S'il faudra attendre la rentrée pour découvrir les puces Ryzen Pro, AMD a déjà dévoilé ses premiers modèles, dont des Ryzen 3. L'occasion d'en apprendre un peu plus sur cette gamme, et voir si elle a de quoi convaincre.
Après avoir lancé ses processeurs EPYC 7000 pour serveurs, AMD a finalement décidé d'en dire plus sur sa gamme Ryzen dédiée aux professionnels. Néanmoins, le constructeur ne va ici pas révolutionner le genre.
Tout d'abord parce qu'il applique une recette déjà mise en place avec ses précédents APU Pro, mais aussi parce que l'annonce de ces derniers jours n'en est pas vraiment une. En effet, il est seulement question ici de livrer les premiers détails sur un ensemble de produits évoqué de longue date, mais sur lequel on ne savait rien ou presque.
Pour autant, c'est seulement le 29 août prochain que l'on devrait tout savoir, l'arrivée sur le marché de ces puces et des premières configurations étant annoncé pour la seconde partie de l'année. Les versions mobiles sont attendues en 2018.
Puces pour les « Pros » : chacun sa segmentation
Commençons donc par le commencement : qu'est-ce qu'un Ryzen Pro ? Et bien tout d'abord, il s'agit d'un processeur Ryzen. AMD indique qu'on y retrouve toutes les fonctionnalités de la gamme grand public, avec des éléments complémentaires. En cela, la société continue de faire un choix différent de son concurrent Intel.
Car pour rappel, le géant de Santa Clara certifie certains modèles grand public comme vPro, d'autres non. Il n'y a ainsi pas de Celeron de Pentium ou de Core i3 qui a droit à ce sésame, histoire d'imposer une dépense minimale aux clients intéressés. Par contre, il n'y a pas des modèles avec ou sans vPro sur une même référence.
De son côté, AMD propose des modèles classiques ainsi qu'une gamme qui vise le marché professionnel, mais avec un nombre réduit de références. Ainsi, la société évoque seulement six puces, mais l'on y trouve aussi bien des Ryzen 3, que des modèles 5 ou 7 avec 4 à 8 cœurs :
Une manière pour le constructeur de frapper là où ça fait mal, et de proposer des solutions accessibles, même pour ceux qui veulent simplement des machines orientées vers la bureautique. Il faudra néanmoins voir si aucune carte mère ou chipset spécifiques ne sont nécessaires.
Les plus attentifs noteront qu'il n'y a pas de modèle 1800(X). On retrouve par contre deux modèles 1700 et 1700X avec des différences assez minimes au niveau des fréquences. Autre surprise : on entend pour la première fois parler de modèles Ryzen 3 qui se distinguent donc par la présence de quatre cœurs, mais sans SMT (Simultaneous Multithreading). Leur cache est réduit à 2+8 Mo, mais leur TDP reste de 65 watts.
On remarquera aussi qu'il n'est pour le moment pas du tout question de tarifs, AMD se réservant sans doute encore quelques semaines de répit avant d'évoquer ce point qui permettra de connaître le surcoût imposé. Car si la société se vante de n'appliquer aucune segmentation artificielle au sein de son offre, c'est tout de même un peu de cela dont il est question avec ces modèles « Pro » : faire payer plus cher pour une gamme qui affiche des avantages spécifiques.
AMD Secure pas pour tous
La différence principale se situe sur un point, là aussi hérité des APU Pro : le composant AMD Secure est activé (voir notre analyse). Comme pour les processeurs EPYC, on aura donc droit à un chiffrement en temps réel de la mémoire (TSME), aussi exploitée dans le cadre de la virtualisation qui apportera un niveau de sécurité complémentaire et plutôt bienvenu.
AMD évoque aussi d'autres dispositifs comme une validation matérielle des composants, du BIOS et du firmware de la machine avant de démarrer l'intégralité du CPU, ainsi que fTPM (TPM 2.0), Secure Boot, etc. La société joue ici d'un certain flou entre ce qui est spécifique aux Ryzen Pro et ce qui est déjà accessible sur les plateformes grand public :
Pour le reste, il est surtout question des besoins classiques d'une entreprise : la gamme réduite permet d'assurer une stabilité de la plateforme, une disponibilité et un support sur le long terme, pour 18, 24 et 36 mois respectivement. Il est aussi question de gestion à distance par les administrateurs via des standards tels que DASH.
Bref, cela permet d'assurer un besoin assez spécifique, mais pas de réellement révolutionner le genre. Dès lors, on se demande si AMD n'aurait pas plutôt dû pousser sa logique de non segmentation jusqu'au bout, notamment pour ce qui concerne l'élément de sécurité intégré au die.
Si l'on comprend le besoin de références dédiées et d'une gamme réduite pour assurer un support « Pro » et sur le long terme, on a toujours autant de mal à accepter que l'utilisateur grand public ait droit à un niveau de sécurité moindre, à la manière d'un chiffrement Bitlocker qui n'est pas intégré aux éditions Famille de Windows.
Une disponibilité attendue pour la rentrée
Reste maintenant à découvrir les produits dans lesquels seront proposées ces puces, et à quel tarif. AMD dit déjà travailler avec ses partenaires à leur intégration et le fait de proposer des Ryzen 3 Pro devrait sans doute intéresser de nombreux intégrateurs, face à un Intel qui propose toujours une gamme vPro très limitée.
Les semaines à venir devraient donc être essentielles pour le constructeur qui joue ici aussi une partie de son avenir. Car s'il espère revenir à un bon niveau de parts de marché dans les serveurs (voir notre échange avec Lisa Su), il y a fort à parier que la société espère aussi retrouver des couleurs auprès des clients professionnels.
Et avec son concurrent principal qui ne devrait pas avoir grand-chose de nouveau à proposer avant un moment, AMD a une carte à jouer. Reste maintenant à transformer l'essai, et à convaincre avec une grille tarifaire qui devra être de nature à renforcer les finances du groupe tout en restant relativement attractive. On attendra aussi avec impatience l'arrivée des modèles avec puce graphique intégrée, qui auront l'avantage de ne pas nécessiter de carte graphique.