Afin de préparer la rentrée et les annonces de ses partenaires, Intel lève le voile sur de nouveaux processeurs. Ici, pas de révolution, mais une simple évolution des gammes précédentes face à une concurrence qui s'accentue.
Sur le terrain de la mobilité, Intel subit des attaques sur deux fronts. Tout d'abord de la part d'AMD, qui est de retour sur le cœur de gamme avec ses puces Ryzen Mobile. Elles ont l'intérêt de s'adresser aux constructeurs qui veulent proposer des machines à moins de 1 000 euros, parfois ultra-fines, avec de bonnes performances tant du côté CPU que GPU.
Les défauts des CPU d'Intel utilisés par ses concurrents
Côté TDP, il faut compter 15 watts (configurable entre 9 et 25 watts), ce qui est plutôt raisonnable. Des déclinaisons professionnelles sont aussi prévues, ce qui permet à AMD d'aller aussi attaquer le marché des entreprises où Intel règne en maître grâce à un écosystème complet, avec des marges assez confortables.
Autre secteur où le géant de Santa Clara est contesté : celui de l'ultra-mobilité. Cette fois c'est ARM et Qualcomm qui mènent la danse avec des « Always connected PC » qui annoncent jusqu'à 20 heures d'autonomie avec 4G intégrée. L'idéal pour ceux qui n'ont pas toujours un chargeur sous la main et sont souvent en déplacement.
Après une première génération annoncée l'année dernière et mise sur le marché ces derniers mois, une seconde devrait arriver sous peu avec le Snapdragon 850, dévoilé lors du Computex de Taipei. Ici, Intel voit l'un de ses alliés historiques jouer le jeu de la nouveauté, puisque Microsoft est partenaire de l'initiative avec son Windows 10 on ARM.
Heureusement pour le père des Pentium et autres processeurs Core, certains éléments jouent en sa faveur.
Profiter de l'inertie du marché pour proposer de nouveaux produits
Tout d'abord, les habitudes du consommateur et des DSI prennent du temps avant de changer. On leur a martelé pendant des années qu'il valait mieux éviter de se pencher sur les processeurs d'AMD, notamment dans le domaine des portables, il faudra donc du temps pour que le discours inverse trouve sa place.
Cela incite les constructeurs à ne pas mettre le paquet, surtout qu'ils ont déjà largement été échaudés sur le terrain des machines à base d'AMD hors de PC à très faible coût. C'est sans doute ce qui explique que l'on trouve encore peu de portables équipés de puces Ryzen Mobile, notamment en France.
Du côté d'ARM, les attentes étaient fortes mais la réalité a frappé. Les performances ne sont pas toujours au rendez-vous et les prix parfois un peu élevés. Autant dire que tout le monde ne risque pas se jeter sur des machines à 700 euros simplement pour disposer d'une bonne autonomie et d'un modem 4G.
Intel a encore du temps avant que les attaques de ses concurrents ne mettent vraiment à mal sa position, mais cela viendra. D'ici là, il faut donc faire évoluer la gamme de produits, parfois par petites touches.
Wi-Fi plus rapide et USB 3.1
C'est l'objectif du lancement du jour avec la nouvelle (nouvelle) gamme de processeurs Core de 8ème génération pour PC portables composée de deux types de puces : Whiskey Lake (U Series) et Amber Lake (Y Series).
Elles viennent compléter l'offre Kaby Lake Refresh lancée l'année dernière avec un nombre de cœurs doublés. L'idée est une fois encore d'afficher une série de nouveautés pour les partenaires à la rentrée. Elles seront évoquées pour une bonne partie à l'occasion de l'IFA de Berlin qui ouvre ses portes à la fin de la semaine.
Mais qu'est-ce que ces puces apportent ? Passons sur la présentation d'Intel qui vous promet d'être plus créatif et de mieux vous focaliser grâce à ces nouveaux processeurs, entre deux promesses de performances doublées (par rapport à un PC d'il y a cinq ans). Attardons-nous plutôt sur les nouveautés concrètes, qui concernent notamment la plateforme.
L'USB 3.1 fait ainsi son entrée, comme sur l'offre destinée aux PC de bureau. Il en est de même pour le « Gigabit Wi-Fi », avec la subtilité habituelle. En effet, cette dénomination désigne l'utilisation de blocs de 160 MHz plutôt que 80 MHz, permettant de passer d'un débit théorique de 867 Mb/s à 1733 Mb/s.
De telles solutions sont déjà présentes dans des ordinateurs portables via les puces Wireless-AC 9260 ou AC-9560 d'Intel ou AC-1550 de Killer, qui prennent alors la forme d'un module M.2. Ce qu'annonce ici Intel, comme il l'a déjà fait avec Gemini Lake ou son futur Z390, c'est l'intégration d'un élément au chipset (CNVi, pour Connectivity Integration) permettant l'utilisation d'un Companion RF Module (CRF), plus compact.
