Récemment, Shuttle a annoncé un petit nouveau dans sa gamme de PC « Slim » : le DS57U. Un modèle passif, à la connectique complète, qui embarque un Celeron 3205U. Celui-ci a la particularité d’être de la dernière génération Broadwell d’Intel, gravée en 14 nm. De quoi attiser notre curiosité.
Si Shuttle s’est fait connaître en mettant sur le marché des mini-PC au format « boite à chaussures », cela fait bien longtemps que la société propose d’autres types de solutions. Sa gamme est notamment composée de châssis à la connectique fournie, qui propose aussi bien un duo de ports réseau Gigabit que des ports série pour un usage plus « industriel » : les DS.
Un look qui ne plaira pas à tout le monde, compensé par de nombreuses qualités
Alors que certains sont proposés en version passive, ils ont en général tous l’avantage d’être compacts et robustes, loin des modèles parfois composés de plastique que l’on retrouve ailleurs. S’ils ne sont pas pensés pour séduire la masse, ils ont néanmoins souvent de bons atouts qui peuvent intéresser bidouilleurs et connaisseurs.
Cette gamme, qui n’avait pas évolué depuis un moment, a récemment été complétée par un nouveau modèle : le DS57U. Celui-ci a plusieurs avantages à son actif, dont son refroidissement passif. Mais il embarque surtout un processeur Core de 5e génération (Broadwell) signé Intel : le Celeron 3205U. Gravé en 14nm, il dispose de deux cœurs cadencés à 1,5 GHz accompagnés de 2 Mo de cache L3 et affiche un TDP de 15 watts. Celeron oblige, il n’est pas forcément taillé pour la performance brute et les fonctionnalités avancées, comme on peut le voir sur sa fiche ARK. On aura tout de même droit au 64 bits, à la virtualisation (VT-x et VT-d) et à QuickSync (voir notre analyse) qui sont désormais standards chez Intel.
Un ensemble qui peut constituer une machine silencieuse et efficace pour un usage bureautique ou multimédia basique. Nous avons donc demandé à Shuttle de nous fournir la bête afin de pouvoir passer un peu de temps avec et de voir ce qu’elle a dans le ventre. Notez au passage que le Computex qui ouvre ses portes cette semaine devrait être l'occasion pour la marque de dévoiler de nouveaux modèles à base de processeurs plus puissants (Core i5/i7).
Un produit sobre, mais bien pensé
Le packaging est comme toujours assez simple et compact. Il renferme le strict nécessaire : la machine, un poster de montage assez complet et une boîte avec les diverses vis et accessoires permettant son assemblage. En effet, on est ici en présence d’un barebone qu’il faudra compléter, ou faire compléter par votre revendeur préféré.
Vous aurez donc droit à deux pieds (en métal noir) auxquels vous pourrez privilégier un kit de montage VESA permettant de placer le DS57U derrière un écran ou une TV par exemple. Pour ce qui est de l’alimentation externe, elle sera compacte sans être aussi réduite que celle proposée avec certains NUC d’Intel par exemple. Il s’agit ici d’un modèle capable de délivrer 3,42 A sur 19 V (soit un peu moins de 65 watts).
Ceux qui connaissent bien cette gamme ne trouveront rien de nouveau dans le châssis qui reprend celui de la version précédente : le DS437. L’ensemble est en métal noir mat, mais avec quelques touches de plastique glossy sur la face supérieure. Un choix que l’on a toujours autant de mal à comprendre. Les dimensions de l’ensemble sont de 200 x 165 x 39,5 mm (soit 1,3 litre) pour un poids de 1,43 kg à vide.
Une connectique fournie et un montage simplissime...
L’organisation de la connectique a par contre été très légèrement modifiée. Ainsi, sur la façade avant on retrouve toujours pas moins de quatre ports USB 2.0 et deux ports série, en plus d’un lecteur de cartes SD, du bouton d’allumage et des voyants (alimentation et accès disque) :
Mais à l’arrière, le port DVI a laissé sa place à un DisplayPort 1.2 qui vient compléter un HDMI 1.4a (contre 1.3 précédemment). Pour le reste on retrouve toujours deux ports USB 3.0 et deux Gigabit. Mais plutôt qu’une puce Realtek, on a droit à de l’Intel (i211 et i218LM). La partie audio reste, elle, chez le taïwanais avec un duo de jacks relié à une puce ALC662. Quatre broches permettront aussi de déporter les fonctions de mise en marche et de Clear CMOS. Si vous voulez utiliser un kit Kensington, c'est aussi possible via un élément présent sur les parties arrière gauche et droite du châssis.
