AMD indique que ses nouveaux processeurs Ryzen gèrent mieux leur fréquence, et intègrent des améliorations leur permettant de garder le leadership dans le domaine des CPU. Est-ce vrai dans la pratique ? C'est ce que nous avons cherché à vérifier.
AMD vient de mettre sur le marché quatre nouveaux processeurs, les Ryzen 5 2600(X) et Ryzen 7 2700(X), entre 200 et 330 euros. S'ils disposent d'une architecture identique aux précédents Ryzen, ils montent plus haut en fréquence grâce à une finesse de gravure en 12 nm, proposent de meilleures latences et une gestion bien plus efficace de leur fréquence.
Ils sont accompagnés du chipset X470, qui change peu de choses, mais fonctionnent sur n'importe quelle carte mère AM4 pourvu qu'elle soit à jour. Nous avons pu mettre la main sur les modèles 2600X et 2700X, optimisés pour les performances, afin de voir ce qu'ils ont dans le ventre.
Remplaçant le haut de gamme de l'offre d'AMD à partir du Ryzen 5 1600X, nous avons décidé de les opposer à celui-ci, ainsi qu'au 1800X (le plus véloce) et au 1700 (huit cœurs et bonne efficacité énergétique). Côté Intel, nous avons opté pour le Core i7 8700 qui n'est équipé que de six cœurs mais monte assez haut en fréquence et s'affiche dès 285 euros.
Notre dossier sur les processeurs Ryzen de seconde génération :
- AMD lève le voile sur ses Ryzen 5 2600(X) et Ryzen 7 2700(X) en 12 nm, dès 200 euros
- Pinnacle Ridge : tout ce qu'il faut savoir des Ryzen seconde génération d'AMD (12 nm) et du X470
- Que valent les Ryzen 5 2600X et Ryzen 7 2700X face au Core i7 8700 d'Intel
Les machines de test
Pour ce test, AMD nous a fourni une X470 Aorus Gaming 7 WiFi de Gigabyte avec une UEFI bêta, réservée aux testeurs. Nous préférons en général utiliser des versions publiques, qui reflètent forcément un fonctionnement identique à celui constaté par les clients.
Comme expliqué dans notre précédent article, cette dernière a été publiée tardivement : le F4d (AGESA 1.0.0.2a). Nous l'avons utilisé pour l'ensemble de nos processeurs AMD, qui ont tous été re-testés pour l'occasion.
Chez Intel, nous avons opté pour la carte mère Z370 qui nous sert de référence (achetée dans le commerce) : la ROG Strix Z370-I Gaming. Elle aussi était utilisée avec une UEFI à jour (et les optimisations maison désactivées) : la version 0615.
X470 Aorus Gaming 7 WiFi et ASUS ROG Strix Z370-I Gaming
Le tout était accompagné de 2x 8 Go de DDR4 GSkill @ 3,4 GHz pour les Ryzen, 3,2 GHz pour le Core i7 8700 d'Intel qui n'a pas accepté de fréquence plus élevée. La carte graphique était une GeForce GT 1030 fanless de MSI pour l'ensemble de nos tests, excepté les jeux. Nous utilisions alors une GeForce GTX 1070 Ti Founders fournie par NVIDIA.
La machine fonctionnait sous Windows 10 Fall Creators Update (RS3) avec tous les derniers patchs à la date de la semaine dernière. Les pilotes fournis par AMD étaient les derniers en date. Ceux de la carte graphique étaient les 391.35.
Notre volonté est de proposer le plus possible des tests que chacun peut reproduire assez facilement, et de privilégier des outils open-source. Certains sont utilisés conjointement avec des fichiers de référence dont voici la liste :
- Audio (50 chansons) :
- Petits fichiers (1626 photos/vidéos) :
- Gros fichiers (4 films) :
Performances - Benchmarks
Pour commencer, nous utilisons des outils classiques : CPU-Z, 3DMark, PCMark 10 et CPUmark 99. Il s'agit ici d'obtenir des scores faciles à reproduire et de premières indications de performances avant de passer à des tests plus concrets.
Nous utilisons aussi le test d'IA de Civilization VI qui analyse le temps nécessaire pour calculer un tour et le test CPU d'Ashes of the Singularity. Notez, dans le cas de PCMark 10, que nous relevons uniquement les scores qui exploitent le CPU, à savoir Rendering and Visualization, avec le résultat OpenCL lorsqu'une partie graphique est présente.
Nous reviendrons sur les performances dans les jeux dans un article spécifique.
Premier constat, les Ryzen 2000 font systématiquement mieux que les Ryzen 1000. Un résultat somme toute assez logique, mais c'est une première bonne nouvelle. Second point, le 2700X est systématiquement devant le 1800X. Là aussi c'était attendu, mais le vérifier ne coûte rien.
