Entretien avec Synology France : 10 GbE, CPU plus puissants, Ryzen, licence DSM, suivi des services

Le changement c'est pour bientôt... promis
Composants 11 min
Entretien avec Synology France : 10 GbE, CPU plus puissants, Ryzen, licence DSM, suivi des services

En retard sur la partie matérielle, Synology pousse enfin le réseau à 10 Gb/s et promet des processeurs « beaucoup plus puissants » sur une partie de sa gamme. D'autres pistes sont explorées, avec Ryzen et une licence DSM dématérialisée.

Pour se démarquer de la concurrence, Synology peut mettre en avant son interface d'administration Disk Station Manager (DSM) et ses nombreuses fonctionnalités. Sa version 7.0 arrivera au début de l'année prochaine.

Depuis des années, Synology traine des pieds sur la partie matérielle

Ce n'est par contre pas franchement le cas sur la partie matérielle où le constructeur traine des pieds à de nombreux niveaux. Salon après salon, le constat est constant : les mêmes châssis, sans véritable évolution du côté de la connectique. 

L'USB Type-C est toujours aux abonnés absents alors que l'USB 3.x avait mis beaucoup de temps à arriver. Le réseau 10 GbE n'est encore que rarement présent, alors qu'il est de plus en plus disponible sur des produits grand public. Ce, alors que les NAS sont largement capables de dépasser les 128 Mo/s (théoriques) d'un port réseau 1 Gb/s.

Dans un registre un peu différent, le fabricant utilise massivement des Atom, Pentium et autres Celeron, y compris sur les DiskStation de la série « + ». S'ils sont suffisants pour assurer de bons débits lors des transferts de fichiers, ils montrent rapidement leur limite en cas de charges lourdes le chiffrement, le transcodage ou la virtualisation.

Nous avons profité de la conférence Synology 2019 pour questionner les représentants de la marque en France. Dans l'ensemble, ils partagent notre constat et annoncent du changement. L'occasion, également, d'évoquer d'autres sujets comme le suivi de certaines applications, le cloud public C2, l'évolution de l'équipe française, etc. 

Notre dossier sur la conférence Synology 2019 :

Le 10 GbE va (doucement) se démocratiser... via des cartes PCIe

Actuellement, le fabricant ne propose que six NAS avec du 10 GbE natif : deux FlashStation (FS3017 et FS2017 à respectivement 13 000 et 7 000 euros), trois RackStation dans la série xs+ (RS18017xs+, RS4017xs+, RS3617xs+) et le DiskStation DS1817 (huit baies) vendu juste sous la barre des 1 000 euros

Si on comptabilise en plus les NAS où il est possible d'ajouter une carte PCIe, nous arrivons à une petite vingtaine. C'est notamment le cas des DS1517+, DS1618+ et DS1817+. Par contre, ne pensez pas profiter du 10 GbE sur un NAS avec deux ou quatre baies,  comme le DS918+ vendu plus de 520 euros.

On notera au passage que, contrairement au DS1817, sa déclinaison « + » ne propose pas de 10 GbE natif, il faut passer par une carte PCIe. Il s'agit sans doute de rester dans une limite de budget, mais la logique Synology nous échappe parfois.

Le fabricant semble conscient du problème, mais tente de justifier son choix : « Est-ce que la plupart des utilisateurs ont ces besoins-là ? Je pense que c'est une question que se sont posé nos ingénieurs [NDLR : à Taïwan] et pour le moment ce n'est semble-t-il pas le cas [...] C'est simplement lié à la façon dont on estime les besoins de l'utilisateur ».

Les responsables français nous annoncent que les choses vont progressivement évoluer : « on commence à implémenter systématiquement un port PCIe, même sur les NAS quatre baies. C'est quelque chose que l'on pousse de plus en plus depuis peu ». Ainsi, le RS818+ (quatre baies, rackable) intègre un emplacement PCIe alors que ce n'était pas le cas du RS816+.

Notez qu'il n'est pas possible d'utiliser n'importe quelle carte : seules celles certifiées par la marque sont reconnues. Ce, même si elles utilisent une puce identique (Aquantia AQC107). Un choix que l'on ne peut que regretter. Pour rappel, les cartes maison sont proposées entre 150 et 300 euros, contre un peu plus de 100 euros pour une ASUS XG-C100C

10 GbE Synology

Multi-Gig et USB Type-C : circulez, il n'y a rien à voir

Interrogés sur un éventuel passage par une étape intermédiaire et le Multi-Gig, les représentants du constructeur nous répondent simplement qu'ils « ne savent pas si c'est prévu pour le moment ».

