L’agence australienne de renseignements, l’ASIO, a été victime d'un vol de données. Selon plusieurs experts, l’opération a été menée depuis la Chine. Les données seraient particulièrement sensibles et incluraient notamment les plans de l’établissement et certains emplacements stratégiques. L’affaire est largement ouverte aux spéculations alors que le gouvernement australien refuse de révéler certaines informations.
L'agence de l'ASIO, près de Canberra
Les plans du bâtiment dérobés
Situation plus qu’embarrassante pour l’Australie : le tout nouveau quartier général de l’ASIO (Australian Security Intelligence Organization) a été victime d'une fuite de données. Selon toute vraisemblance, l’attaque a été menée depuis la Chine si l'on en croit la chaine d’informations ABC. Plus précisément, l’offensive était dirigée contre une entreprise qui avait participé à la construction du site.
Le piratage a été couronné de succès puisqu’une quantité importante d’informations sensibles ont été volées. C’est notamment le cas des plans du bâtiment de l’ASIO, ce qui inclut l’emplacement des serveurs ainsi que son infrastructure de sécurité. En clair, c’est potentiellement toute la sécurité de l’édifice qui a été compromise. Et ce n’est pas tout : les hackers auraient également pénétré les protections du département de la Défense, du bureau du Premier Ministre ainsi que celles du département des Affaires étrangères.
Motus et bouche cousue
Le problème est multiple pour le gouvernement australien. D’une part, il s’agit d’un véritable camouflet sur le plan de la sécurité, notamment parce que le piratage touche un édifice flambant neuf. Il y a donc un vrai barrage sur la communication : « Il s’agit d’une grande quantité de renseignements et d’éléments d’espionnage sur lesquels nous ne ferons pas de commentaires » a ainsi indiqué Mark Dreyfus, le ministre de la Justice.
Une ligne de défense que l’on retrouve également chez le ministre des Affaires étrangères, Bob Carr : « Rien de ce qui fait l’objet de spéculations ne nous prend par surprise. Je ne ferai aucun commentaire au sujet des renseignements et de la sécurité, et ce pour une raison évidente : nous ne voulons pas partager ce que nous savons avec le monde et des agresseurs potentiels sur ce qu’ils pourraient être en train de faire, et comment ils le feraient ».
D’autre part, la situation est rendue plus complexe par l’origine du piratage. La Chine est un partenaire crucial pour l’Australie, et Bob Carr a d’ailleurs pris soin d’écarter rapidement tout doute sur une éventuelle dégradation des échanges commerciaux : « Nous avons d’énormes zones de coopération avec la Chine ». Une attitude prudente partagée par Mark Dreyfus : « Plus nous partageons ce que nous savons sur les activités d’espionnage en Australie ou sur les aspects opérationnels du contre-espionnage, plus nos opposants […] en sauront sur les capacités et les méthodes que nous avons pour détecter l’espionnage et les cyber-menaces ».
Un silence critiqué
Ce barrage à l’information est sévèrement critiqué par d’autres députés et sénateurs. Christine Milne par exemple, chef des écologistes, se demande « comment quelque chose d’aussi basique que les plans de construction » ont pu être volés. Le sénateur Nick Xenaphon, accuse pour sa part le gouvernement de « se cacher derrière le voile de la sécurité nationale pour couvrir ce qui semble être une situation très embarrassante ».
Et la situation est bien embarrassante à plus d’un titre, et tout le problème réside dans le bâtiment de l’ASIO. Puisqu’il symbolise l’agence de renseignements, c’est à travers toute la Défense australienne qui a été attaquée. En outre, et cette donnée est cruciale pour comprendre les critiques, le budget alloué à la construction de l’édifice a été dépassé de 170 millions de dollars, pour atteindre un total de 630 millions. Une construction critiquée et sur laquelle la sécurité s’est concentrée, au point peut-être d’en oublier que le maillon faible était ailleurs.