Pour ce qui est de l’ouverture, Shuttle a gardé ici son système ultra-simple, et c’est tant mieux. Il vous suffit de retirer deux vis afin d’accéder à l’intérieur de la machine. Vous libérerez ainsi deux panneaux qu’il vous suffira de glisser vers la façade avant afin de pouvoir les retirer.
... mais attention : de la DDR3-L sera nécessaire
Vous aurez alors un accès direct à la zone pouvant contenir la mémoire. Attention, le DS57U a une spécificité qui peut poser problème si vous n’y prenez pas garde : il n’accepte que la DDR3L SO-DIMM fonctionnant sous 1,35 V au maximum. Prudence donc lors de vos achats ou si vous comptiez réutiliser les composants d’une ancienne machine. Nous avons en effet tenté le coup avec des modules classiques : l'ordinateur ne démarrait pas.
Plus bas, vous retrouverez un emplacement pour un module Mini PCIe. Celui-ci supporte aussi bien le stockage que les cartes Wi-Fi. À l’opposé, vous disposerez d'un autre emplacement Mini PCIe, mais « Half size » cette fois. Il est déjà occupé par un module Realtek RTL8188EE relié à une antenne. Plus bas, un emplacement permettra d'installer un disque dur ou un SSD au format 2,5 pouces. Là encore, on appréciera qu’une simple vis soit utilisée pour le système de maintien. On aimerait voir plus souvent des systèmes aussi simples et aussi accessibles.
Les plus attentifs remarqueront aussi des connecteurs à l’utilité plus spécifique, comme un eDisplayPort situé à droite de l’emplacement Mini PCIe vide. À sa gauche, un cavalier permettra de choisir si l’on veut ou non redémarrer la machine en cas de perte puis de retour de courant. Le processeur et son système de refroidissement seront, eux, situés de l’autre côté de la carte mère, sur le dessus de la machine. Il faudra donc retirer bien plus de vis afin d'y accéder.
Un BIOS simpliste, mais une bonne reconnaissance des composants sous Ubuntu et Kodi
Passons maintenant à la pratique, une fois la machine montée. Notez que nos essais ont été effectués avec un kit de 2x 4 Go Kingston HyperX Impact (HX316LS9IBK2/8X) certifié pour 1600 MHz (CL9) et un SSD Intel 510 Series de 250 Go. Pour commencer, évoquons rapidement le cas du BIOS. En effet, il s’agit toujours d’un BIOS et non pas d’une UEFI à laquelle Shuttle semble avoir du mal à passer. Pour autant, entre l'appui sur le bouton et l'arrivée sous Windows, un peu moins de dix secondes sont nécessaires.
Quoi qu’il en soit, l’ensemble est assez minimal et ne pourra pas être utilisé à la souris. On retrouve les paramètres concernant le processeur et les E/S ou le boot, mais rien d’extravagant. La machine étant dotée d’un refroidissement passif, aucun élément n’y fait bien entendu référence si ce n’est la température des composants.
Nous avons décidé de nous pencher tout d’abord sur Ubuntu 15.04 dans une version mise à jour au moment de nos tests. La plupart de nos essais étaient effectués avec la version 2.6 de la Phoronix Test Suite. Tous les composants de la machine étaient parfaitement supportés et les fréquences bien gérées, avec une baisse sensible au repos, même si un élément propriétaire propre au processeur semblait utilisé selon le gestionnaire de pilotes additionnels. Le test de support d'Unity confirme de son côté que l’accélération matérielle est bien prise en compte. Le système était plutôt réactif et, de prime abord, on ne sent pas que l’on utilise une machine dotée d’un processeur limité.
La différence se fera plutôt sentir lorsque l’on exigera des tâches un peu plus lourdes où lorsque les onglets s’accumulent dans un navigateur par exemple. Ce DS57U pourra donc parfaitement être utilisé avec une distribution Linux dans le cadre d’un usage bureautique ou multimédia. Nous avons d'ailleurs pu utiliser Kodi 14 sans encombre, pour lire tous types de flux vidéos (nous y reviendrons).
