En Suisse, un motard a été condamné mercredi à 18 mois de prison ferme par un tribunal de police. Il y a six ans, l’homme s’était filmé avec une caméra embarquée tout en roulant à plus de 200 km/h sur les routes helvétiques. La vidéo n’est cependant apparue que l’année dernière sur YouTube, ce qui n’a pas empêché sa condamnation.
La vidéo du chauffard est toujours en ligne. Intitulée « Ghost Riders in Geneva », elle fut publiée sur YouTube le 1er avril 2012. Pendant plus de 8 minutes 30, on y voit un motard effectuer le trajet Versoix - Vésenaz (Suisse) grâce à une caméra embarquée. La route défile alors à très grande vitesse : pointes à plus de 200 km/h, dépassements dangereux, feux rouges grillés, impressionnantes accélérations...
Sauf que la vidéo a rapidement été repérée par la police suisse. Même si la légende inscrite par l’utilisateur en dessous de son clip YouTube laisse entendre qu’elle date de 1998, les inspecteurs de la Brigade de sécurité routière sont arrivés à déterminer la date exacte des faits : le 30 mai 2007. Soit plus de cinq ans avant qu’elle n’atterrisse sur la plateforme de vidéos de Google.
Les autorités ont ainsi continué leur enquête, s’apercevant au passage que ce n’était pas le motard lui-même qui avait publié cette vidéo sur Internet, mais un ami à lui. En dix jours, ils remontent jusqu’au pilote, qui n’avait d’ailleurs pas le permis. Ce dernier est alors arrêté à la mi-avril 2012 puis placé en prévention pour « violation grave des règles de la circulation et mise en danger de la vie d'autrui ».
La police a mis dix jours pour remonter jusqu’au motard
Le motard, âgé aujourd’hui de 32 ans, comparaissait cette semaine devant la justice, comme le relate La Tribune de Genève. Le ministère public avait requis 18 mois de prison ferme à son encontre. Cet homme a « mis en danger de mort imminent un nombre indéterminé de personnes » a notamment plaidé le Parquet. En vertu d’un accord, la procédure a été simplifiée et le tribunal de police a prononcé la peine requise par le ministère public. Les magistrats ont également infligé une amende de 500 francs suisses (environ 400 euros) au motard pour usage de stupéfiants et frais de procédure. L’avocat du condamné a précisé que celui-ci acceptait sa peine, « sévère mais juste ».
En France, la solution aurait pu être toute autre. En effet, l’auteur d’une vidéo de ce type a été relaxé en 2008 par le tribunal correctionnel de Nancy grâce au jeu de la prescription. Les juges avaient considéré à l'époque qu’il était impossible de dater la vidéo avec certitude et que le doute devait dès lors profiter au mis en cause.
Cela n'a néanmoins pas empêché la justice de condamner d'autres chauffards. En mai 2012, deux personnes furent punies de deux mois de prison avec sursis après être apparues quelques mois plus tôt sur la vidéo d’un autre conducteur, lequel avait diffusé leur course-poursuite sur Internet. En mars 2011, le tribunal de Boulogne-sur-Mer a infligé une peine de six mois de prison avec sursis à l’encontre un motard s'étant filmé avec une caméra embarquée à plus de 200 km/h sur des routes du Pas-de-Calais.
Vers une censure des vidéos de chauffard par les hébergeurs ?
La multiplication de ce type de faits divers a récemment provoqué l’ire de la Ligue contre la violence routière. En janvier dernier, sa présidente, Chantal Perrichon, nous expliquait qu’elle souhaitait que les hébergeurs (YouTube, Dailymotion, etc.) censurent les vidéos de chauffards mettant en avant leurs excès de vitesse. « De la même façon que tout le monde comprend qu’il y ait une censure qui concerne par exemple la pédophilie ou le terrorisme, et bien à partir du moment où vous avez des vidéos qui risquent d’influencer le comportement des jeunes, c’est un risque que nous ne voulons pas voir pris par nos jeunes » plaidait-elle.