Un élan de solidarité en faveur du premier abonné condamné se met en place. Plusieurs personnes nous ont contactés pour aider financièrement Alain P.
Après notre interview exclusive, plusieurs internautes nous ont contactés - spontanément - pour se proposer d’offrir 150 euros à Alain P. La somme correspond très exactement au montant de son amende : cet abonné est le premier à avoir été condamné dans le cadre de la Hadopi, reconnu coupable d'avoir négligé la sécurisation de son accès internet. Précisons que selon l'article 40 de la loi sur la liberté de la presse, il est interdit d'ouvrir ou d'annoncer publiquement des souscriptions pour payer une amende ou des dommages et intérêts. Il est ainsi prohibé de lancer un appel (une souscription, donc) aux fins d'indemniser tel ou tel abonné sanctionné. Une infraction punie de 6 mois de prison et de 45 000 euros d'amende.
Face aux avertissements de la Rue de Texel, cet abonné nous a indiqué que c’est sa compagne qui avait téléchargé les deux MP3 de Rihanna. A sa demande, son épouse s’est dénoncée sur l’honneur, alors qu'ils sont en instance de divorce. En bout de course, notre abonné a fait procéder au nettoyage de son PC. Il avoue ne rien connaître à l’informatique et a remis la facture de l’intervention à la gendarmerie. Visiblement trop tard pour le Tribunal de Police de Belfort devant lequel il s'est défendu tout seul, sans avocat.
« Il est responsable de ce que font ses enfants ou sa femme »
« Cela permet de faire connaître au grand public ce "défaut de sécurisation" condamnable, se gargarise Pascal Rogard, celui qui se présente non sans rougir comme l’un des pères de cette loi. Dans les colonnes du Nouvel Obs, la tête de la SACD ajoute que « chaque abonné à internet doit faire attention à ce que son accès ne soit pas utilisé pour de l'illégal. Il est responsable de ce que font ses enfants ou sa femme. Cette première condamnation est un succès puisque la personne a reconnu les faits et parce que le juge a su apprécier le fait que l'homme n'avait pas lui-même téléchargé, infligeant une sanction modérée ». Chez Ecrans.fr, Franck Riester, rapporteur UMP pour Hadopi 1 et Hadopi 2 a lui considéré ce jugement comme « un aboutissement ».
Hadopi, qui a coûté plusieurs dizaines de millions d’euros depuis sa création, déporte la charge de sa pédagogie automatique sur le dos du contribuable, non sur les ayants droit. En amont, ceux-ci doivent simplement assurer le coût de la surveillance des réseaux P2P par leur prestataire, l’entreprise TMG. Le reste est supporté par l’Etat, du moins quand les FAI seront remboursés de leurs frais d’intermédiation.