Alors que l'initiative « Always connected PC » a fait parler d'elle au Computex, Qualcomm et ses partenaires ayant annoncé des machines à base de Snapdragon 835, Intel lance un rappel à l'ordre. Les jeux d'instructions x86 sont protégés par des brevets, et l'on ne peut les utiliser comme bon nous semble.
On le sait depuis des mois maintenant, Microsoft travaille sur une version de Windows 10 capable de fonctionner sur des puces ARM. Il s'agit pour le moment seulement du Snapdragon 835, un dispositif qui prend place dans le cadre du projet des PC « Always connected » évoqués au Computex.
Avant de revenir de manière plus complète sur cette initiative, nous avons décidé de nous attarder sur un éditorial publié dans la soirée par Intel dans sa salle de presse, qui fait déjà grand bruit chez certains de nos confrères outre-Atlantique (voir ici ou là). Profitant de l'approche des 40 ans du x86 (le 8 juin 2018), la société en profite pour effectuer quelques rappels.
Intel continue de défendre x86 et ses jeux d'instruction
Notamment qu'elle développe continuellement de nouveaux jeux d'instructions (ISA), qui sont protégés par pas moins de 1 600 brevets. Elle précise qu'elle ne compte pas laisser des tiers les utiliser sans réagir. Ce n'est pas spécialement une découverte, tant les procès autour des questions de brevets sont légion outre-Atlantique. Ceux sur des sujets aussi complexes que les jeux d'instructions ne sont ainsi pas moins légitimes que d'autres sur la façon d'utiliser une interface tactile.
« Il a été rapporté que certaines sociétés tentaient d'émuler les jeux d'instruction x86 propriétaires d'Intel sans son autorisation. Ce n'est pas une technologie nouvelle, et Transmeta est connue pour avoir été la dernière société à revendiquer le fait d'avoir produit un processeur compatible avec x86 à travers l'émulation (code morphing) » rappelle ainsi le fondeur, qui précise que depuis, Transmeta n'a pas connu un grand succès commercial et s'est retiré du marché des processeurs.
Le diable sera dans les détails, Intel prépare le terrain
Cette évocation du code morphing (voir les détails techniques ici) est néanmoins intéressante car la question qui se pose est celle de la façon dont Windows 10 ARM fonctionne. En effet, il n'est ici pas question d'une émulation globale, mais d'un fonctionnement particulier concernant les applications Win32 (les UWP utilisant du code ARM natif).
Comme nous l'avons récemment rappelé, Windows pour ARM utilise un noyau, des pilotes et de nombreuses applications natives. Pour le reste, elle adapte le code binaire de l'application dans un ensemble d'instructions qui peuvent être gérées par le Snapdragon 835. Windows produit alors des DLL qu’il nomme CHPE (Compiled Hybrid Portable Execution) où l'on trouve le code ARM64 et tout ce qui est nécessaire à la couche Windows On Windows (WOW).
Le tout est placé en cache afin de pouvoir être réutilisé, ce qui doit permettre des performances proches d'un code natif.
La question est donc de savoir si, pour cette adaptation, Microsoft enfreint des brevets d'Intel concernant ses jeux d'instructions protégés. On imagine mal le géant de Redmond ne pas y avoir pensé, ou même n'avoir jamais discuté avec Intel de ces questions, ne serait-ce que pour trouver un accord financier. D'autant que les deux sociétés sont partenaires autour de l'initiative « Always connected PC ».
Et même si l'on sait Intel très protecteur sur les licences x86 (accordées notamment à AMD et VIA), sa position dominante est un élément qui le pousse à transiger. On se demande d'ailleurs dans quelle mesure ces propos ne visent pas aussi Qualcomm qui commence à cumuler une certaine expérience dans le domaine des guerres de brevets. Seul constructeur à proposer une telle solution, serait-il lui aussi sujet au paiement de royalties ou à un accord plus global avec Intel ?
Windows 10 sur ARM : un projet qui avance doucement
Pour le moment, ni Intel, Microsoft ou Qualcomm n'ont pu répondre à nos questions sur le sujet. Nous tenterons néanmoins d'éclaircir la situation dans les semaines à venir. Une chose est sûre néanmoins, Windows 10 pour ARM n'est pas pour tout de suite.
Au Computex, seules des démonstrations très encadrées étaient organisées et aucun constructeur ne montrait de produit fini ou même de prototyple complet. Bref, rien n'est attendu avant 2018. On saura alors si Microsoft, Qualcomm et leurs différents partenaires seront invités au goûter d'anniversaire d'Intel.