Le Core i7 8700 d'Intel s'en tire avec les honneurs, en étant en général plutôt proche des modèles à huit cœurs d'AMD, ce qui montre que son tarif n'est pas usurpé. Il sera d'autant plus intéressant à comparer au Ryzen 7 2700 lorsqu'il sera arrivé au labo. Comme toujours, il s'en tire particulièrement bien dans CPUmark 99, très peu optimisé pour les processeurs récents. Il se distingue également dans Ashes of the Singularity.
Performances - Compression, Rendu 3D & Compilation
On passe ensuite à des applications plus lourdes de rendus 3D. Ici nous utilisons Cinebench R15 pour référence, ainsi que Blender 2.79b en utilisant la scène BMW disponible par ici.
Blender est aussi notre outil de torture pour un autre test assez complexe et plutôt long : sa compilation (en suivant le guide disponible par ici). La procédure est effectuée sous Ubuntu de manière assez particulière puisque nous utilisons son intégration à Windows 10 (voir notre guide).
Nous relevons aussi spécifiquement le score Ray-Tracing de PCMark 10 qui indique le temps nécessaire pour effectuer un rendu avec POV-Ray. Enfin nous effectuons plusieurs tests de compression avec 7-zip 18.01. Nous relevons le temps nécessaire pour traiter l'ensemble de nos fichiers photo puis nos fichiers vidéo de référence, puis le score global obtenu au benchmark intégré à l'application :
Même constat ici : les performances des Ryzen 2000 leur permettent de se distinguer de la gamme précédente, le Core i7 8700 se rapprochant de son côté du Ryzen 7 1700. Les deux plus beaux scores d'Intel se remarquent dans le rendu POV Ray de PCMark 10 et le score de 7-zip.
Performances - Traitement multimédia
On passe ensuite au traitement de fichiers audio, photo et vidéo. Nous commençons par TAudio Converter 0.99 qui a l'avantage de gérer plusieurs cœurs et de traiter plusieurs fichiers à la fois. Ici, nous effectuons la conversion de nos fichiers WAV vers du Ogg Vorbis VBR9.
Nous utilisons ensuite XnView 2.40 sur l'ensemble de nos photos avec un programme maison qui nous permet là aussi de distribuer le traitement sur l'ensemble des cœurs (via nconvert). Nous finissons par Handbrake 1.1 où nous compressons la version 4K de Tears of Steel au format 1080p30 via H.264 et H.265. Nous effectuons un relevé du score à 20 % du traitement :
Ici, le Core i7 8700 se paie un double luxe : il passe devant le Ryzen 7 1700 dans Handbrake et s'approche même dangereusement du 1800X. Mais surtout, avec sa partie graphique intégrée et Quick Sync Video il peut atteindre un score de près de 60 fps, ce qui n'est pas possible avec les Ryzen.
Les deux autres tests placent néanmoins la puce d'Intel plutôt au niveau du Ryzen 7 2600X.
Performances - Chiffrement et mots de passe
Nous terminons par une série de tests avec des applications qui se focalisent sur le chiffrement et les questions de sécurité. VeraCrypt 1.22 ouvre le bal, avec son accélération matérielle via AES-NI et un benchmark via différents algorithmes. Nous l'utilisons avec un buffer de 1 Go.
Nous effectuons ensuite un test de chiffrement symétrique via GnuPG 2.2.6 avec l'ensemble de nos photos via un petit outil maison nous permettant d'exploiter l'ensemble des cœurs de la machine sur cette opération. Vient le tour d'OpenSSL à travers le bash d'Ubuntu intégré à Windows 10 (voir notre guide), pour mesurer les performances sur un thread, puis sur autant que le processeur compte de cœurs.
Nous terminons par le benchmark intégré à Aircrack-ng 1.2 RC4 que nous utilisons dans sa version classique puis optimisée pour SSE2, AVX et AVX2 et le cassage d'un mot de passe assez simple avec John the Ripper (1.8 Jumbo). Ce dernier utilise les cœurs de la machine de manière progressive, sans jamais aller jusqu'à la totalité :
Ici, Intel tire son épingle du jeu à quelques reprises. OpenSSL affiche comme souvent de très bons résultats avec le Core i7 8700 comparé aux solutions d'AMD. Il en est de même pour John the ripper ou Aircrack-ng. Notez néanmoins que dans ce dernier cas le score AVX2 est assez mauvais, le CPU se limitant systématiquement à 50 % d'usage.
Dans les autres tests, on se retrouve avec les mêmes scores que dans les tests précédents.
