Deutsche Telekom, l'équivalent allemand de France Télécom, a nié vendredi vouloir limiter à une certaine capacité par mois ses nouveaux clients haut débit. Une "information" propagée initialement après l'article d'un blog allemand. Néanmoins, l'opérateur n'a pas caché que l'idée était loin d'être rangée dans un carton. Si une telle politique venait à être mise en place, elle pourrait bien faire boule de neige en France.
75 Go pour l'ADSL, 300/400 Go pour le FTTH ?
Deutsche Telekom, via son blog officiel, a vivement réagi au billet publié vendredi par Fanboys.fm. Ce dernier a en effet expliqué que le FAI allemand comptait, à l'instar du monde de la téléphonie mobile, fixer une limite de transfert de données à ses abonnés internet. Ce volume épuisé, la vitesse de transmission sera alors ralentie. Un client qui aura alors besoin de plus de volume pourra, toujours à l'image du mobile, réserver des capacités supplémentaires ou voir sa ligne fortement ralentie.
Le FAI allemand, qui précise bien que rien ne changera, explique via son blog que mettre en place une telle politique aurait malgré tout un certain sens du fait de l'explosion de la consommation des données. Qui plus est, « les réseaux doivent être considérablement développés et ils coûtent des milliards ». Rajoutez à cela les baisses de tarifs des télécommunications, qui n'aident en rien ses finances. Enfin, cela aurait pour avantage de faire payer au juste prix les forfaits en fonction de la consommation. « Jusqu'à présent, tous les utilisateurs subventionnent les utilisateurs intensifs. »
D'après Fanboys.fm, qui base ses informations sur une source anonyme, venant probablement d'un employé de Deutsche Telekom (ou d'un concurrent), l'offre ADSL de base du FAI limitera la consommation des données à 75 Go par mois. Un seuil qui grimpe à 200 Go pour les abonnés VDSL (50 Mb/s maximum), à 300 Go par mois pour les abonnés FTTH à 100 Mb/s, et 400 Go pour ces mêmes abonnés à 200 Mb/s.
384 kb/s ensuite ?
Toujours selon Fanboys.fm, au-delà de ses limites, l'abonné disposera donc de deux choix. Soit son débit sera franchement réduit (on parle de 384 misérables kb/s), soit il devra donc ouvrir son portefeuille et dépenser une certaine somme pour obtenir des Go supplémentaires. Selon les sources du site, cette nouvelle politique sera mise en place début mai prochain.
Sans surprise, malgré le démenti de Deutsche Telekom, la nouvelle est très peu appréciée outre-Rhin. Le billet publié sur le blog du FAI a ainsi généré plus de 700 commentaires au moment où nous rédigeons ces lignes. Un nombre élevé quand on sait que la plupart des billets du blog du FAI allemand ne comptent qu'entre zéro et trois commentaires. Même logique sur le compte Facebook de l'opérateur, où plus de 300 commentaires ont été publiés suite au message du FAI sur ce sujet.
Il faut dire que le démenti de Deutsche Telekom est particulièrement troublant. L'opérateur historique allemand semble en effet sous-entendre que si des changements venaient à être appliqués, ils ne le seraint de toute façon qu'aux nouveaux clients. Qui plus est, en fin de billet, le FAI précise que « si quelque chose venait à changer, nous vous en informerons ». De quoi semer un certain doute.
Et en France ?
Un projet de la Fédération Française des Télécoms.
En France, l'idée fait son chemin depuis au moins l'été 2011. Depuis, aucun FAI n'a pour le moment osé mettre en place des offres différenciées en fonction des débits, de la consommation de données ou même des protocoles activés. Il faut dire qu'ils ont pu augmenter leurs revenus moyens en lançant des box améliorées et des services supplémentaires (appels illimités vers les mobiles, etc.). Qui plus est, Free n'hésite pas depuis un certain temps déjà à facturer l'accès à la télévision de rattrapage pour ceux souhaitant un accès rapide en tout temps.
À cette époque, Orange et SFR avaient d'ailleurs « fait savoir qu’ils étaient pour la différenciation des offres et qu’on ne pouvait continuer à avoir une infime partie de consommateurs qui monopolisent une grande partie de la bande passante, dégradent la qualité d’accès à Internet et continuent à payer la même chose que les autres ».
Rappelons enfin qu'au début de l'année, la commissaire européenne Neelie Kroes a fait couler beaucoup d'encre en affirmant qu'elle n'était pas opposée à des forfaits internet limités, tout du moins si cela permettait de réduire les prix. Une boite de Pandore ouverte et qui pourrait bien difficilement se refermer si Deutsche Telekom venait à limiter les débits sur ses offres ADSL, VDSL et FTTH.