Google Wifi : le géant du Net veut prendre place dans votre salon et votre réseau

Pour commencer...
Google Wifi : le géant du Net veut prendre place dans votre salon et votre réseau

Cet été, Google a mis en vente son routeur Wi-Fi « Mesh » sur le marché français afin de faire une nouvelle incursion dans notre quotidien. Après avoir multiplié les tests, nous inaugurons aujourd'hui un dossier consacré aux réseaux sans-fil et au solutions « unifiées ».

Google a décidé de rentrer un peu plus dans nos vies « réelles ». Déjà omniprésent dans notre quotidien en ligne à travers ses services, son navigateur Chrome, la publicité ou Google Analytics, il veut devenir un compagnon de notre maison. Objectif : nous vendre des produits mais aussi faire partie de la révolution des objets connectés qui est encore devant nous.

Pour y parvenir, la société a tout d'abord racheté Nest début 2014. Un spécialiste des thermostats nouvelle génération, qui a depuis étendu son activité aux détecteurs de fumée et aux caméras. Mais cela ne suffisait pas, et c'est donc à travers deux nouveaux produits sous sa propre marque, annoncés pendant l'été en France, que cette offensive s'est renforcée.

Notre dossier Google Wifi :

Google contrôle sa communication... et bientôt votre Wi-Fi ?

On pense bien entendu à Google Home, l'enceinte connectée reliée à l'assistant numérique de Google. Mais il y a aussi eu le système de réseau sans-fil « Mesh » Google Wifi, qui est l'objet de notre article du jour.

Les deux ont été « vendus » à peu près de la même manière : une campagne médiatique massive et assez contrôlée, avec une pluie de tests publiés le jour J. Une pratique qui n'a rien de nouveau dans notre domaine mais qui peut avoir un effet de bord : tester des produits réseau est complexe, d'autant plus lorsqu'il s'agit de Wi-Fi. Ainsi, relever un débit en ligne droite dans un open space n'est pas vraiment le cas le plus intéressant à analyser. Et surtout, il ne doit pas être le seul.

Mais le story telling de Google était déjà tout tracé : Google Wifi se démarque surtout par son aspect compact et simple à prendre en main grâce à une application bien pensée, en plus d'être « accessible ». Comptez ainsi 139 euros pour un élément seul, et 249/359 euros pour deux ou trois bornes qui peuvent être utilisées ensemble (nous y reviendrons). Ce, alors que des produits comme Orbi de Netgear et Velop de Linksys se négocient entre 320 et 340 euros par « couple ».

Produits commandés, Bench développé, tests bouclés : c'est parti !

Une méthode qui a attiré notre attention. Nous avons donc commandé un couple de Google Wifi et un pack Netgear Orbi RBK40, la référence du moment dans le domaine du réseau Wi-Fi unifié, afin de voir ce qu'il en est. Nous avons ainsi passé une partie de notre été, de maisons en appartements, à torturer ces appareils (ainsi que d'autres) afin de vous préparer un dossier en plusieurs parties que nous commençons à publier aujourd'hui.

Pour l'occasion nous avons même développé un petit outil maison : LAN Bench. Celui-ci nous a permis d'effectuer des tests de transfert de fichiers entre un PC et un ou deux NAS, tout en assurant un suivi du débit en temps réel avec un résultat facile à relever. Il se veut ainsi plus concret que de simples tests avec iPerf qui nous servira dans un second temps dans des tests de saturation du réseau.

Comme tous nos outils, il sera accessible à tous et diffusé en open source... dès que nous aurons pris un peu le temps de nettoyer le code afin de rendre l'ensemble à peu près présentable ;) Surveillez donc notre blog.

LAN Bench

Du bon Wi-Fi, c'est quoi ?

Avant de commencer, posons-nous quelques questions. Tout d'abord, qu'est-ce qu'un bon Wi-Fi ? Si cette notion dépend des besoins de chacun, elle est spécialement difficile à définir en France. Les fournisseurs d'accès nous ont en effet habitué à utiliser leurs box qui font à la fois office de modem et de routeur. C'est donc elles qui gèrent tout le réseau et la connexion Wi-Fi de la maison... souvent avec quelques normes de retard.

