Le 15 août passé, de premières annonces qui ont vocation à rythmer la période du « Back to school » sont faites. Blade vient de son côté d'annoncer le Shadow Ghost et son offre de stockage supplémentaire. Ce, alors que le service étend sa présence aux USA... entre autres bonnes nouvelles.
Deux ans après son lancement et neuf mois après la mise en ligne de son offre ouverte à tous, Blade propose enfin la location de stockage supplémentaire, en complément des 256 Go intégrés à son PC dans les nuages : Shadow.
Une option dont la gestation aura été difficile, technologies et retards s'étant succédés. Mais le service approche de la maturité avec un site, des fonctionnalités et des applications évoluant dans le bon sens ces derniers mois. Ce, alors que la concurrence s'accentue et que la bataille du « cloud gaming » ne fait que commencer.
Mais la startup française, menée par Emmanuel Freund, continue de se positionner comme l'un des leaders du secteur, se déployant tant aux États-Unis que dans différents pays d'Europe. Il vient d'ailleurs de profiter de la Gamescom de Cologne pour annoncer l'arrivée du boîtier Ghost.
Premiers partenariats et croissance continue
Ces derniers mois, Blade s'est faite discrète. Pourtant la société a beaucoup évolué, tout comme son service, par petites touches. L'équipe approche désormais des 150 personnes et se veut plus structurée. Un nouveau déménagement des bureaux parisiens est d'ailleurs en cours pour doubler la surface disponible (1 300 m² environ).
Depuis novembre 2017 et le lancement des offres publiques, il a surtout été question des partenariats, comme ceux signés avec Orange et LDLC. La boutique en ligne propose ainsi des abonnements et des packs construits autour de l'offre Shadow. Pour rappel, son président Laurent De La Clergerie est actionnaire à titre personnel.
Outre des concours récurrents et la mise en avant dans les boutiques, cet accord avec le revendeur a donné lieu fin juin à la création d'une nouvelle section dans l'interface utilisateur : les codes promo. Actuellement, on y trouve deux remises (de 20 à 30 %) pour l'achat d'un écran AOC ou de certains produits Corsair, associés au dispositif.
Mais l'on imagine que d'autres bons plans similaires pourront y apparaître à l'avenir.
Sauvegarde et réinitialisation en ligne
En marge de la boutique mise en place en novembre, le site de Shadow a encore beaucoup évolué et semble désormais atteindre une certaine maturité, tant dans la présentation que dans les options proposées. L'interface ne s'est pas enrichie que de quelques réductions.
Une fois connecté, on retrouve un menu à gauche avec les différentes sections, dont certaines attendues. C'est le cas de Mon Shadow qui permet réinitialiser, sauvegarder ou restaurer la machine distante sans avoir à passer par le support. Il y a néanmoins quelques contraintes :
Pour une sauvegarde, la machine doit préalablement être éteinte, l'opération étant presque instantanée. Si l'on apprécie que l'espace occupé ne soit pas décompté du quota de l'utilisateur, on regrettera que chaque élément ne soit conservé que pour quatre jours. On ne peut pas non plus créer de sauvegardes multiples ou régulières.
La réinitialisation, elle, ne demandera que quelques minutes. Vous retrouverez alors votre machine à son état d'origine, sans vos données, dans la phase finale de l'installation de Windows 10. Non, Linux n'est toujours pas disponible.
Le prélèvement SEPA et les P5000 sont là
D'autres détails sont notables, comme la possibilité de passer par un prélèvement SEPA plutôt que la carte bancaire pour le paiement, ce qui évite la mise à jour de vos informations au renouvellement.
Dans la section consacrée à votre abonnement, vous retrouvez toujours de manière claire le type d'engagement, la date de renouvellement et le montant payé chaque mois. L'offre de parrainage est toujours de la partie via un code à partager, avec 10 euros de remise (pour le parrain et le parrainé) pour chaque abonnement initié.
Pour rappel, l'offre inclut toujours un accès distant à une machine disposant d'un processeur Xeon 4C/8T (E5-2667v3), 12 Go de DDR4, 256 Go de SSD et une carte graphique NVIDIA équivalente à une GeForce GTX 1080. NVIDIA a en effet poussé la société à utiliser des modèles spécifiques aux serveurs, des P5000 (voir notre précédente analyse).
