Tim Cook était hier soir l’invité de la conférence All Things Digital. Le PDG d’Apple a été interviewé sur bien des sujets, et il a fourni à plusieurs reprises des indications intéressantes sur les plans de la firme. Considération d’Android, concurrence compétente, feuille de route, ouverture des API aux développeurs tiers ou encore influence de Jonathan Ive sur les interfaces, tout y passe. Ou presque.
Crédits : The Verge
Invité lors de la conférence All Things Digital, Tim Cook a répondu aux questions (souvent tranchées) de Walt Mossberg et Kara Swisher. Attendu au tournant, le PDG d’Apple avait pour mission de rassurer sur plusieurs points, notamment le cours de son action, la feuille de route des produits ou encore sa capacité à innover. Bien que les réponses n’aient pas fourmillé de détails croustillants, des éléments intéressants ont clairement été donnés.
Apple n'est pas en danger
Tim Cook a commencé par rappeler qu’Apple était une société basée entièrement sur les produits. Même face à la croissance explosive d’Android et notamment de Samsung, Apple n’est « absolument pas » en danger. Pour la firme, tous les indicateurs sont au vert, et le PDG indique d’ailleurs que 59 % des visites sur le web se font depuis des appareils frappé d’une pomme. Mais il confirme que la chute de l’action a été « frustrante… pour les investisseurs et pour nous ». Cook n’est cependant pas inquiet : « Quand vous êtes dans le secteur depuis un moment, vous voyez de nombreux cycles. Tout ce que nous avons à faire c'est de nous occuper des produits. Si vous faites de bons produits qui enrichissent la vie des gens, le reste suit ».
Sortir de la zone de confort
Tim Cook confirme en outre que même si l’iPad mini se vend bien, il n’a rien d’une évolution puisqu’il n’appartient pas à une « nouvelle catégorie ». Ce qui permet à Mossberg et Swisher de s’engouffrer dans la brèche : qu’en est-il de la télévision ? Ici, Cook se défile en indiquant que l’actuelle Apple TV s’est vendue à 13 millions d’unités, dont la moitié sur la seule année dernière. Apple continue de travailler dans ce domaine, mais Cook a refusé de répondre plus explicitement sur ce qui était prévu. Un « Je ne veux pas répondre à cette question » qui a, bien évidemment, presque autant de valeur qu’une réponse plus concrète.
Clairement intéressé par les équipements portables (tels que les lunettes et les bracelets), Cook indique qu’il porte un FuelBand de Nike (il fait partie du Conseil d’administration de la marque). Il confirme que de nombreuses opportunités sont possibles, mais il est en revanche moins enthousiaste pour les lunettes : « Je porte des lunettes parce que je le dois. Les gens veulent généralement que leurs lunettes reflètent leur apparence, leur style, etc. C’est donc difficile d’un point de vue grand public ». Tout en précisant que le nombre de capteurs embarqués explose, ce qui est précisément le même constat que chez Microsoft il y a quelque temps.
Apple « n’a aucun problème religieux » avec Android
Interrogé sur Android et sur la manière dont la plateforme de Google devient nettement majoritaire sur le marché, Tim Cook reste serein. Jamais selon lui les produits Apple ne sont conçus pour être ceux qui se vendent le plus. Ce peut être le cas, comme pour l’iPad, mais la firme serait finalement plus intéressée par la « satisfaction du client » : « L’iPad a changé la donne… les gens ne disent pas cela à propos des tablettes Android. Qu’importe le domaine, en fin de compte, le client est le juge ». Lors d’une session de questions/réponses plus tard, il ajoutera qu’Apple « n’a aucun problème religieux » avec Android : si porter des applications Apple vers le système de Google devait un jour avoir du sens, cela se ferait.
La « magie » du croisement entre matériel, logiciel et services
Au sujet d’OS X et iOS, Tim Cook a bien confirmé que la WWDC, dans moins de deux semaines, sera l’occasion de montrer le futur des deux systèmes. Il revient également sur le rôle de Jonathan Ive, considéré comme prépondérant dans l’image d’Apple, et Cook indique que la firme a considéré qu’il pourrait s’occuper « du logiciel ». Autrement dit, l’influence de « Jony » s’étend à l’ensemble de la plateforme logiciel d’Apple, et il faut s’attendre à des changements importants sur les appareils mobiles ainsi que sur les ordinateurs. Pour l’entreprise, la « magie » réside dans le croisement entre le matériel, le logiciel et les services.
