis qu'elle servait aussi bien à des puces « Core » que d'autres dérivées de l'Atom, bien plus anémiques et proposées dans des machines d'entrée de gamme.
Désormais, les Pentium G4xxx de la génération Kaby Lake disposent de deux cœurs, mais annoncent quatre threads. Un support de l'Hyper-Threading qui était jusqu'à présent réservé aux Core i3. Ces derniers voient donc leur intérêt diminuer, d'autant plus que leur tarif débute aux alentours de 135 euros avec le Core i3-7100, contre 75 euros environ avec le Pentium G4560.
Quelles différences ? Outre les fréquences ou le cache qui passe de 4 à 3 Mo, il est question de l'absence d'AVX 2.0/FMA3, de TSX-NI ou encore du support d'Optane (voir notre analyse). Autre changement, un peu plus important cette fois, la partie graphique est une HD 610 (12 unités de traitement) plutôt qu'une HD 630 (24 unités de traitement).
De son côté, un Celeron reste dépourvu d'Hyper-Threading, affiche une fréquence en général assez faible et voit son cache limité à 2 Mo.
Quel Kaby Lake choisir à moins de 150 euros ?
Bref, il n'y a pas de quoi fouetter un chat et cela ne devrait rien changer pour une majorité d'utilisateurs. De quoi se poser sérieusement la question : est-ce que le Pentium n'est pas le meilleur choix actuel dans la gamme Kaby Lake d'Intel ? Pour y répondre nous avons décidé d'opposer aujourd'hui trois processeurs, les plus accessibles de leur gamme :
- Celeron G3930 - 2C/2T - 2,9 GHz - 2 Mo : 50 euros environ
- Pentium G4560 - 2C/4T - 3,5 GHZ - 3 Mo : 75 euros environ
- Core i3-7100 - 2C/4T - 3,9 GHz - 3 Mo : 135 euros environ
Vous retrouverez le détail des caractéristiques de ces trois puces comparées via l'outil ARK d'Intel.
Nous avons testé uniquement des modèles issus du commerce, au sein de notre Mini PC ASRock DeskMini 110. Une machine qui se prête plutôt bien à de tels processeurs. Les relevés de consommation sont effectués à la prise. Nos tests se font sous Windows 10 Anniversary Update.
Crédits : David Legrand (licence : CC by SA 4.0)
Notez que le Celeron est livré avec un ventilateur Delta qui reprend le même design, format et base (sans cuivre) que le modèle Foxconn livré avec les Pentium et Core i3. Nous avons néanmoins effectué l'ensemble de nos tests avec ce dernier afin de pouvoir effectuer une comparaison dans des conditions parfaitement identiques.
Performances du CPU
Comme nous en avons historiquement l'habitude, commençons notre série de relevé par un outil un peu vieillot, mais qui a fait ses preuves : CPUmark. Celui-ci nous permet surtout de comparer les performances de nos processeurs sur des applications non optimisées et n'exploitant qu'un seul de leurs cœurs. Nous avons doublé ce test avec celui intégré à CPU-Z qui donne également un score sur un test exploitant l'ensemble des cœurs :
Ici, assez peu de surprises puisque l'on retrouve des écarts alignés sur les différences de fréquence, à un détail près le Pentium voit son score grimper de presque 40 % face au Celeron, soit deux fois plus que l'écart que l'on devrait constater. Ici, c'est l'Hyper-Threading qui fait son œuvre de manière plutôt efficace.
Passons ensuite à CineBench R15, qui est plutôt un grand classique. On obtient trois éléments : deux scores pour les tests effectués sur un puis tous les cœurs, et un ratio qui permet de voir l'évolution entre les deux :
Ici on voit que le ratio du Pentium est au niveau du Core i3, aux alentours de 2,6x, du fait de la présence de l'Hyper-Threading. Ainsi, le score du Pentium sur plusieurs cœurs grimpe de près de 65 % par rapport à celui du Celeron. Face au Core i3 on a par contre un résultat relativement proche avec un écart d'un peu plus de 10 %, au niveau de la différence de fréquence entre les deux modèles.
Terminons avec deux tests un peu plus « pratiques ». Dans le premier cas il s'agit de compresser 171 photos avec 7-zip dans son édition 64 bits, avec un algorithme qui utilise l'ensemble des cœurs. Dans le second cas, il s'agit de créer des fichiers de parité pour la vidéo Big Buck Bunny avec une redondance de 25 % et l'outil Par2cmdline 0.4 (64 bits), optimisé pour les CPU à plusieurs cœurs via Intel Threading Building Blocks :
Avec 7-zip on note des résultats plutôt bons pour le Pentium puisque le gain de temps est de près de 35 % par rapport au Celeron. Le Core i3 fait quant à lui seulement 8 % de mieux que le premier. Avec Par2cmdline, les performances sont parfaitement alignées avec le gain en fréquence.
Performances graphiques
Pour analyser les performances de la partie graphique intégrée au CPU, nous avons utilisé trois outils. Le premier consistait à effectuer un relevé pendant un « burn » Furmark. Ici, il ne faut pas s'attendre à obtenir de très gros scores, mais cela permet d'avoir une première indication.
Et pour cause : les Celeron et Pentium affichaient à peu près 7 fps, contre 13 fps pour le Core i3. Pour rappel, celui-ci dispose de deux fois plus d'unités avec son HD 630 plutôt que la HD 610. Cet écart se retrouve donc dans la pratique.
