RSF s'élève contre l'installation de nouvelles armes de surveillance en Syrie

DPI et cyber-censure

Une trentaine de serveurs Blue Coat, reposant sur des technologies très intrusives de type DPI, seraient utilisés depuis peu en Syrie d'après de récentes découvertes réalisées par un groupe de hackers. La célèbre association Reporters Sans Frontières vient ainsi de s'élever contre l’installation de ces appareils, qu'elle perçoit comme « une menace supplémentaire pour la circulation de l’information, ainsi que pour la sécurité des net-citoyens, des journalistes et de leurs sources ».

bluecoat

Document mis en ligne sur « We fight censorship ».

 

Reporters Sans Frontières s'alarme d’une découverte rendue publique mardi dernier par le groupe d’hacktivistes Telecomix : l’installation par les autorités syriennes de 34 serveurs commercialisés par la société Blue Coat. L’association déplore que ce type de matériel, basé sur des technologies de Deep Packet Inspection (DPI), autorise le régime de Bashar Al-Assad à « analyser et contrôler l’activité des internautes syriens : censure de sites, interception d’emails, détails des sites visités par internaute, etc. ». Plus de détails sur cette découverte sont d’ailleurs proposés sur la plateforme « We fight censorship », gérée par RSF.

 

L’association a immédiatement demandé des explications à Blue Coat. Et pour cause : déjà mise en cause par RSF, notamment au travers de son dernier bilan sur la cyber-censure, la société américaine avait tenté de la convaincre de sa bonne foi. « Nous respectons et soutenons pleinement les droits de l’homme, comme la liberté d’expression. Nous ne concevons pas nos produits pour réprimer les droits humains, et ne tolérons pas leur utilisation à de telles fins » écrivait ainsi la firme en mars dernier. Elle promettait surtout « un examen complet de [ses] activités, politiques et procédures » dès 2013, afin de voir comment « limiter les abus de [ses] produits ».

RSF n’exclut pas une action en justice

Sauf que RSF refuse de se faire mener en bateau. « Si l’entreprise américaine venait à déclarer, comme elle le prétendait le 12 mars dernier, qu’elle ne vend pas ses serveurs à la Syrie, elle se doit d’expliquer aux Syriens et à la communauté internationale la présence en Syrie de ses équipements ». L’association n’exclut au passage pas une éventuelle action en justice contre la société américaine. « Si, au terme d’une enquête sur le système d’exportation utilisé, il devait s’avérer que Blue Coat n’a pas pris les mesures nécessaires pour empêcher une telle exportation de ses produits, ou si cette exportation devait avoir eu lieu au mépris des lois en vigueur, Reporters sans frontières se réserve le droit de porter l’affaire devant l’opinion publique ou les tribunaux appropriés ».

 

L’association en profite enfin pour rappeler que cette affaire démontre bien « qu’une réglementation et un contrôle de l’exportation de matériel de surveillance sont indispensables ». Il s’agit en effet d’un vieux cheval de bataille de RSF que d’obtenir, notamment au niveau européen, un contrôle des exportations d’armes de surveillance. Le gouvernement a d’ailleurs ouvert une porte en ce sens lors du séminaire gouvernemental sur le numérique. Mais en mars dernier, l’association expliquait qu'elle préférait attendre « de voir des actions concrètes » de la part de l’exécutif avant de crier victoire trop rapidement.

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