Le juge peut constater le retrait de messages litigieux en cours d'audience

Le juge peut constater le retrait de messages litigieux en cours d’audience

#UneBonnePreuve

Avatar de l'auteur
Xavier Berne

Publié dans

Droit

22/04/2013 3 minutes
20

Le juge peut constater le retrait de messages litigieux en cours d'audience

Au cours d'une procédure d'urgence, une magistrate du tribunal de grande instance de Paris a accepté de constater par elle-même le retrait de commentaires laissés par des internautes et considérés comme dénigrants à l’égard d’une société spécialisée dans le photovoltaïque. Cette dernière clamait pourtant que seul un constat d’huissier pouvait avoir valeur de preuve.

consoglobe

 

Le tribunal de grande instance de Paris a dû départager la semaine dernière deux sociétés, Groupe Solaire de France et Factosoft. La première attaquait la seconde afin qu’elle retire de son site Web, www.consoglobe.com, des commentaires laissés par des internautes. GSF jugeait ces derniers dénigrants à son égard et réclamait au passage 10 000 euros de dommages et intérêts. Comme moyen de preuve, l’entreprise rapportait un constat effectué par un huissier de justice.

 

Sauf que devant le tribunal, Factasoft annonçait avoir retiré le nom de GSF des messages litigieux, de telle sorte qu’il n’était plus possible d’identifier directement l’entreprise. Au cours de l’audience, et avec l’accord des parties, la magistrate et son greffier ont décidé d’examiner par eux-mêmes le site ConsoGlobe. Le tribunal a alors pu constater que le nom de GSF n’apparaissait plus dans les commentaires litigieux. Les plaignants ont cependant répliqué en clamant que le moyen de preuve ne pouvait pas être retenu, en ce qu’il était insuffisant : seul un huissier de justice pouvait effectuer ce constat.

Indifférence vis-à-vis du constat d'huissier 

Mais la juge en charge de l’affaire ne l’a pas entendu de cette oreille. En effet, dans son ordonnance de référé, en date du 16 avril 2013 (et disponible sur Legalis), elle a retenu que « le tribunal et les parties ayant pu constater à l’audience que la mention de la société Groupe Solaire de France avait été retirée des commentaires des internautes, il est indifférent qu’un huissier de justice n’ait pas lui-même examiné le site pour parvenir à la même constatation ». Relevant que les commentaires maintenus sur le site n’étaient « plus désobligeants pour la société Groupe Solaire de France, dès lors que son nom n’apparaît plus », l'entreprise plaignante a donc vu ses demandes écartées en attendant un procès au fond. Elle devra en outre verser 1 000 euros à Factasoft au titre des frais de justice.

 

« Il découle de cette décision qu’il est inutile de recourir à un huissier de justice en matière de preuve sur internet lorsqu’un juge peut lui-même constater personnellement la diffusion ou la suppression de contenus illicites sur internet » analyse maître Anthony Bem sur son blog. Il s'agit ainsi d'une jurisprudence qui devrait intéresser ceux qui souhaitent faire l'économie de ce type d'acte...

Écrit par Xavier Berne

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Indifférence vis-à-vis du constat d'huissier 

Fermer

Commentaires (20)


Très bonne chose !



Il est logique (selon moi) qu’un tribunal constatant “en direct” un fait puisse l’utiliser directement, car ce fait est une preuve, après tout.


Les huissiers vont défiler dans la rue.<img data-src=" />


En gros, suffira de rendre inaccessible les données le jour du procès pour échapper à la condamnation, et tout remettre en ligne le lendemain…



Ca peut amener à des dérives ce genre de choses…


Oui, quand il y aura des dérives du style “je bloque uniquement le jour qui va bien”, les huissiers reprendront du service !








TBirdTheYuri a écrit :



En gros, suffira de rendre inaccessible les données le jour du procès pour échapper à la condamnation, et tout remettre en ligne le lendemain…



Ca peut amener à des dérives ce genre de choses…







Ba c’est pareil pour l’huissier! il ne va pas aller se connecter chaque jour pour vérifier que les commentaires n’ont pas été remis….



Sinon, pour la question posée dans le screenshot : la réponse est dans 95% des situations “non”.

La puissance crête imposée par la loi (3kW) est trop faible pour rendre l’installation rentable pour un particulier.








TBirdTheYuri a écrit :



En gros, suffira de rendre inaccessible les données le jour du procès pour échapper à la condamnation, et tout remettre en ligne le lendemain…



Ca peut amener à des dérives ce genre de choses…





Hum sauf que s’ils s’amusent à faire ça ils risquent de prendre un violent retour de bâton, je pense pas que les juges aiment bien qu’on se foute de leur gueule.









wiss a écrit :



Ba c’est pareil pour l’huissier! il ne va pas aller se connecter chaque jour pour vérifier que les commentaires n’ont pas été remis….





Non, mais les faits ont bien été présents un jour. S’il suffit pour n’importe quelle affaire de cacher le fait pour lequel on est poursuivi le jour de l’audience, alors tout le monde pourra faire ce qu’il veut sans rien risquer.