Pour rappel, il s'agit de grimper jusqu'à 2,5 Gb/s ou 5 Gb/s sans passer par l'agrégation de plusieurs liens 1 Gb/s. Realtek propose une puce, que l'on retrouvera par exemple dans de futures cartes mères ASRock.

Si vous attendiez un connecteur USB Type-C sur les prochains NAS de la série x19, il faudra certainement patienter encore : « pour le moment, ce n'est pas prévu » nous confirment les représentants de Synology.

Synology « un peu à la ramasse » sur la partie matérielle

Le (manque de) choix des processeurs est une autre faiblesse de Synology sur la partie matérielle, dont le fabricant est conscient : « ce qui fait la différence avec les concurrents, c'est que l'on mise beaucoup sur la partie logicielle. Sur le matériel, on est "un peu à la ramasse" » résume Thibault Magne, responsable produit pour la France.

Il ajoute néanmoins que la tendance devrait « s'inverser » après la sortie du DSM 7.0, sans donner plus de détails. « Vu qu'on propose plein de choses en même temps, nous ne sommes pas à l'aise sur tous les bancs » reconnait-il.

Commençons par un point sur l'offre existante. Dans les séries x17, x18 et x19, les NAS « J » et Value (DS1517, DS218 et DS418 par exemple) intègrent des SoC Realtek, Marvell ou Annapurna Labs suivant les cas. Rien de bien surprenant sur des modèles d'entrée de gamme : la puissance est certes limitée, mais permet tout de même de profiter de débits pouvant atteindre plusieurs centaines de Mo/s (en fonction des SSD/HDD, de la connectique et de la référence du NAS).

Si l'on monte d'un cran, les NAS « + » (DS218+, DS718+, DS1618+, DS1817+, etc.) ont droit à un Atom Cx538 ou Celeron J3x55. Les DS1618+ à 890 euros et RS2818RP+ à 2 900 euros exploitent ainsi un Atom C3538 (quatre cœurs, quatre threads), un processeur lancé l'année dernière et vendu par Intel au tarif recommandé de... 75 dollars.

Pire, les DS3018xs (1 430 euros) et FS1018 (1 580 euros), tous les deux « conçus pour des tâches intensives à hautes performances et optimisés pour les environnements de virtualisation » se contentent d'un Pentium D1508 de fin 2015 (deux cœurs, quatre threads), affiché à 129 dollars par Intel.

Pour un NAS récent de la série x18 avec un processeur Xeon D-1521 (199 dollars) avec quatre cœurs et huit threads – bien plus confortable pour de la virtualisation – nous avons le RS3618xs à... 2 800 euros. Une génération en dessous, vous avez également le DS3617xs avec un Xeon D-1527 (quatre cœurs et huit threads, 259 dollars chez Intel) aux alentours de 2 500 euros.

Or, tout le monde n'a pas envie/besoin de dépasser des milliers d'euros pour profiter de fonctionnalités telles que la virtualisation dans de bonnes conditions. Pour ce prix, certains seront tentés de monter un PC avec des distributions dédiées comme FreeNAS,  Proxmox et/ou VMware vSphere Hypervisor.

Les NAS, leur processeur et la virtualisation : notre tableau récapitulatif

Nous avons regroupé dans le tableau ci-dessous les NAS des séries x17 à x19 en détailant leur processeur (nombre de cœurs et de threads), la quantité de mémoire vive (par défaut et maximum) et les recommandations de Synology sur le nombre de machines virtuelles qu'il est possible de lancer en simultanée. 

S'il faut un NAS de la série « + » minimum pour profiter du Virtual Machine Manager, tous ne sont pas égaux devant les possibilités proposées. Dans la majorité des cas, le processeur est le facteur limitant, le nombre de machines virtuelles simultanées dépend du nombre de threads pouvant être gérés par le processeur :

Synology NAS CPU VMM 15 10 18

Quatre ou six baies avec un CPU plus véloce ? Circulez, il n'y a rien à voir...

Ainsi, si vous voulez un NAS avec seulement deux ou quatre baies – correspondants aux « top ventes » selon Synology – mais avec un processeur proposant plus de quatre cœurs/threads (donc autre qu'un Celeron/Atom/Pentium), la marque n'a tout simplement rien à vous proposer pour le moment. Il vous faudra regarder du côté de chez QNAP.

Même situation sur les modèles avec cinq à huit baies. Il faut grimper à douze emplacements pour commencer à trouver des Xeon d'Intel avec au moins quatre cœurs et huit threads. Entre les Pentium D (ex-branche Atom) et Xeon D (Core, avec réseau intégré), c'est le grand vide : aucun Core i3, i5 ou i7 pour apporter un peu de nuance et d'évolutivité aux NAS.

