AVG profite du MWC de Barcelone pour présenter un prototype de « lunettes d'invisibilité », du moins pour ce qui est de la reconnaissance faciale. Les principes utilisés n'ont par contre rien de vraiment nouveau et il ne s'agit que d'une démonstration puisqu'aucune commercialisation n'est prévue pour l'instant.
La notion d'invisibilité semble avoir un bel avenir dans les sphères du marketing, tout du moins tant qu'elle ne sera pas mieux connue de tous. En effet, alors que l'on nous parlait il y a quelques mois d'une fameuse cape d'invisibilité qui n'était pas une cape et qui ne permettait pas vraiment d'être invisible, on a aujourd'hui droit à rien de moins que des « lunettes d'invisibilité ». Celles-ci ont été annoncées par AVG à l'occasion du MWC de Barcelone, qui n'est jamais sans nous réserver quelques surprises.
Des lunettes pour déjouer la reconnaissance faciale avec des LED infrarouges...
La société spécialisée dans la sécurité informatique et les antivirus présente son concept ainsi : « Grâce à un mélange de technologie et de matériaux spécifiques [...] les lunettes d'invisibilité peuvent rendre difficile pour des caméras et d'autres technologies de reconnaissance faciale l'obtention d'une vision claire et nette de votre identité ». Parmi les services visés par AVG, on retrouve la reconnaissance des visages de Facebook (DeepFace), mais aussi de Google Street View par exemple bien que ce dernier floute normalement les visages.
La société précise que son prototype de lunettes utilise deux méthodes différentes pour arriver à ce résultat. On retrouve tout d'abord des LED infrarouges placés autour des yeux et au niveau du nez. Ces dernières ne sont pas visibles par un œil humain, mais sont détectées par les capteurs optiques... sauf si ces derniers disposent d'un filtre, plus ou moins permissif, comme c'est généralement le cas (voir cette actualité pour plus de détails).
AVG donne un exemple en image du résultat obtenu avec une webcam et sur lequel Facebook se casserait les dents. Pour autant, le moins que l'on puisse dire c'est que le visage reste facile à identifier pour un humain, les algorithmes de détections pourraient donc s'en accommoder un jour ou l'autre... si ce n'est pas déjà fait.
... et l'utilisation de matériaux réfléchissants
La seconde méthode est l'utilisation de matériaux rétroréfléchissants, qui existent déjà depuis longtemps. Le principe est simple : « Alors que la plupart des surfaces renvoient la lumière en la diffusant dans toutes les directions, les matériaux rétroréfléchissants sont spécialement conçus pour renvoyer la lumière avec le même angle que celui d'arrivée ».
La conséquence directe est que, lors d'une photo avec un flash, les lunettes sont surexposées ce qui rend bien plus difficile, voire impossible, la reconnaissance faciale. Là encore plusieurs facteurs peuvent influencer sur le résultat final. Le plus important étant que, sans l'utilisation d'un flash cela ne change absolument rien sur le rendu de la photo.
Deux concepts qui n'ont rien de vraiment nouveau
AVG ne propose pour le moment qu'un prototype, qui n'est pas des plus discrets avec ses LED apparentes, mais qui n'utilise finalement aucune technologie nouvelle. Comme le rapportaient en effet nos confrères de Diginfo.TV, des lunettes équipées de LED infrarouges avaient déjà été présentées par le National Institute of Informatics en... juin 2013.
Même chose du côté des matériaux réfléchissants déjà utilisés depuis longtemps sur certains gilets de protection, mais aussi sur des plaques d'immatriculation non homologuées, pensées pour contourner des radars automatiques. Dans un registre un peu différent, certains se sont également fait une spécialité du camouflage et proposent toute une ligne de vêtement, c'est notamment le cas de la boutique Stealth Wear.
Il faudra maintenant voir si AVG poussera plus en avant son prototype de lunettes afin de le rendre opérationnel en toute circonstance. Dans son communiqué de presse, la société précise que, « plutôt que de concevoir un produit pour être mis sur le marché, les experts étudient comment la technologie peut permettre de lutter contre l'érosion quotidienne de notre vie privée à l'ère numérique ». En guise de conclusion, l'éditeur d'antivirus ajoute qu'il ne faut pas « s'attendre à les voir en vente de sitôt ».