Dans un entretien avec nos confrères de PC Mag, Jim Wicks, vice-président et directeur du design chez Motorola, donne les grandes lignes de ce que seront les prochains smartphones de la marque. Ils auront une taille jugée idéale et ne seront pas nécessairement des modèles géants. En outre, ils seront surtout livrés sous Android, sans la moindre surcouche.
Depuis le rachat de Motorola Mobility par Google, on entend parler d'une nouvelle impulsion donnée par le second sur le premier. Il faut dire que les porte-parole de Mountain View ne se sont pas cachés pour juger les terminaux de la société acquise, estimant qu'ils n'étaient pas assez innovants. Mais le but non avoué (et non avouable) pour Google est très certainement aussi de réduire la pression que peut prétendre avoir un Samsung aujourd'hui au sein de l'écosystème Android. En effet, le géant coréen est partout, à tous les niveaux de gamme et prend de très nombreuses parts de marché au point d'être un leader incontestable, laissant quelques miettes aux autres.
Motorola est d'ailleurs un très bon exemple de constructeur ayant dégringolé ces dernières années. Un temps sur le podium des vendeurs de téléphones, il est aujourd'hui moribond, l'ombre de lui-même, un fabricant de second rang, loin derrière Samsung, Apple, Sony ou encore... Nokia.
Pour Jim Wicks, la taille du smartphone n'est pas si importante
Depuis quelque temps, on peut voir que tous les fabricants se font une course à l'échalote qui a pour but d'avoir le smartphone le plus grand. En effet, rien que pour cette année, il semblerait que les téléphones de 5 pouces aient la côte chez les constructeurs (Sony, Samsung, LG, ZTE, etc.). Tous ont au moins un modèle de cette taille quand ce n'est pas plus (Mega 5.8 ou 6.3 chez Samsung, Ascend Mate de 6,1" chez Huawei). Bref, tous partent dans cette voie du téléphone le plus grand possible : la taille définit la gamme dans l'oeil du client.
Mais pour Jim Wicks, le directeur du design de Motorola, la philosophie est plutôt « le meilleur est le meilleur » et pas forcément « le plus grand est le meilleur ». Derrière cette seule remarque, on peut enfin espérer qu'un smartphone haut de gamme ne doit pas être forcément au format XXL.
Le Motorola RAZR i ne deviendra pas plus grand
En effet, si l'on souhaite un terminal Android intéressant, il faut aussi posséder de grandes mains, car les terminaux plus petits ont des caractéristiques techniques revues au rabais, des écrans à faible définition ou manquant cruellement d'options. Si l'on prend l'exemple d'une puce Snapdragon S4 Pro ou Snapdragon 600 de Qualcomm, on ne les voit jamais (ou presque) dans un téléphone de 4 pouces, alors que rien ne l'empêche. Du côté des dalles, si l'on voit de nombreux téléphones de 5 pouces affichant du Full HD, combien de 4 pouces ou moins disposent d'un écran 720p ?
Toujours est-il que le patron du design chez Motorola indique à nos confrères de PC Mag qu'« il existe des gens qui aiment les grands écrans, mais il y en a beaucoup aussi qui veulent quelque chose d'à peu près normal. Je pense que ce "à peu près normal" est important et que nous devons en concevoir afin de ne pas décevoir ces gens-là ». Un espoir pourrait donc renaître chez ceux qui sont excédés par les modèles haut de gamme systématiquement de grande taille.
Android sera brut, tout du moins avant le passage des opérateurs
L'autre bonne nouvelle est que Motorola livrera ses smartphones sans aucune surcouche pour Android. Car une nouvelle fois pour le patron du design : « les gens ne veulent pas de tous ces trucs pré-installés sur leurs terminaux. Ils veulent définir ces choses-là par eux-mêmes. Nous mettons donc l'accent sur la simplicité et la puissance au service du consommateur ». Si le « monsieur design » en arrive à tenir ce genre de propos, il faut aussi se rappeler d'où vient Motorola. En effet, ces deux dernières années la marque américaine a dû plusieurs fois faire des offres de reprise aux États-Unis (allant jusqu'à 100 dollars) pour des terminaux sur lesquels aucune mise à jour n'était possible ou proposée...
Et il enchaine justement : « Les consommateurs aiment ce qu'Android peut faire pour eux et ils veulent obtenir rapidement les dernières nouveautés ». Ce n'est certainement pas Google qui lutte avec une fragmentation importante de son système d'exploitation mobile qui dira le contraire, et certainement pas nous non plus.
Il faudra cependant regarder ce que donnent ces terminaux une fois passés dans les mains des opérateurs, souvent friands d'ajouter de nombreux artifices - à l'utilité parfois douteuse - pour personnaliser l'expérience de l'utilisateur, mais surtout l'enfermer autour de ses propres services.
Quelle place laissée aux Nexus de Google ?
Reste qu'avec cette nouvelle philosophie chez Motorola, une question reste en suspens : quel avenir restera-t-il à la gamme Nexus chez Google ? Car si tous les terminaux obtiennent les mises à jour aussi rapidement que sur les produits du géant de Mountain View, ces derniers n'auront peut-être plus autant d'intérêt qu'aujourd'hui. Même si, pour beaucoup, les Nexus sont également représentatifs du haut de gamme. Mais nul doute que Motorola devra frapper fort et à tous les niveaux pour pouvoir rivaliser avec des fabricants tels que Samsung.
Il faudra tout de même attendre que Motorola abatte ses cartes avant de tirer toute conclusion. L'officialisation des nouvelles gammes de smartphones n'est pas attendue avant la seconde partie de l'année.