Nous avons ensuite cherché à le vérifier avec un titre assez peu gourmand tel que Diablo III. Et là encore on relevait une différence assez notable lors de relevés effectués en 720p puis en 1080p :
- Celeron / Pentium : 36 fps / 15 fps
- Core i3 : 68 / 34 fps
Reste néanmoins un bémol de taille dans ce score, qui est plutôt encourageant pour le Core i3 : nous n'avons pu l'obtenir que parce que toutes les options graphiques étaient au minimum. Autant dire que le jeu n'était pas à son avantage et que ces résultats effectués dans une scène un peu légère ne reflètent pas forcément le résultat que l'on retrouvera lorsque l'on sera pris dans un combat avec de nombreux ennemis.
Ainsi, à moins de vouloir jouer en 720p ou à des titres encore plus légers que Diablo III, en passant d'un HD 610 à un HD 630 on passe d'injouable à un peu moins injouable. Rien de bien transcendant, donc. Mais cela peut dépanner dans certaines situations.
Pour finir, nous avons effectué un relevé sous 3DMark, dans la scène Cloud Gate qui est pensée pour les machines dotées d'une puce graphique d'entrée de gamme :
Ici, le score global n'est pas tant à regarder que ses sous-scores qui sont un peu plus intéressants. On voit en effet que celui de la partie graphique est presque identique entre le Pentium et le Celeron qui utilisent tous deux un HD 610. Par contre, le HD 630 permet au Core i3 de faire un bond important, sans pour autant doubler la mise.
Le score physique, qui est le reflet des performances du CPU, est par contre assez proche entre Pentium et Core i3, avec un écart plutôt aligné sur leurs performances. Le Celeron, lui, reste loin derrière du fait de son absence d'Hyper-Threading.
Consommation
Analysons maintenant un dernier élément : la consommation de la machine avec nos différents CPU. Car être plus performant est une chose, encore faut-il le faire en étant efficace. Pour cela nous avons effectué quatre relevés : au repos, pendant le test multi-cœurs de CPU-Z, celui de CineBench R15 puis un burn Furmark.
Commençons par les tensions de fonctionnement qui ont une influence directe sur la consommation :
- Celeron G3930 : 0,712V / 0,904V / 0,904V / 0,824V
- Pentium G4560 : 0,752V / 0,944V / 0,944V / 0,808V
- Core i3-7100 : 0,704V / 1,088V / 1,080V / 0,816V
Comme on peut le voir, au repos, tous les trois ont à peu près la même tension, excepté le Pentium qui se voit appliquer une valeur un peu plus importante. Il en est de même pour le Celeron lors du burn Furmark. En charge CPU, on note un écart important entre le Pentium et le Core i3, alors qu'il est plutôt proche des valeurs du Celeron.
Voici maintenant nos relevés de consommation à la prise :
On note déjà que la consommation globale de la machine est relativement faible dans les trois cas. On se retrouve en effet avec un PC qui se contente de 10/15 watts au repos et de 30 à 45 watts en pleine charge, soit à peine plus que quelques ampoules.
Ensuite, on relève une petite subtilité : le Pentium G4560 consomme moins dans le test Furmark que dans Cinebench, ce qui n'est pas le cas des deux autres CPU. La raison est simple : dans ce dernier il active quatre cœurs logiques à 3,5 GHz, contre deux à 2,9 GHz pour le Celeron, ce dernier consomme donc forcément beaucoup moins (14 watts d'écart).
Au contraire, l'activation de la partie graphique a presque le même impact puisqu'il s'agit ici du même élément à la même fréquence. Ce n'est pas le cas pour le Core i3 qui contient deux fois plus d'unités de traitement, dont la mise en œuvre implique une consommation bien plus importante.
Dès lors, on arrive à une situation où le Celeron est très économe dès lors qu'il ne fait travailler que son CPU et où le Core i3 consomme fortement si sa partie graphique est sollicitée de manière complète. Le Pentium, lui, affiche à peu près le même résultat dans les deux cas.
Le Pentium plutôt que le Core i3
Au final, notre impression de départ semble donc bien être la bonne. Si vous cherchez à vous monter une machine avec un processeur qui soit à la fois efficace sans être trop coûteux, un modèle comme le Pentium G4560 semble tout indiqué. Il pourra tirer parti de l'Hyper-Threading et ses quatre cœurs logiques, tout en disposant d'une fréquence importante, d'une consommation mesurée et d'un tarif des plus raisonnables.
Le Celeron apparaît ainsi trop en deçà pour une économie de 25 euros environ. À l'inverse, passer au Core i3 fait quasiment doubler la dépense pour disposer de quelques options complémentaires seulement, dont on pourra aisément se passer. On voit d'ailleurs ici que la politique de segmentation à outrance d'Intel n'a guère d'intérêt car on voit mal un acheteur passer à un Core i3 dans la perspective de pouvoir utiliser un cache Optane ou bénéficier d'AVX 2.0.
Envie de jouer ? Mettez votre argent dans une carte graphique
Seule la partie graphique HD 630 pourrait faire la différence. Mais comme on a pu le voir, celle-ci n'apporte pas la puissance nécessaire pour profiter pleinement de jeux même assez peu gourmands.
Ainsi, la meilleure chose à faire semble donc de prendre les 60 euros économisés dans le CPU et de les investir dans une carte graphique avec une petite rallonge. Actuellement, une Radeon RX460 se trouve aux alentours de 110 euros, contre 130 euros pour une GeForce GTX 1050. Toutes deux vous permettront de jouer à de nombreux titres en 1080p dans de très bonnes conditions.