Des déclinaisons pour l'iPhone ? Rien n'est moins sûr
Et concernant l’iPhone ? Il s’agit d’une partie assez intéressante de l’interview. Interrogé sur de possibles déclinaisons du smartphone, Tim Cook reconnait que cela n’a jamais effectivement été fait, à la différence des autres produits. « Cela représente une grande quantité de travail de réaliser un téléphone quand vous devez vous occuper du matériel, du logiciel et des services. Nous nous sommes concentrés sur cette mission. Nous ne nous sommes pas penchés sur des gammes multiples. Pensez à l’iPod… l’iPod Shuffle n’avait pas les mêmes fonctionnalités que les autres produits. C’était un bon produit, mais il ne jouait pas le même rôle. Le Mini a joué un rôle différent que le modèle classique. Les gens disaient que le Mini ne se vendrait pas, mais il a prouvé qu’ils voulaient du plus léger, du plus fin, du plus petit. Ces produits servent différentes personnes, différents types, différents besoins. Pour le téléphone, c’est la question : en sommes-nous arrivés au point où nous avons besoin de faire cela ? ».
À la question de savoir si les grands écrans pourraient être une voie d’évolution, Tim Cook se montre plus que réservé : « Aujourd’hui, un grand écran vient avec de nombreux inconvénients. Les clients regardent la taille, mais ils demandent également si les photos affichent les bonnes couleurs. Balance des blancs, réflectivité, autonomie, longévité… tous sont importants. Nos clients veulent que nous pesions ces éléments et que nous prenions une décision. Pour l’instant, nous estimons que l’écran Retina est le meilleur. Dans un monde hypothétique sans désavantages, la taille de l’écran serait un facteur de différenciation ».
Tim Cook a également confirmé plusieurs points de la vie actuelle de l’entreprise. À savoir que l’audition devant le Sénat, en regard de sa politique d’optimisation fiscale, semble s’être bien passée. L’avis de la firme sur un système de taxes qu’elle juge archaïque semble avoir été pris en compte. Selon Tim Cook, il se pourrait qu’Apple paye au final davantage d’impôts, mais le PDG se dira heureux si cela peut se faire en échange d’une grande simplification du système (dont le règlement fait 7 500 pages).
Ouverture d'iOS : du mieux en perspective
Et sur l’ouverture de la plateforme iOS ? Il pourrait bien y avoir du changement. Walt Mossberg a indiqué en effet que le manque d’ouverture d’iOS devenait préjudiciable et ne permettait pas à Apple de se battre à armes égales avec Android, notamment sur des technologies telles que le clavier virtuel, la reconnaissance, l’écriture prédictive et ainsi de suite. Des domaines où les applications tierces peuvent largement enrichir et améliorer l’expérience de base.
Tim Cook le reconnaît : « Globalement, vous allez nous voir ouvrir davantage d’API dans le futur, mais pas au degré où les utilisateurs pourraient risquer une mauvaise expérience ». Mossberg insiste : « Donc vous laisserez les tiers s’occuper de certaines fonctionnalités », ce à quoi Cook répondra simplement « Oui ». Ce qui signifie qu’Apple devrait laisser les développeurs entrer dans des zones jusque-là interdites telles que l’écran verrouillé ou le clavier virtuel, aboutissant finalement à une plus grande personnalisation du système. Cela étant, la marge d’amélioration, comparée à Android, reste considérable.
Globalement, Tim Cook a tenté de rassurer en montrant qu’Apple restait à l’écoute d’un monde qui change. L’année devrait être intéressante, mais forcément sur les produits eux-mêmes. En effet, si la firme compte ouvrir davantage ses API et laisser aux développeurs davantage de libertés, les résultats pourraient être plus intéressants qu’un simple renouvellement de gammes. En outre, pour la première fois depuis longtemps, il se pourrait bien qu’Apple prenne davantage de risques avec le renouvellement de ses interfaces. Il faudra attendre la keynote de la WWDC, le 10 juin, pour en savoir plus.