La gestion de la 3D est suffisante pour l'interface et quelques jeux
Du côté des benchmarks, nous avons commencé avec le classique GLXGears pour nous assurer que tout allait bien, et il nous a renvoyé un score qui se stabilisait autour de 3 600 fps. C’est faible, mais plutôt correct pour un élément intégré à une puce de ce genre, surtout lorsqu’elle est passive. Cette capacité à ne gérer la 3D que pour des tâches mineures se confirme assez facilement avec le test d’un jeu comme Planet Penguin Racer où notre résultat tournait aux alentours de 11 fps en 1080p.
Sous Windows, les résultats semblent un peu plus aléatoires. En effet, si nous avons parfaitement été capables de jouer à Limbo, qui demande très peu de ressources, un titre comme Child of light était très ralenti en 1080p. À l’inverse, Hearthstone pouvait parfaitement fonctionner dans cette définition.
Du côté d’un titre comme World of Warcraft, en 1080p il faudra placer les paramètres au minimum pour obtenir un score aux alentours de qui oscille entre 50 et 80 fps selon les scènes, ce qui laisse un peu de marge pour quelques améliorations, notamment au niveau des textures ou de l'AA. Mais dès que l'on passe les paramètres sur « Moyen » on retombe à 30 fps dans le meilleur des cas. Si vous êtes moins gourmands sur la définition en passant à du 720p par exemple, vous pourrez néanmoins améliorer les choses et jouer avec cette qualité graphique, ce qui est déjà bien pour ce type de machine.
Par rapport à nos tests précédents, les choses se sont effectivement nettement améliorées comme le montrent ces résultats 3DMark :
On obtient en effet un score presque deux fois supérieur à 3DMark 11 que celui que nous avions obtenu avec un précédent appareil Shuttle passif équipé d'une puce Atom et d'une Radeon. Le gros de la différence vient néanmoins des résultats du processeur, même si la partie graphique s'en tire plutôt bien.
Un processeur limité, mais suffisant pour de nombreuses tâches
Pour ceux qui voudraient quelques chiffres concernant les capacités du processeur, une fois de retour sous Linux, nous avons tout d’abord lancé le test exploitant un serveur Apache. Ici, la machine était capable de traiter 9 376 requêtes par seconde, contre 124,67 signes par seconde via OpenSSL. Pour rester dans le chiffrement, le test GnuPG obtenait un score de 16,70 secondes pour le traitement d’un fichier.
Nous sommes ensuite passés à la compression de fichiers via 7-Zip qui obtenait un score de 3 496 MIPS. Pour un traitement parallélisé via BZip2, le test aura nécessité 40,33 secondes. Et si c’est le temps de compilation qui vous intéresse, notez qu’il nous aura fallu 558,5 secondes en moyenne pour boucler ce test avec le noyau Linux, contre 113,19 secondes pour Apache. Pour ce qui est des usages plus multimédia, nous avons tout d’abord opté pour x264, pour lequel le score était de 31,62 images par seconde. Pour la compression d’un fichier audio en FLAC, puis en MP3 via LAME, il aura fallu respectivement 17,03 secondes et 29,55 secondes. Vous pourrez trouver des scores de comparaison de référence par ici.
Sous Windows, nous avons eu des constatations similaires. Ainsi, on sent les limites du processeur dans certains cas précis, comme la réparation d’un vieux dossier comprenant les fichiers de World of Warcraft, particulièrement longue. C'est un bon test de référence en la matière. Pour les adeptes du PAR2, la constitution de fichiers pour la vidéo HD de Big Buck Bunny (900 Mo) avec 25 % de redondance nous aura pris 234 secondes via PAR2MT. C'est un peu plus du double de ce que nous obtenions avec un Core i5-3470T de 3e génération basse consommation (fonctionnant aux alentours de 3 GHz tout de même), intégré à une machine Zotac non-passive. Ainsi, bien que l'on constate les limites de la puce, le score est plus qu'honorable.