Après une phase de transition, elles sont désormais utilisées pour les nouveaux clients. Il nous a été confirmé que plusieurs milliers d'entre eux en sont équipés. Concernant les nouvelles GeForce et autres Quadro RTX, aucun plan ne semble défini pour le moment, les cartes venant seulement d'être annoncées.
Il sera néanmoins intéressant de voir dans quel délai et sous quelle forme la société permettra à ses clients d'y passer. Ce ne sera sans doute pas avant l'année prochaine. Pour rappel, un Shadow Ultra avec des composants supérieurs avait été évoqué. Il s'agit toujours d'un projet en cours, qui ne verra le jour qu'après l'application de correctifs de performances.
Unification et évolution des applications
Car l'accès peut s'effectuer via une box maison, amenée à évoluer (nous y reviendrons), ou l'une des applications proposées par le service. Ainsi, on peut transformer un vieux PC ou un appareil mobile en machine puissante sous Windows, capable de faire tourner n'importe quel jeu récent, pour peu que la connexion le permette.
Ces clients logiciels sont disponibles pour Android, macOS et Windows (32 ou 64 bits). Des versions bêta sont également fournies à ceux qui le souhaitent. C'est notamment le cas d'une version destinée à Ubuntu (17.10 ou 18.04). Celle consacrée à iOS fait toujours l'objet d'essais privés, via TestFlight.
Pour rappel, dans le cas du mobile, une interface spécifique est mise en place : Shadow Beyond. L'objectif : donner un accès direct à certains contenus comme la musique, les films ou les jeux.
Le débit recommandé pour profiter pleinement d'un PC « dans le cloud » Shadow est de 15 Mb/s, les clients fournissent un débit automatique ou des possibilités allant de 5 à 50 Mb/s. La mouture 1.0.15, qui occupe le canal stable en ce moment sous Windows, propose d'utiliser H.265 pour disposer d'une meilleure compression. Mais cela nécessite une machine un minimum pêchue.
Là aussi, tout est désormais un peu mieux segmenté, avec une possibilité de réinitialiser les paramètres, de lancer un test de débit ou l'accès au compte qui se font de manière discrète. Les news sont toujours présentes, mais masquées par défaut. Le bouton principal, permettant de démarrer la machine distante, est accompagné d'une flèche depuis laquelle on peut l'éteindre, redémarrer Windows, ou relancer le flux vidéo.
Ces derniers mois ont été l'occasion de travailler sur ce point, mais aussi d'autres fonctionnalités pour en arriver à la mise à jour Mithrandir, diffusée en deux parties. La plupart des ajouts restent néanmoins en test comme l'activation du micro, le changement de langue, la garantie des transmissions (au détriment de la latence), l'USB à distance, la qualité automatique ou l'adaptation automatique à la définition de l'écran local.
L'équipe de Blade a aussi cherché à retrouver un niveau correct de performances après des mois de correctifs et d'adaptations pour accueillir les nouveaux clients et leurs différentes configurations. Un chantier toujours en cours, tant sur le CPU que sur le GPU, mais de grands pas ont déjà été effectués.
C'est le cas pour l'identification d'une machine Shadow comme un système de triche par certains jeux. Ici, le problème venait de la transmission des entrées, qui passait par la reproduction des actions sur la machine distante. Depuis août, un pilote spécifique a été mis en place pour que ces informations soient directement transmises, sans générer d'appuis sur des touches ou des clics fictifs.
Dès septembre, une mise à jour plus importante devrait voir le jour en bêta. Elle unifiera toutes les applications pour disposer d'une parité d'interface et de fonctionnalités sur les différents systèmes d'exploitation. Le copier-coller distant devrait également arriver rapidement.
Pour Emmanuel Freund, les ventes se portent bien, mais l'enjeu actuel n'est pas tant d'accueillir des wagons de nouveaux clients que d'améliorer la satisfaction des actuels. Sans cela, leur départ pourrait casser la dynamique positive de la croissance de Blade.
Initier de nouveaux usages
C'est l'un des enjeux de cette rentrée qui doit être le signe d'un retour aux sources et à une dimension plus communautaire des fonctionnalités mises en place. Ainsi, outre le nouveau client et une amélioration des performances et de la latence, notamment via une réécriture du système de streaming, c'est un nouveau genre de fonctionnalités qui sera testée.
Les annonces sur ce point sont restées volontairement vagues mais quelques possibilités ont déjà été évoquées, comme le partage d'écran, contrôle de la machine à distance. Ici, l'idée n'est pas de permettre à un ami de vous dépanner sous Paint, mais bien d'assister aux parties d'un utilisateur ou de lui montrer une manipulation par exemple. Des services déjà vus, notamment dans les consoles.