Thibault Magne nous explique que c'est la conséquence de la vision du marché Synology, enfin surtout celle de son siège à Taipei : « les produits sont "dictés" par Taïwan ». C'est un problème reconnait notre interlocuteur, car « le marché taiwanais est différent du marché européen : ce ne sont pas les mêmes demandes, pas les mêmes besoins ».

Ainsi, si un Celeron répond aux besoins des Taïwanais, alors le reste du monde aura la même configuration. Pour avoir plus de poids, Synology pourrait essayer de se regrouper au niveau européen (Espagne, Italie, Allemagne...) afin de faire des demandes de produits communes, car il ne sera pas possible de réaliser plusieurs configurations par pays.

Des promesses de changements avec « des modèles beaucoup plus puissants »

Mais même là, rien n'est pas gagné. Sur le marché hispanique par exemple, la série « J » marche « très bien » selon le constructeur. Par contre, sur des modèles plus haut de gamme, les clients passent chez d'autres marques.

Dans tous les cas, Thibault Magne nous affirme que la demande d'avoir de nouveaux processeurs, au moins sur les moyens de gamme, « a été prise en compte ». Là encore, le fabricant nous promet des évolutions à venir : « Logiquement les nouveaux produits vont avoir des modèles beaucoup plus puissants, et en tout cas proposer des évolutions ». Va-t-on vers des NAS où il est possible de changer le processeur ? C'est une piste envisagée, mais rien n'est confirmé pour l'instant.

Pour rappel, QNAP le permet depuis longtemps sur certaines séries de NAS. Vous pouvez acheter une machine avec un Core i3, un i5 ou un i7 en fonction de vos besoins. Il est également possible de changer le CPU intégré par la suite, un socket étant présent pour passer d'un modèle i5 à i7 par exemple.

Ryzen et licence DSM dématérialisée : Synology y pense

Va-t-on avoir des NAS Synology avec un processeur Ryzen d'AMD, permettant par exemple de profiter d'un grand nombre de cœurs/threads pour de la virtualisation par exemple ? « C'est en cours » nous affirme la marque, toujours aussi avare en détails. Après l'intégration d'un GPU NVIDIASynology pourrait donc également intégrer des CPU d'AMD.

Autre changement attendu depuis plusieurs années maintenant : la possibilité d'acquérir une licence DSM virtualisée, sans avoir de NAS du fabricant, afin de l'utiliser sur une autre machine ou un cloud privé par exemple. Une solution qui est très demandée et qui n'est plus forcément rejetée en bloc par Synology. 

Par contre, le fabricant veut éviter les marques blanches et une mauvaise expérience pour l'utilisateur, par exemple si le DSM s'exécute sur une machine trop limitée. Le constructeur veut absolument éviter « d'écorner » l'image de marque de son interface avec une mauvaise expérience utilisateur du fait de pratiques de tiers.

Le tout pourrait donc être assez limité, au moins dans un premier temps. On rappellera que des alternatives existent déjà avec la possibilité de louer un NAS Synologynotamment chez Infomaniak par exemple (RS217, RS519 ou RS818+). 

Le suivi des applications devrait s'améliorer, l'équipe française va être doublée 

Un autre point évoqué avec le constructeur : le suivi de ses (nombreuses) applications. S'il en lance chaque année de nouvelles, certaines sont parfois rapidement laissées de côté, au grand dam des utilisateurs. Là encore, l'équipe nous promet du changement : « on va avoir des équipes dédiées », y compris en France.

Elles seront chargées de recueillir les retours des clients, qui seront ensuite remontés à Taïwan pour être éventuellement pris en compte. En France, l'équipe de Synology va ainsi passer d'une vingtaine à une quarantaine de salariés.

Une bêta pour C2 Disaster recovery « à la fin de l'année »

Nous évoquons enfin le cas de C2 Backup lancé en septembre 2017, après une bêta en mars (lire notre analyse). Synology nous affirme avoir « énormément de demandes » pour son offre, d'autres datacenters seront ainsi peut être ouverts.

Par contre, toujours aucune nouvelle de Disaster recovery, l'autre offre de sauvegarde C2. Le fabricant n'a toujours aucune date de lancement à nous communiquer, mais « la beta devrait être lancé à la fin de l'année ». Pour rappel, une phase de bêta sur invitation avait été mise en place en juillet de l'année dernière, mais rien de plus depuis.

La page dédiée à Disaster recovery n'est plus active pour le moment.

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