RaYz a écrit :



Hum sauf que s’ils s’amusent à faire ça ils risquent de prendre un violent retour de bâton, je pense pas que les juges aiment bien qu’on se foute de leur gueule.







tout à fait, le plaignant qui revient avec un constat d’huissier du lendemain du jugement <img data-src=" />, ils doivent adooooorer :p



Par contre, dans l’article il est dit que le juge a procédé à la manip’ avec l’accord des parties. Et si l’une d’entre elles n’est pas d’accord, le juge doit s’abstenir ? Que peut-il faire dans ce cas de mauvaise foi patente ? Reporter l’audience ?




Autrement dit, la preuve peut être faite directement au cours du procès par le magistrat dans ce type de litige, sans qu’il soit forcément nécessaire d’en faire réaliser un constat par le biais d’un huissier. Il s’agit ainsi d’une jurisprudence qui devrait intéresser ceux qui souhaitent faire l’économie de ce type d’acte…





Oué mais dans ce cas c’est le plaignant, qui malgré des preuves constatées par huissier, doit payer les frais de justice de tout le monde car les preuves ont été effacé avant la séance …



Bizarre dis donc … effectivement, si les preuves constaté par l’huissier n’ont aucune valeur si un tribunal constate qu’elles ont disparues … effectivement un huissier devient useless… bizarre la logique.



Donc j’insulte n’importe qui j’attends une date de procès j’efface mes commentaires et le plaignant me paiera mes frais de justice? …

[mode gaspard proust ON] elle est pas belle la vie ? <img data-src=" />



Allez je reste dans ce mode



Edit:

Sauf que devant le tribunal, Factasoft annonçait avoir retiré le nom de GSF des messages litigieux, de telle sorte qu’il n’était plus possible d’identifier directement l’entreprise. [..]Le tribunal a alors pu constater que le nom de GSF n’apparaissait plus dans les commentaires litigieux





Et en plus les commentaires sont toujours présents <img data-src=" />

Elle est pas belle la vieeee ? <img data-src=" />


Non mais là il s’agit d’une procédure d’urgence : le juge a juste constaté qu’il n’y avait pas urgence puisque le nom du plaignant avait été retiré, ça ne préjuge en rien du résultat de la procédure normale qui va suivre pour déterminer le préjudice subi.


(the bird …)

“..En gros, suffira de rendre inaccessible les données le jour du procès

pour échapper à la condamnation, et tout remettre en ligne le lendemain… ”



salut

certes en théorie c’est possible, “les petit malins” qui jouent à ce petit jeu

(se moquer du Juge…il NE va pas aimer..c’est sûr !!! ) se faisant : ils

auront AGRAVE la 1ère infraction, et là ..ça fera TRES TRES mal !!!



on NE se moque pas impunément des juges, d’autant “qu’au départ

il leur redait service” –&gt; éviter de passer par un Huissier !



(“c’est le chien qui mort la main de CELUI qui lui donne à manger”) <img data-src=" />


D’apres l’article, l’affaire est pas encore jugé sur le fond mais juste en refere. La societé accusé peut encore etre condamné sur le fond. Donc si elle essaye de berner en virant juste le jour du jugement, elle va prendre cher quand le juge jugera le fond.








yeti4 a écrit :



certes en théorie c’est possible, “les petit malins” qui jouent à ce petit jeu

(se moquer du Juge…il NE va pas aimer..c’est sûr !!! ) se faisant : ils














HarmattanBlow a écrit :





  • Bonjour je suis l’ours Gabby. Tu sais ? L’ours des Petits Malins…



    • Trois ans de taule, ça vous apprendra !







      Tu m’as remis cette musique dans la tête <img data-src=" />

      Honte à toi !










yeagermach1 a écrit :



D’apres l’article, l’affaire est pas encore jugé sur le fond mais juste en refere. La societé accusé peut encore etre condamné sur le fond. Donc si elle essaye de berner en virant juste le jour du jugement, elle va prendre cher quand le juge jugera le fond.







Déjà, ça n’aurait aucun intérêt puisque l’on parle de commentaires laissés sur leur site, à vrai dire, ils devaient surtout ne pas avoir envie de dépenser de l’argent en modération. Du coup, justice, hop, on nettoie, c’est pas pour le remettre…



Après, si les petits malins adorent se faire péter les dents à coups de marteau, ils peuvent agacer un juge. D’autant plus qu’ils pourraient se faire péter autre chose en prison, il ne faut pas être malin pour jouer au malin comme ça.



Ça me paraît logique qu’un juge se passe du constat d’un huissier, s’il a les moyens de constater par lui même et d’une manière certaine les motifs de la plainte.

Question : ils ont internet sur grand écran dans les salles d’audience ?


Et sur le fond ? parce qu’on n’a pas le droit de critiquer une entreprise? la qualité de son travail? ses résultats ? La liberté d’expression on s’en fout ? <img data-src=" />



Après le juge du siège est aussi indépendant et neutre qu’un huissier doit l’être, donc il peut tout à fait constater que le nom de la société a été enlevé, même au cours de l’audience.








fred131 a écrit :



Et sur le fond ? parce qu’on n’a pas le droit de critiquer une entreprise? la qualité de son travail? ses résultats ? La liberté d’expression on s’en fout ? <img data-src=" />





C’était une procédure d’urgence comme le dit l’introduction en gras au début de l’article.

Donc :



l’entreprise plaignante a donc vu ses demandes écartées en attendant un procès au [quote]fond

.[/quote]

Le jugement sur le fond viendra plus tard.