On imagine aussi qu'une forme de jeu local entre instances pourrait être favorisée, pour renforcer l'aspect communautaire entre les clients utilisateurs de Shadow. Là aussi, on a déjà vu des concurrents s'y essayer.
Tout cela devrait arriver assez rapidement dans le canal bêta, l'équipe cherchant des retours clients, afin de connaître les idées à conserver, les évolutions nécessaires ou les rejets potentiels. Des évolutions comme l'AR/VR sont également à l'étude, à plus long terme.
Et pour ce qui est des changelogs détaillés, version par version, ça s'améliore.
Communication, communauté et Shabane
Cela tient d'ailleurs à une autre rationalisation : la façon dont Blade s'exprime. Créée par des geeks passionnés, pensée pour des joueurs, la société avait parfois tendance à partir tous azimuts. Désormais, si elle exploite toujours une multitude de canaux, elle semble mieux en tirer parti.
Les emails servent à un point régulièrement sur l'évolution du service, en complément de Discord. Twitter permet de distiller des informations rapides ou de fédérer autour d'un évènement. On note par contre que le grand ménage a été fait sur YouTube, où tout le passé de Shadow est en privé, au profit de quelques vidéos décalées, publiées cette année.
Désormais la société mise de manière croissante sur Twitch, notamment pour ses points hebdomadaires. Pour diffuser l'information de manière positive, la société compte toujours autant sur sa communauté, entre autres les influenceurs qui accompagnent le projet (dont certains sont actionnaires). Cela concerne également le programme REC pour les créateurs ou SUP pour les universités, qui vont entrer dans leur seconde saison.
Autre décision qui semble avoir été prise : réduire la voilure sur les opérations de communications, notamment à travers les influenceurs et les opérations sponsorisées, selon le patron. Là aussi, la recherche de la satisfaction du client plutôt que de la croissance semble avoir un effet direct.
Un blog a fait son apparition et Emmanuel Freund intervient de manière croissante pour parler non plus du service, mais de son expérience de PDG, comme il l'a fait à VivaTech ou dans différents médias ces derniers mois. Il s'est aussi isolé avec une partie de l'équipe dans la « Shabane ».
Un lieu externe aux locaux de Shadow, toujours en région parisienne, qui permet de travailler de manière plus efficace sur des correctifs et autres fonctionnalités spécifiques. L'une des leçons de ces derniers mois semble être que l'évolution ne viendra pas de plus de développeurs, le traitement de nombreux projets en parallèle nécessitant une croissance de la structure d'encadrement. L'idée est donc de laisser une plus grande liberté à un noyau très motivé.
Ainsi, plutôt que de les noyer dans les process et la gestion d'équipe, ils se retrouvent en petite équipe, se focalisent sur des points précis et avancent vite, pour ensuite passer le relais. Le produit restant unique, cela ne pose pas de problème outre mesure. Ces derniers mois, l'unification du client ou le travail sur la performance y ont été traités.
Shadow y développe également ses procédures de test à base de robots tapoteurs et autres perturbateurs de connexion internet pour analyser la latence, l'impact sur les performances de sa solution face à la concurrence. Le programme Insiders, qui permettait des tests avec une centaine de comptes ayant accepté de souffrir sur des versions alpha, devrait également être étendu pour que la petite équipe travaille dur sur les grandes évolutions du moment.
Enfin, le stockage (hybride) en location
S'il y avait bien un gros point noir dans l'offre de Blade, et l'évolution de Shadow, c'était bien le dispositif utilisé pour le stockage. D'abord local (au sein du serveur), il a été externalisé devant le besoin d'évolution et la création d'options. Et là... ce fût le drame.
Tout au long de l'année dernière, différentes solutions ont été testées, sans vraiment réussir à convaincre. Lors de nos différents échanges pour préparer cet article, plusieurs personnes nous ont confié leur étonnement face aux choix de la startup et de son équipe sur ce point au fil des mois. Finalement, tout devait être bouclé avant l'été, mais des soucis de dernière minute sont là encore venus bousculer les plans.
Finalement, c'est vendredi dernier que tout a été mis en place. Ainsi, les 256 Go de l'offre de base sont composés de SSD et il est possible d'acheter une extension de 1 To pour 2,95 euros par mois. Une extension qui n'est accessible que dans l'interface utilisateur, pas encore dans la phase d'abonnement.
