Deux ans après l'acquisition de Skype par Microsoft, Cisco Systems, accompagné de l'Italien Messagenet, a demandé aujourd'hui au Tribunal de l'Union européenne de reconsidérer son feu vert accordé à Microsoft en 2011. Cisco explique cette demande du fait du monopole créé par ce rachat.
Aucun problème d'ordre concurrentiel pour l'Europe
Véritable évènement en 2011, l'acquisition de Skype par Microsoft a fait couler beaucoup d'encre. Il faut dire que la firme de Redmond avait posé sur la tablette la très modique somme de 8,5 milliards de dollars pour obtenir le fameux logiciel de discussion spécialisé dans les appels audio et vidéo. Combiné à l'importance de MSN/Windows Live Messenger, le logiciel créé par les inventeurs de KaZaA et ancienne propriété d'eBay est depuis devenu une arme majeure pour Microsoft, qui n'a eu de cesse de l'intégrer au point de remplacer Live Messenger.
Le rachat de Skype ne s'est toutefois pas fait en trois jours. Son importance a logiquement poussé les autorités de concurrence à vérifier si une telle acquisition n'était pas dangereuse pour le secteur. La Commission européenne a toutefois donné son aval en octobre 2011, ne voyant pas de problème particulier, le secteur de Skype étant encore très concurrentiel à ses yeux. Tout au plus la Commission notait que Skype se devait d'être multiplateforme.
Un manque de concession
Ce point de vue n'est cependant pas partagé par Cisco Systems. L'Américain, sixième valeur boursière parmi les sociétés high-tech derrière Apple, Google, Microsoft, IBM et Oracle, estime au contraire que la firme de Redmond est en situation de monopole rapporte l'agence Reuters. Cisco déplore l'absence totale de concession réalisée par Microsoft, alors qu'en cas d'acquisition majeure (celle d'EMI par Universal par exemple), des concessions sont généralement une condition sine qua non pour que le rachat soit validé, ceci dans le but d'affaiblir le nouveau géant et donc de renforcer la concurrence.
Mais si le terme de monopole peut paraître exagéré, pour Cisco, nous sommes bien dans cette situation, en partie du fait de la forte croissance du service. Pour Luis Ortiz Blanco, juriste de Cisco, la fusion entre Skype et WLM a créé un « véritable monopole qui condamne la concurrence à rester dans des marchés de niche ». Pour le juriste, l'Europe aurait pu arranger cette situation en imposant des concessions à Microsoft : « le raisonnement retenu par la Commission contient de nombreuses erreurs ».
De son côté, un juriste de la Commission européenne a jugé que les arguments de Cisco et Messagenet étaient franchement insuffisants. Corneliu Hoedlmayr a ainsi affirmé devant le Tribunal que « les requérants ont échoué à apporter la preuve d'une atteinte à la concurrence ». Cela ne signifie toutefois pas que le Tribunal suivra l'avis de ce juriste. Il devrait rendre son avis d'ici ces prochains mois.