Après avoir enquêté sur les activités de Free vis-à-vis de ses abonnés non dégroupés, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) s'intéresse désormais à Free Mobile selon plusieurs de nos confrères.
L'itinérance dans le viseur ?
En février 2012, le tribunal correctionnel de Paris condamnait Free (le FAI) à 100 000 euros d'amende et 40 000 euros de dommages et intérêts pour tromperie et pratiques commerciales trompeuses envers les abonnés en zone non dégroupée. Pour condamner Free, le tribunal s'est notamment appuyé sur une enquête de la DGCCRF réalisée quelques années auparavant et basée sur de nombreuses plaintes de clients.
Cette fois, la DGCCRF s'intéresse non pas à Free mais à Free Mobile selon une exclusivité publiée hier soir par Univers Freebox, confirmée aujourd'hui par Challenges et Les Échos. Selon ces derniers, une visite au siège parisien d'Iliad a eu lieu la semaine passée, fin mai 2013. Les documents visés par les enquêteurs de la DGCCRG pourraient concerner le contrat d'itinérance qui lie Free Mobile à Orange, ou encore le forfait à 2 euros.
Cette enquête de l'administration française soumise à Bercy est certainement une conséquence de la plainte de l'UFC-Que Choisir du mois de janvier dernier. Rappelons ainsi que l'association pointait du doigt les débits médiocres de Free Mobile lorsqu'il utilisait le réseau d'Orange. L'UFC-Que Choisir estimait à l'époque « qu’il existe un réel problème de qualité de service pour les offres de Free Mobile. Ces problèmes affectent très clairement les usages si bien qu’il ne parait pas abusif de dire que Free Mobile ne respecte pas son contrat avec les consommateurs. En effet, de manière trop récurrente, l’accès à divers services est malaisé, voire impossible. Or, un consommateur qui souscrit à une telle offre, d’autant plus que l’opérateur déclare ne procéder à aucun blocage, s’attend à avoir en permanence accès à tous ces services. »
L'UFC-Que Choisir a pointé du doigt le réseau de Free Mobile en itinérance en janvier dernier.
« La commercialisation de forfaits à moitié prix (...) pose des questions »
Interrogée l'an dernier par Le Point suite à la condamnation de Free, la DGCCRF avait aussi abordé le sujet Free Mobile. La direction précisait ainsi que si l'ARCEP enquêtait sur Free Mobile, elle n'enquêtait pas pour sa part. Néanmoins, cette déclaration date de plus d'un an et Didier Gautier, le patron du service national des enquêtes de la DGCCRF, concédait à l'époque que « la commercialisation de forfaits à moitié prix par ce nouvel opérateur mobile pose des questions. Il faut savoir si Free Mobile a les moyens de ses ambitions. » Gautier rajouta qu'en cas de plaintes importantes, une enquête de la DGCCRF envers Free Mobile n'était pas à exclure.
Les critiques incessantes de SFR et Bouygues Telecom vis-à-vis du contrat d'itinérance signé avec Orange, cumulées aux multiples tests de débits de Free des associations et de la presse, pourraient donc avoir poussé la DGCCRF à passer à l'action.
Quid du problème YouTube ?
Rajoutons qu'en septembre dernier, l'UFC a saisi l'ARCEP et la DGCCRF afin de les pousser à enquêter sur Free et les lenteurs d'accès à certains sites et services, et en particulier YouTube. La DGCCRF a peut-être fait une pierre deux coups en enquêtant à la fois sur Free et Free Mobile.
Enfin, suite à la plainte de l'UFC en janvier dernier envers Free Mobile, Xavier Niel, le fondateur d'Iliad, avait ironisé sur la situation : « À chaque fois qu'on nous tape dessus, nous faisons des recrutements records. Nos opposants font gratuitement notre marketing ! » Pour le moment, les derniers chiffres de recrutements de Free lui donnent raison.