Détail qui n'est pas toujours mis en avant par la société : il s'agit cette fois de stockage hybride. Ainsi, ce sont des disques durs qui disposent d'un cache frontal de type SSD. Les performances entre les deux espaces ne seront ainsi pas totalement identiques, mais Blade promet qu'elles seront très bonnes.
Le tarif annoncé pourrait évoluer à la hausse à l'avenir (excepté pour ceux y ayant déjà souscrit), et différentes options être mises en place, mais aucun détail n'a été donné sur le sujet. Le montant de départ par To était ainsi d'un peu moins de dix euros par mois, l'équipe l'ayant finalement divisé par trois pour « remercier la communauté de sa patience ».
De plus, les premiers abonnés ont un tarif préférentiel : gratuit (early birds) ou 1,95 euro (avant novembre 2017). Notez que l'activation nécessite une confirmation, la machine devant être éteinte pour la procédure. Elle intervient très rapidement même si l'équipe se laisse un délai de 24 heures.
Une confirmation est envoyée par email, le disque secondaire étant alors accessible via la lettre V:/
Une nouvelle box avec USB 3.0, Bluetooth, Wi-Fi et 144 Hz. Quid du double écran ?
Ce stockage hybride n'est pas la seule nouveauté. Une autre vient d'être lancée à l'occasion de la Gamescom, le plus grand salon européen consacré aux jeux vidéo qui se tient actuellement à Cologne. Il est question d'un nouveau boîtier au design plus sobre, qui se veut aussi plus complet : le Shadow Ghost.
Un tel projet était dans les cartons depuis quelque temps déjà, mais la société communiquait surtout publiquement sur ses jeux de coloris avec l'ancien produit. Finalement, cette nouvelle mouture sera blanche et noire, et fait la part belle aux courbes plutôt qu'aux lignes droites. Une LED rouge (pas RGB ?!) semble toujours de la partie.
Blade ne détaille pas ses caractéristiques techniques. Impossible pour le moment de savoir quel SoC et quelles puces composent cette nouvelle machine. Tout juste nous promet-on qu'elle gère le HEVC (H.265), la 4K Ultra HD à 60 Hz et le Full HD jusqu'à 144 Hz. Le tout, via un port HDMI 2.0 et plus un DisplayPort.
La possibilité de connecter plusieurs écrans n'est ainsi plus évoquée par Blade. Pour rappel, la précédente Shadow Box comportait deux sorties DisplayPort, notamment pour tenir cette promesse parfois évoquée par Emmanuel Freund comme « la punition de Shadow ».
Mais l'équipe déclarait avoir rencontré des soucis avec les pilotes AMD lors de l'évolution de son offre, puis des soucis de performances via la nouvelle solution exploitation OpenGL. Finalement, cela semble toujours prévu une fois les applications unifiées... à moins que cela ne soit finalement abandonné.
Dans tous les cas, avec une seule sortie vidéo, la Ghost ne devrait pas en profiter :
L'USB 3.0 (Type A) fait également son entrée, via deux ports, en complément de deux autres à la norme USB 2.0. Le port réseau Gigabit est désormais accompagné du Bluetooth 4.1 et du Wi-Fi 802.11ac double bande (jusqu'à 400 Mb/s). Ce Shadow Ghost pèse 190 grammes pour des dimensions de 182 x 153 x 50 mm.
L'équipe insiste sur son refroidissement passif et le silence qui en découle. L'évolution des composants a semble-t-il permis de réduire la chauffe et donc, la consommation. Elle serait « plus de 3 fois moins gourmande que la Shadow Box », là aussi sans plus de détails. L'alimentation fournie annonce 12 volts pour 3 ampères, soit 36 watts. Elle ne consommerait néanmoins que 5 watts pendant les phases de jeu. Et Blade de livrer ses chiffres :
« Soit 30 fois moins qu'un PC local équivalent ! Pour un profil de gamer, cela représente une économie moyenne d'électricité de 98€/an, en France (résultats mesurés et validés par une étude AFNOR en 2018). »
Elle va remplacer la Shadow Box actuelle, pour le même tarif : 7,95 euros par mois en location ou 119,95 euros à la vente. Elle sera proposée en France, Suisse, Belgique, Luxembourg, Angleterre et en Allemagne dans un premier temps, « puis très vite aux États-Unis ». Les partenaires, comme LDLC et Orange, devront également attendre pour pouvoir la proposer.
