L’affaire AppGratis creuse un fossé inhabituel au fur et à mesure des jours. D’un côté, les démentis formels d’iMediapp sur les soupçons qui pèsent contre cette entreprise ainsi que la politisation de l’affaire, de l’autre l’accumulation des signes d’une activité commerciale clairement condamnable par Apple.
Deux facettes très distinctes d'une même affaire
La suppression de l’application AppGratis de l’App Store par Apple aura décidément alimenté les débats. L’affaire oppose l’entreprise française iMediapp, embauchant 45 personnes, à Apple, pour sa décision radicale et son manque d’explications détaillées. La chronologie des faits telle que vue par iMediapp fait transparaitre un comportement incompréhensible du géant américain. La visite de la ministre Fleur Pellerin au chevet de l’entreprise malade, trois mois après l’investissement de 10 millions d’euros par Iris Capital (Orange et Publicis), renforce l’idée d’une injustice.
Mais il était rapidement apparu des soupçons sur le fonctionnement d’iMediapp. Son activité commerciale, pointée notamment du doigt par Mac4Ever, était accusée d’affecter le fonctionnement de l’App Store. D’une part, AppGratis provoquait, via ses douze millions d’utilisateurs, des mouvements de masse qui bouleversaient la classification des applications les plus téléchargées. D’autre part, l’entreprise française était soupçonnée de démarcher les développeurs pour leur vendre à l’avance des « packs » de téléchargement pour un certain prix. L’intérêt ? Leur assurer une excellente visibilité qui s’obtient, en théorie, seulement au mérite.
Multiplication des signes troubles
Très récemment, le PDG de d’iMediapp, Simon Dawlat, avait démenti ces accusations, assurant que son équipe dénichait les promotions. L’entreprise négocie en outre parfois directement avec les développeurs pour une gratuité, une baisse de tarif ou l’inclusion d’achats in-app pour une période de 24 heures.
Mais alors que le site 148apps.com avait dévoilé des éléments marketing émanant d’iMediapp et présentant des offres de « bursting » (paiement d’un lot de téléchargements), Business Insider remet le couvert. Le site publie à son tour un tableau reprenant des chiffres du même acabit.
Source : BusinessInsider
Par exemple, on peut y voir qu’il est nécessaire en France de réaliser 30 000 téléchargements pour qu’une application iPhone se retrouve dans le Top 5, et 10 000 pour l’iPad. Aux États-Unis, ce chiffre est de 100 000 pour une application iPhone. Toujours selon le tableau, il faudrait alors 300 000 dollars (coût par installation de 3 dollars) pour se garantir une place au soleil.
Contacté par Business Insider, Simon Dawlat a simplement donné les éléments déjà indiqués à TechCrunch. La documentation ne serait donnée qu’à titre indicatif pour représenter ce qu’il en coûterait à un éditeur pour se hisser jusque dans le Top 5, que ce soit avec iMediapp, Facebook Mobile Ads ou iAd d’Apple. Des explications qui manquent de précision, le PDG n’ayant pas souhaité poursuivre plus avant son propos.