Il s'agit le plus souvent de réussir à profiter d'une connexion Internet partout dans la maison, celles-ci dépassant rarement les 15-20 Mb/s en ADSL. Autant dire que le challenge n'est pas très relevé. Mais avec le très haut débit et la fibre qui se généralisent et des débits qui peuvent atteindre le gigabit par seconde, c'est une autre paire de manches.

Un tel débit peut facilement être soutenu par un câble réseau, mais en Wi-Fi ? Que faire si vous ne pouvez pas directement relier votre bureau de cette manière, dire adieu à une partie de la capacité de votre connexion ? Quid des smartphones (qui, pour rappel, ne disposent pas d'une prise RJ45) ou des transferts de gros fichiers au sein des bureaux de votre PME ?

Dual-band, MIMO, portée : attention aux astuces marketing

Une majorité d'utilisateurs se retrouve ainsi avec du Wi-Fi 802.11n, une norme ratifiée en 2009 et qui peut grimper à 150 Mb/s par flux ou 600 Mb/s (soit 75 Mo/s) avec quatre flux en simultanée (MIMO 4x4) sur la bande des 2,4 GHz ou des 5 GHz.

Un débit qu'il n'est possible d'atteindre que si votre appareil dispose lui aussi de quatre antennes. Sinon, il sera limité à 150 ou 300 Mb/s s'il ne dispose que d'une ou deux antennes. Un point important dans le choix d'un ordinateur portable ou d'un smartphone par exemple, mais qui est malheureusement assez peu détaillé par les constructeurs.

Pour rappel, la portée de la première bande de fréquences est plus longue, mais ses performances seront plus faibles. Elle est donc à privilégier pour les machines qui ont simplement besoin d'une connexion Internet sans débit particulièrement élevé. Elle est aussi plus facilement perturbée (par les micro-ondes notamment).

C'est pour cela qu'il est recommandé d'utiliser une largeur de bande de 40 MHz plutôt que 20 MHz (lorsque cela vous est proposée), seulement si vous êtes dans un environnement avec peu d'éléments perturbateurs et d'appareils sans-fil (donc à éviter si vous êtes dans un immeuble par exemple). Ce paramètre augmente en effet la sensibilité aux interférences.

Le fonctionnement 2,4/5 GHz dit « dual-band » explique une astuce marketing souvent utilisée dans le secteur. Elle consiste à annoncer des produits 802.11n avec un débit par exemple de 900 Mb/s... bien que cela ne corresponde à rien d'utilisable dans la pratique, puisque cela cumule les débits théoriques de bandes de fréquence différentes.

Ils sont en effet cumulables uniquement sur une même bande à travers différentes antennes. Il faudrait ainsi plutôt parler de 450 Mb/s + 450 Mb/s, puisqu'il est possible d'atteindre ces débits (théoriques) sur des produits différents exploitant chacun une bande de fréquence.

Le Wi-Fi et les box d'opérateurs en France

Le Wi-Fi 802.11n a été utilisé pour les premières Freebox Révolution données pour 450 Mb/s (MIMO 3x3) théoriques sur la bande des 2,4 GHz. Il en est de même pour la Mini 4K et le modem des Bbox. Dans la pratique, s'il offre une bonne portée, ses débits s'effondrent assez rapidement et les chiffres pratiques sont assez loin de la théorie.

Cela peut poser des soucis lorsqu'il s'agit de disposer de bons débits dans une maison entière ou à travers de multiples pièces. Pas simple aussi, lorsque votre bureau est à l'opposé de votre salon et que les deux sont éloignés de votre prise téléphonique ou de l'arrivée de la fibre optique (et donc de la box).

Nouvelle Livebox Orange
La Nouvelle Livebox d'Orange est encore la box qui propose le meilleur Wi-Fi en théorie

Depuis, le 802.11ac a été mis sur le marché. Ratifié fin 2013, il plafonne à 433 Mb/s (soit 54 Mo/s) par flux, quoi qu'en disent les rois du marketing. Car là aussi, il est courant de voir des chiffres abusifs mis en avant à coup de multiplication des bandes. Il est néanmoins assez courant de trouver des produits fonctionnant à 867 Mb/s (MIMO 2x2).

Nous ne sommes donc pas encore au Gigabit, mais on s'en approche, en théorie tout du moins. Car en pratique, on se retrouve le plus souvent aux alentours de 500/600 Mb/s avec deux antennes, mais avec tout de même la capacité de maintenir ce débit sur une distance correcte tant que l'on évite les obstacles et les pièces en renfoncement.

