L’affaire AppGratis n’est pas terminée. Alors même qu’elle s’est politisée en France suite au passage de la ministre Fleur Pellerin dans les locaux de l’entreprise française, elle continue de provoquer des remous à cause de questions restées jusqu’ici sans réponse. Une histoire à rebondissements entre dénégations claires, soupçons de « farm bots » et pétition.
Une affaire qui n'est pas terminée
AppGratis est une application de recommandation supprimée par Apple récemment. Le « scandale » provient d’une décision radicale de la firme et de son manque d’explications. L’entreprise française iMediapp, embauchant 45 personnes, devient rapidement l’incarnation de la lutte entre une petite structure et le mastodonte Apple. L’affaire prend un tournant politique quand Fleur Pellerin s’empare du dossier et se rend au chevet de l’entreprise malade. Cette dernière a de plus reçu un important investissement de dix millions d’euros du fonds Iris Capital (Orange et Publicis).
Et pourtant, les accusations contre AppGratis ne manquent pas. iMediapp se livrerait ainsi aux ventes par anticipation d’un certain nombre de téléchargements, offrant ainsi une prestation aux éditeurs dont la finalité est simple : occuper les premières places du classement dans l’App Store. Ce dernier se verrait alors influencé fortement par un éditeur tiers, le classement ne représentant plus alors la « méritocratie » mais étant le simple résultat d’un investissement financier.
Le PDG d'iMediapp réfute les accusations
Des allégations que Simon Dawlat, PDG d’iMediapp, réfute totalement. Dans un courrier envoyé à TechCrunch, il aborde plusieurs points importants. Il explique ainsi que plus de vingt employés de l’entreprise dédient leurs journées à la recherche des promotions sur l’App Store. Ils s’occupent également de négocier avec les éditeurs des rabais de trois façons : des applications temporairement gratuites, des éléments in-app intégrés ou une baisse sur le tarif. Et de revendiquer l’efficacité d’un système qui peut s’appuyer sur les 12 millions d’utilisateurs de l’application sur iPhone.
Simon Dawlat indique très clairement dans sa réponse qu’iMediapp travaille avec « des milliers de développeurs d’applications dans le monde et nous mettons en avant leurs apps gratuitement ». Il indique que certaines campagnes sont sponsorisées mais sont justement labellisées comme telles. Le fonctionnement de ces campagnes permet à iMediapp de générer un revenu pour chaque installation (CPI, Cost-per-Install). Le PDG ajoute en outre que des « quotas stricts » sont scrupuleusement suivis pour ces campagnes.
Le patron termine son courrier en insistant lourdement sur un point : iMediapp ne fait pas commerce d’un nombre de téléchargements. Il explique : « Atteindre le sommet de n’importe quel App Store est une équation simple et logique. Mais nous ne sommes pas dans cette activité ».
Des éléments troubles toujours présents
Problème : le site 148apps.com a publié il y a quelques jours des éléments de marketing envoyés par iMediapp à des clients potentiels. Comme rapporté par nos confrères de Mac4Ever, ces éléments mettent particulièrement en avant le « bursting », soit la capacité de l’entreprise à positionner rapidement un produit en tête de classement. En outre, des exemples sont fournis pour préciser combien de téléchargements sont nécessaires pour être propulsé dans le peloton de tête, à savoir le « Top 1-5 ». Ainsi, en France, il n’est besoin que de 20 000 téléchargements.
Soulevé par nos confrères également, un fil de discussion sur Quora s’oriente vers une hypothèse complémentaire : AppGratis pourrait avoir utilisé des « bot farms ». Ces dernières sont utilisées pour générer de faux comptes, ce qui permet par la suite de provoquer des téléchargements. Un message anonyme cite notamment des comportements « typiques » d’une ferme de bots, notamment une activité qui baisse rapidement après l’arrivée de l’application en tête de classement ou encore l’absence de moyens pour traquer les téléchargements côté éditeur. Aujourd’hui, une ferme de bots réclame un ou plusieurs botnets car Apple surveille les créations multiples de comptes depuis une adresse IP unique.
De notre côté, nous avons questionné Apple et iMediapp pour des réactions sur ces sujets. La firme de Cupertino a tenu compte des demandes mais n’a toujours pas répondu. iMediapp, malgré des demandes répétées, ne souhaite toujours pas répondre.