La date de disponibilité exacte n'est pour le moment pas donnée, pas plus que les conditions de migration pour les clients actuels (early birds ou non). Un montant d'échange est bien évoqué, mais il « sera communiqué ultérieurement ». Bien entendu, il sera possible d'acheter un Shadow Ghost si vous possédez déjà un boîtier de précédente génération (Box).
Nouveaux pays, extensions aux USA et offre pour les étudiants
Une offre destinée aux étudiants pourrait également faire son apparition. C'est en tous cas le sens d'un questionnaire diffusé au début de l'été. De quoi accompagner l'arrivée de la nouvelle saison du programme Shadow University Program.
L'offre d'essai, victime de son succès au début de l'année, n'a pas encore fait son retour. Espérons que là aussi la rentrée sera l'occasion d'une nouvelle saison. Emmanuel Freund préfère attendre la refonte de l'on-boarding des utilisateurs pour cela. Pour rappel, cette offre permettait de tester le service pendant cinq jours pour cinq euros, sans engagement particulier. Un point important pour ceux qui hésitent, notamment en raison de leur connexion.
Outre ces changements, Blade a récemment indiqué s'étendre à la côte est des États-Unis (via New York), en complément de San Francisco. Son équipe de Palo Alto, gérée par le cousin du PDG, déménage aussi pour s'adapter à cette expansion au sein du pays de l'oncle Sam.
Il ne s'agit d'ailleurs que d'une étape puisque d'autres pays devraient suivre. Une page internationale a ainsi été mise en ligne, permettant de s'inscrire pour être tenu informé lorsque le service arrivera dans tel ou tel pays. La prochaine ouverture semble prévue à Amsterdam, de nouveaux datacenters étant attendus en Allemagne et aux USA.
De quoi assurer une redondance et servir au plus près de l'utilisateur dans ses déplacements. En France, deux datacenters, celui d'origine et le second créé l'année dernière, sont toujours en place en région parisienne.
Vendre ou ne pas vendre, telle sera la question
Cette croissance devrait plaire aux investisseurs, mais cache une autre problématique : la montée en puissance de la concurrence, avec l'arrivée prochaine de gros acteurs dans la partie.
NVIDIA est ainsi déjà bien présent avec GeForce Now, Ubisoft a déclaré qu'il croyait dans l'avenir du streaming, Google Yeti est en préparation, Microsoft travaille également sur ce terrain. Même EA commence à évoquer cette possibilité. Outre les concurrents actuels de Shadow, de Parsec à Liquid Sky, en passant par Vortex ou Blacknut, ils sont désormais nombreux à miser sur cette évolution dans les dix prochaines années.
Il y a fort à parier que peu subsisteront. Les appétits s'aiguisent et l'on peut se demander si la société ne sera pas tentée de s'associer à un constructeur, ou de fournir ses services à des éditeurs qui prendront une participation à son capital pour conserver une bonne place dans la course au « Cloud gaming », désormais bien lancée.
Blade semble d'ailleurs à nouveau en train de lever des fonds, sans doute pour accélérer l'ouverture de nouveaux pays, si l'on en croit les différentes déclarations d'Emmanuel Freund.
Comme souvent, ce sont la taille sur le marché et le savoir-faire qui feront la différence. Sur ce dernier point, Blade semble avoir un temps d'avance et travaille d'arrache-pied pour le garder. Mais cette course sera de plus en plus difficile. Il faut donc croître et se rendre incontournable. C'est aussi sans doute pour cela que la question de la rentabilité des offres, parfois questionnée par certains, n'est pas encore l'essentiel.
Ici, c'est la personnalité même d'Emmanuel Freund qui pourrait faire la différence. Il a toujours montré son attachement à l'indépendance de sa société, « son bébé ». Outre la volonté parfois mise en avant de « conquérir le monde avec un laser géant » ou de devenir « la boite française qui veut être plus grande que Google », il semble être attaché à la volonté de garder une structure où l'innovation reste essentielle, mais surtout « faire une boîte qui a une âme ».
Reste à voir si les mois et années à venir n'auront pas raison de cette volonté et de cet attachement. Car tout enfant doit un jour ou l'autre quitter le nid et prendre son envol, pour son bien comme pour celui de ses parents. Et l'évolution de marchés comme celui du jeu vidéo pourrait bien n'avoir que faire des idéaux affichés par le patron français.