Encore assez rare, on trouve le Wi-Fi 802.11ac dans les Freebox Révolution les plus récentes, ou les dernières box de SFR (1 300 Mb/s + 450 Mb/s MIMO 3x3). C'est aussi lui qui se cache derrière la fameuse appellation marketing d'Orange : le Super-WiFi (1 733 Mb/s MIMO 4x4 + 450 Mb/s MIMO 3x3) de la Nouvelle Livebox.

Le Wi-Fi unifié, à quoi ça sert ?

C'est là qu'interviennent en général des outils qui permettent de « prolonger » le Wi-Fi. Quand la distance est trop importante, ou que la composition de la pièce le nécessite, on utilise un répéteur (ou Extender).

Vendus quelques dizaines d'euros en général, ils peuvent aider dans certains cas mais ne font pas de miracle du fait de leur composition assez basique. Ils ont aussi un gros défaut : ils utilisent un nom de réseau Wi-Fi (SSID) différent de celui de départ. Il faut donc parfois passer manuellement de l'un à l'autre sur un appareil mobile, et choisir entre 2,4 et 5 GHz, ce qui n'est pas très pratique.

Les constructeurs ont donc planché sur des solutions permettant d'utiliser un routeur mais aussi des points d'accès avec un même SSID. Une manière de disposer de différents appareils dans une maison tout en étant constamment connecté à celui qui est le plus proche / le plus rapide.

Pendant un temps, cela a été rendu possible par le WDS (Wireless Distribution System) qui a été implémenté dans très peu de produits, bien qu'on trouve encore quelques points d'accès qui en font mention. Ces dernières années, d'autres solutions se sont développées, notamment chez les constructeurs spécialisés.

L'un des plus connus est surtout actif sur le marché professionnel : UniFi. On retrouve aussi Linksys et ses Velop, Netgear et ses Orbi ou encore TP-Link et ses Deco. L'idée est de proposer des routeurs / satellites qui peuvent fonctionner sous un même SSID, le tout avec une gestion simple, de bons débits et une configuration via une application mobile.

Vous pouvez composer un réseau à deux ou trois éléments, voire plus si vous le désirez ou si cela s'avère nécessaire. Certains permettent aux satellites de communiquer directement entre eux sans passer par le routeur principal (Mesh / Daisy Chaining), mais pas tous. Netgear ajoutera notamment cette fonctionnalité avec ses firmware 2.1.

Netgear Orbi

Google Wifi et son réseau maillé, c'est quoi ?

C'est donc ce marché que Google a décidé de viser avec l'arrivée de ses Google Wifi. Dans la pratique, ce routeur prend la forme d'un petit cylindre de 106,12 mm de diamètre pour 68,75 mm de haut et un poids de 340 grammes. C'est plutôt léger et compact pour un produit du genre. Pour référence, un routeur Orbi de la gamme RBK40 annonce 162,56 x 78,74 x 203,2 mm... bref, ça n'a rien à voir.

Les caractéristiques techniques de la bête n'ont rien de bien transcendant, puisque l'on retrouve un processeur ARM à quatre cœurs (710 MHz) avec 512 Mo de mémoire et 4 Go de stockage eMMC. Il gère du Wi-Fi 802.11ac double bande (MIMO 2x2) à 1 200 Mb/s. Dans la pratique, il est donc question de 300 Mb/s + 867 Mb/s.

Gogle WifiGogle Wifi

Il gère le WPA2 pour la sécurité (TPM Infineon SLB 9615), le Bluetooth Smart (ou LE), intègre deux ports Gigabit RJ45 (seulement) : un pour le relier à internet, l'autre pour un appareil tiers. Une LED qui fait tout le tour du produit (voir ses différentes significations) et le tout s'alimente à travers un chargeur USB Type-C de 15 watts (câble de deux mètres) fourni dans le bundle. Sa consommation est donnée pour 9 watts. Il est aussi livré avec un câble RJ45 de deux mètres.

Il y a ici trois éléments principaux mis en avant par Google. Les deux premiers sont surtout pratiques : la présence du Bluetooth Smart, utilisé pour simplifier la configuration comme nous le verrons plus loin, et la disposition « à 360 ° » des quatre antennes au sein de ce produit au design cylindrique. Un point qui nécessitera un peu d'attention, comme nous le verrons plus tard.

