Contrairement aux prévisions pessimistes de certains analystes, Apple n'a pas annoncé un recul de son chiffre d'affaires mais bien un nouveau record trimestriel. Néanmoins, le recul important de ses marges, déjà remarqué depuis plusieurs trimestres, a fortement impacté son bénéfice net, en baisse de plus de 18 %.
Les ventes d'iPad ont fortement augmenté d'une année sur l'autre.
Un bénéfice énorme mais en diminution
Avec 37,4 millions d'iPhone vendus (+2,4 millions), 19,5 millions d'iPad (+7,7 millions) et 3,95 millions de Mac, Apple a réalisé un excellent premier trimestre 2013 (clos le 30 mars). La Pomme a d'ailleurs signé un chiffre d'affaires record pour ce trimestre, avec 43,6 milliards de dollars récoltés, en hausse de 11,2 %. En un an, sa marge brute est par contre passée de 47,4 % à 37,5 %. Un recul de près de 10 points qui n'est pas sans conséquence, dès lors que le bénéfice d'Apple a régressé de 18,1 %, pour atteindre 9,5 milliards de dollars. Un bénéfice qui reste exceptionnel, mais qui diminue donc.
La presse dans le monde entier l'a immédiatement fait remarquer, il s'agit de la première baisse significative du bénéfice net pour Apple depuis près d'une dizaine d'années. Effectivement, si l'on remonte au troisième trimestre fiscal 2003 (clos le 28 juin), le géant américain annonçait un bénéfice de 19 millions de dollars, contre 32 millions de dollars réalisés un an plus tôt. Néanmoins, à cette époque, la Pomme n'avait ni iPhone ni iPad, et ses ventes de Mac étaient cinq fois inférieures à celles d'aujourd'hui. Il s'agissait surtout d'une période où Apple peinait à équilibrer ses résultats et où ses marges brutes étaient plus limitées (entre 25 et 28 %). En 2002, Apple a d'ailleurs annoncé des pertes nettes, preuve de ses difficultés.
Aujourd'hui, nous sommes donc à une époque totalement différente, où Apple est capable d'annoncer des bénéfices nets supérieurs à 10 milliards de dollars, soit six fois son chiffre d'affaires d'il y a dix ans. Des résultats incomparables liés à la sortie de nouveaux produits qui ont lui permis d'augmenter son chiffre d'affaires mais aussi de quasi multiplier par deux ses niveaux de marges. Et il s'agit surtout de bénéfices supérieurs à n'importe quel autre acteur du secteur high-tech et internet, Microsoft, IBM, Oracle et Google compris.
Des marges inférieures à ses heures de gloire
Toutefois, depuis quelques trimestres, la situation a changé. Ses ventes, malgré une forte concurrence, n'ont pas souffert, le marché des smartphones et des tablettes étant en forte croissance. Mais afin de contenter ses fournisseurs (en particulier Foxconn) et assurer un niveau de qualité élevé, tout en ne répercutant pas ses hausses de coûts sur ses tarifs du fait de la présence de concurrents agressifs, Apple a dû rogner sur ses marges. Certes, avec 37,5 % de marges brutes, la firme de Cupertino reste à des niveaux bien supérieurs à ceux du début des années 2000 (et ne parlons pas des années 90), mais le recul par rapport à 2011 et au début 2012 est très important. Point que les investisseurs noteront obligatoirement.
Notez d'ailleurs que l'action d'Apple est passée de 702 dollars en septembre dernier à moins de 400 dollars ce mois-ci (406 dollars hier soir), ce qui est assez inquiétant. Rajoutez que le PDG Tim Cook est aujourd'hui traité comme Steve Ballmer par la presse américaine et certains analystes (ce qui n'a rien de flatteur), et vous comprendrez que les prochains résultats d'Apple sont attendus au tournant. Tout comme ses futurs produits par ailleurs.
Aucun rebond n'est en tout cas attendu au prochain trimestre, Apple ayant publié des prévisions de chiffre d'affaires aux alentours des 34,5 milliards de dollars, pour une marge brute d'environ 36,5 %. Le créateur de l'iPod a néanmoins parfois tendance à sous-estimer ses résultats. Réponse dans trois mois.