Quid de la consommation ?
Après une séance intensive de mesures de performances, faisons un point sur la consommation. Nous effectuons trois relevés à la prise : un premier au repos, un second pendant une série de tests mono-CPU de Cinebench R15 et le dernier pendant une seconde série de tests multi-CPU :
Ici on peut faire un premier constat concernant les Ryzen 2000 : ils affichent une consommation presque identique ou même parfois inférieure aux Ryzen 1000, tout en étant plus performants. L'utilisation conjointe du 12 nm et des améliorations de la gestion de la fréquence obtiennent donc le résultat attendu.
Pour autant, la consommation reste un peu élevée par rapport à la puce d'Intel, notamment au repos où les chiffres ne descendent pas sous les 45 watts environ, contre 35 watts pour la concurrence. Là aussi, en se limitant à la partie graphique intégrée du Core i7 8700 on peut grappiller encore un peu et passer sous les 30 watts.
Nous avons divisé le score obtenu sous Cinebench R15 par la consommation dans nos tests effectués sur un ou plusieurs cœurs afin de mettre ces résultats en perspective et vous permettre de mieux les comparer d'un CPU à l'autre :
Sans surprise c'est le Ryzen 7 1700 qui remporte la palme. Pensé pour être efficace d'un point de vue énergétique, il fait son office. Il sera intéressant de voir à quel point les 2600/2700 arrivent à faire mieux en la matière.
Les 2600X et 2700X montrent déjà une bonne amélioration, surtout avec un seul cœur utilisé, même si comme nous l'avons vu plus haut, cela se traduit surtout dans une hausse des performances, pas dans la baisse de la consommation. Intel affiche également un très bon score avec son Core i7-8700.
AMD marque des points, et garde l'avantage
Au final que faut-il penser de ces nouveaux Ryzen ? Valent-ils une mise à jour si vous êtes équipés d'un modèle de l'ancienne génération ? Pas forcément, le gain étant plutôt léger en termes de performances. On appréciera au passage la stratégie de plateforme stable d'AMD, même si cela demande de faire attention au moment de l'achat.
Pour un nouvel achat ou une évolution vers un modèle de la gamme supérieure, optez pour cette nouvelle gamme. Ils sont plus efficaces, plus performants, à un tarif très intéressant et systématiquement livré avec un ventilateur adapté. StoreMI peut être un plus si vous le souhaitez et que vous optez pour un modèle X470 côté carte mère.
Si ce n'est pas le cas, n'hésitez pas à regarder du côté des modèles B3xx qui sont en général bien plus abordables tout en disposant d'une connectique et de capacités suffisantes.
Que penser de l'offre d'AMD face à celle d'Intel maintenant ? La situation est différente par rapport à l'année dernière, le géant de Santa Clara ayant revu sa stratégie et largement amélioré sa grille tarifaire. Ainsi, les Core i7-8700 sont une piste à envisager. Si c'est la performance qui prime, misez sur un Ryzen 7 2700(X). Si c'est le tarif qui vous importe, le Ryzen 5 2600(X) sera sans doute un bon choix.
Là où Intel peut tirer son épingle du jeu, c'est dans des situations intermédiaires. Pour ceux qui ont une préférence naturelle pour la marque bien entendu (et n'ont pas peur de changer leur carte mère à chaque génération). Mais aussi ceux qui veulent un processeur performant sans avoir de besoins au niveau graphique.
Comme l'année dernière, il ne faut pas oublier que dans une machine bureautique, où une carte graphique n'est pas nécessaire, le coût de celle-ci peut être au désavantage des Ryzen d'AMD.
Mais un an après son retour sur le marché, et alors qu'elle démontre sa capacité à reprendre des couleurs d'un point de vue financier, AMD réussit son pari. Cette seconde génération n'est pas une révolution mais marque des points là où c'est important. Elle fait mieux, avec une grille tarifaire attractive et une offre plus claire, que demander de plus ?
Certes, ceux qui ont payé leur Ryzen 7 1800X près de 600 euros l'année dernière doivent un peu crisser des dents. Mais après tout, c'est aussi cela d'être un early adopter. Désormais la plateforme AM4 est mûre et elle le prouve. Intel doit définitivement s'attaquer aux années à venir en ayant à l'esprit qu'il a un concurrent sur le marché des CPU. Et qu'il ne compte pas lui faire de cadeaux.
À noter :
Certains processeurs Ryzen utilisés pour ce test, la carte mère Gigabyte ainsi que le kit de mémoire GSkill ont été mis à notre disposition par AMD. La GeForce GTX 1070 Ti a été mise à notre disposition par NVIDIA.