Le dernier élément concerne l'utilisation de la norme 802.11s qui permet l'utilisation de plusieurs éléments du réseau sous la forme d'un maillage, avec un SSID unique. Ainsi, chacun peut discuter directement avec l'autre, ce qui peut notamment être utile dans le cas d'un réseau local. Car Google Wifi est vendu seul (139 euros), mais aussi en pack de deux (249 euros) ou trois (359 euros).

De quoi couvrir des surfaces jusqu'à 85 m² avec un seul élément selon le constructeur, et jusqu'à 170m² avec deux. Des chiffres qui semblent un brin optimistes, notamment en France où les murs des maisons sont souvent plus consistants qu'outre-Atlantique. Il est néanmoins précisé que « si vos murs sont épais ou si certaines pièces de votre maison sont longues et étroites, vous devrez peut-être disposer de points d'accès Google Wifi supplémentaires ».

Google indique que son dispositif maison (Network assist) vous fait passer constamment par le meilleur chemin. Il vous fera aussi passer automatiquement sur le canal et la bande la plus adaptée selon votre distance (2,4 GHz ou 5 GHz). Le beamforming est aussi de la partie, mais pas le Multi-User MIMO (qui permet de gérer en simultanée plusieurs appareils).

De quoi équiper votre maison ou les différentes pièces de votre appartement. La promesse est, comme nous l'évoquions, de faire mieux que la simple box de votre opérateur ou qu'un répéteur :

Google Wifi Distance

Google se veut rassurant sur les données, mais exige la création d'un compte

Lorsque l'on évoque la possibilité d'utiliser un routeur signé Google, les premières questions concernent en général la récolte des données et la vie privée. La société est en effet connue pour être un véritable aspirateur, basant toujours la majeure partie de son modèle économique sur le profilage des internautes et la publicité.

Un routeur étant tout de même un élément central qui voit passer tous les échanges du réseau et de la navigation, cela peut constituer un problème. Il est d'ailleurs amusant de noter que, bien que cette question se pose en réalité pour toutes les marques, qui pourraient exploiter ces mêmes données, c'est surtout le cas de Google qui soulève des interrogations.

L'occasion de rappeler que dans le domaine, la confiance doit être minimale, ce qui explique pourquoi le chiffrement des échanges en ligne est important. Certains iront plus loin en acceptant uniquement d'utiliser des routeurs OpenWRT.

De ce point de vue, Google Wifi a un premier point noir : il nécessite un compte Google. C'est à notre connaissance la première fois qu'un routeur refuse de fonctionner si nous n'utilisons pas un compte en ligne particulier, et autant le dire : la pratique est détestable.

Certes, l'utilisation d'un compte Google permet de se connecter de n'importe où et de surveiller l'état du réseau même lorsque vous n'êtes pas à la maison (nous y reviendrons). Mais cet apport pourrait très bien être facultatif et les informations relatives au réseau ou à sa configuration rester uniquement stockées de manière locale. Sans parler des risques supplémentaires en cas de piratage du compte.

Sur son site consacré au support, Google tient néanmoins à le préciser : « Il est important de savoir que Google Wifi et vos points d'accès Wifi ne surveillent pas les sites Web que vous consultez et ne recueillent aucun contenu ou trafic de votre réseau » (Après tout, Chrome et Analytics le font déjà ;)).

Mais comme nous l'avons noté dans notre analyse de la procédure d'installation et de configuration, d'autres pièges sont de la partie. Il y a notamment l'obligation d'activer la localisation géographique à l'installation, le fait que les DNS de Google sont ceux utilisés par défaut (plutôt que ceux du FAI) ou même l'obligation de disposer d'une connexion Internet active pour mettre en place certaines options.

De ce dernier point en découle un autre. Si le premier des trois paramètres de confidentialité (Services cloud) est désactivé, une bonne partie des services l'est aussi. Toutes les données éventuellement collectées sont détaillées par ici.

Google en profite pour rappeler que si vous ne voulez pas que votre réseau soit retenu pour ses services de localisation, son SSID doit se terminer par _nomap. Pour le reste, le géant du Net indique que son produit collecte votre canal Wi-Fi, l'intensité du signal et les types d'appareils utiles afin « d'optimiser les performances de votre Wi-Fi ».

Notre dossier Google Wifi :

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