Si le géant de Santa Clara insiste ainsi sur la connectivité renforcée, c'est pour masquer le manque principal de son offre face à un concurrent comme Qualcomm et ses SoC très intégrés : il n'est toujours pas question de 4G native ou même d'une intégration simplifiée des modems XMM maison. À l'heure du tout smartphone, c'est regrettable.
Intel dit par contre avoir travaillé sur son DSP audio, équipé de quatre cœurs, afin d'offrir une meilleure expérience, mais aussi s'adapter à la montée en puissance des assistants vocaux intégrés à nos machines. Pour le reste, on retrouve de l'USB 2.0/3.0, du S-ATA 6 Gb/s, Thunderbolt 3, le support de la DDR4 ou de la LPDDR3 sur deux canaux, la gestion de deux sorties vidéo DP1.2/HDMI 1.4, etc.
Intel a tardivement confirmé que Whiskey Lake-U intégrait des correctifs pour une variante de Meltdown et L1TF (sans en préciser la teneur). Ce n'est pas le cas d'Amber Lake. D'autres arriveront avec Cascade Lake.
« Jusqu'à 16h d'autonomie »
Intel annonce également une amélioration de l'autonomie, mais cela dépendra sans doute plutôt de l'intégration des partenaires et donc des différentes machines mises sur le marché. Un maximum de 16 heures est évoqué, reste à vérifier ce chiffre, même s'il y a peu de chances que ce soit le cas avec une utilisation classique.
Intel évoque une machine exploitant un Core i7-8665U à 15 watts de TDP avec une batterie de 52 Wh et un écran Sharp ne consommant qu'un watt (la luminosité n'est pas précisée). Le test effectué était une simple lecture de vidéo 1080p (débit non précisé) stockée au sein du portable :
Six nouveaux processeurs
Du côté des puces annoncées, on retrouve une nomenclature assez proche de Kaby Lake Refresh dans la série U. Il faudra ainsi être attentif aux derniers chiffres : 45 ou 65.
Les Core i5-8265U et i7-8565U ont droit à quatre cœurs et huit threads, avec un cache de 6 ou 8 Mo, et une fréquence Turbo qui atteint 3,9 ou 4,6 GHz selon les cas. Ici, Intel va plus loin qu'avec la gamme précédente, sans doute pour marquer un peu plus sa différence avec les Ryzen Mobile d'AMD.
Une stratégie de montée en fréquence Turbo déjà utilisée sur le marché des machines de bureau. Le Core i3-8145U, lui, devra se contenter de deux cœurs (quatre threads) à 3,9 GHz en Turbo. Sa fréquence de base devrait en partie compenser cette baisse avec 2,1 GHz, contre 1,6/1,8 GHz pour les autres modèles :
Kaby Lake Refresh (à gauche) - Whiskey Lake-U et Amber Lake-Y (à droite)
La série Y aura pour sa part comme objectif de proposer une alternative aux puces ARM, avec un TDP de 5 watts (configurable de 3,5 à 8 watts selon les cas).
Intel reprend d'ailleurs ici sa dénomination Core m3 pour le plus petit modèle, afin de symboliser cette différence. Mais outre ses fréquences de fonctionnement, il se distingue assez peu des Core i5-8200Y et i7-8500Y. On pourrait d'ailleurs assez facilement contester ces références, pouvant être trompeuses pour un consommateur qui pourrait y voir des évolutions importantes d'un modèle à l'autre.
Or il n'en est rien puisque l'on passe de 1,1/3,4 GHz avec la puce la moins performante à 1,5/4,2 GHz pour la plus véloce. Le nombre de cœurs, le cache ou même le type de mémoire utilisé n'évoluent pas. On relèvera là encore assez peu de changement depuis la précédente gamme Kaby Lake (Core de 7ème génération).
La partie graphique, qui n'est même pas mentionnée par Intel, reste d'ailleurs la même : un HD Graphics 615.
Dans l'attente des partenaires d'Intel
Reste maintenant à voir les constructeurs se saisir de ces produits et voir ce qu'ils auront de beau à nous annoncer pour la rentrée. Bien entendu, tous les regards sont surtout tournés vers Apple, afin de savoir si la marque à la pomme va proposer de nouvelles machines exploitant ces puces.
Nous devrions en savoir plus d'ici quelques semaines, il sera alors l'occasion de faire le bilan et de voir comment les nouvelles machines avec ces processeurs Intel se placent face à la concurrence et aux précédentes gammes, tant en termes de possibilités que de performances... ou de prix.