Le score CPUMark99, lui, est de 262 points. C'est deux fois moins que le Core i5 de l'ID89, mais deux fois plus que la puce Atom du XS35GSV3L. Sous Cinebench, on constate à peu près les mêmes écarts, le Core i5 ayant en plus droit au renfort de l'Hyper-Threading (lui permettant de gérer jusqu'à quatre tâches en même temps) :
Pour ce qui est des besoins courant en termes de décompression, nous n’avons pas relevé de gêne particulière, mais là aussi il ne faudra pas chercher à traiter de gros fichiers sous peine de devoir être patient. Pour le test de compression via 7-zip de nos images de références (270 fichiers pour un total de 507 Mo) il nous a fallu 115 secondes. Pour rappel, avec un processeur Atom lors d’un test précédent, il nous avait fallu 186 secondes contre 63 secondes avec le Core i5.
Oubliez la 4K... mais accélérez vos compressions de vidéo via QSV
Comme nous l’avons indiqué précédemment, le multimédia ne sera sans doute pas le but premier d’une telle machine. Pour autant, elle dispose de ce qu’il faut pour avoir du répondant en la matière. En effet, nous avons pu lire plusieurs flux HD 1080p (jusqu'à des débits de 30 Mb/s) avec un usage de 10 à 15 % côté processeur avec MPC-HC, lorsque l'accélération matérielle était activée. Pour la 4K, il faudra par contre le plus souvent repasser, le High Profile 5.1 n’étant pas prise en charge.
L’autre point intéressant dans ce CPU, est l’intégration de QSV (Quick Sync Video). Pour ceux qui l’auraient oublié, il s’agit d’une technologie intégrée à certains processeurs Intel depuis quelques générations, et qui permet de bénéficier d’une compression matérielle via certaines applications, comme Handbrake.
Et si un processeur de cette gamme n’est pas très adapté pour une compression H.264, nous avons pu effectuer la conversion de la vidéo de Big Buck Bunny via le profil iPad d’Handbrake 0.10.16962 à 63,2 fps, contre 15,3 fps pour la compression classique. Un gain plutôt appréciable et, même si une déperdition légère de qualité est toujours présente, cela conviendra sans doute très bien pour un usage personnel, au quotidien.
Notez que ces scores s'approchent de nos résultats avec le test x264 HD Benchmark 4.0 : 44,5 fps en moyenne pour la première passe et 7,99 fps pour la seconde. Là encore, on se retrouve à un peu moins de la moitié de notre précédent Core i5.
Moins de 9 watts au repos, à peine plus de 20 watts en pleine charge
Côté consommation, lorsque la machine est au repos, nous avons relevé un minimum de 9 watts à la prise. Lors de tests CPU avec l’ensemble des cœurs utilisés, cette valeur pouvait grimper aux alentours de 14/15 watts (12/13 watts avec un seul cœur). Le maximum relevé était bien entendu lorsque le CPU et le GPU étaient sollicités. Mais même là, l’ensemble ne dépassait presque jamais les 20 watts.
Pour ce qui est de la température, le processeur oscille entre un peu moins de 40°C et 45°C selon l’usage (relevé via HWMonitor dans une pièce à 20°C environ). Bien entendu, cela pourra facilement dépendre de son installation. Veillez donc à lui laisser un espace suffisant pour que l’air chaud se dégage naturellement. La machine, elle, reste parfaitement préhensible sans que vous n’ayez à craindre de prendre un coup de chaud, et ce même après de longs moments avec le CPU à plus de 100 % d’usage.
Un Mini PC qui a tout pour plaire à ceux qui ne sont pas obsédés par les performances
Bref, vous l'aurez compris, nous avons été séduits. Bien entendu, on pourra regretter que Shuttle ne sorte pas de version plus « classique » d'une telle machine, sans ses ports série qui ne serviront pas à la plupart d'entre nous. Pour autant, la connectique est assez complète pour s'adapter à de nombreuses situations. Et si nous avions pu être un peu déçus de l'expérience au quotidien sur des machines passives ces dernières années, on note que l'arrivée de Broadwell fait du bien à ce niveau et notamment au sein d'une telle machine. C'est d'ailleurs ce qui explique que ces CPU sont désormais utilisés dans des ordinateurs portables passifs eux aussi à travers la gamme Core m.
Proposé entre 220 euros et 240 euros par les revendeurs, sans mémoire si stockage, cette machine pourra sans doute séduire ceux qui veulent un produit silencieux pour un usage bureautique ou multimédia, offrant plus de possibilités que les mini PC habituels et autres Raspberry Pi. Entièrement passif, compact et discret, il pourra s'installer derrière un écran ou une TV compatible VESA. Vous pourrez alors l'oublier, et simplement en profiter.