La monnaie virtuelle Bitcoin voit sa valeur actuelle évoluer en dents de scie. Après avoir atteint récemment un sommet, elle enchaîne les plongeons et les rebonds. Beaucoup y voient la fin d’une bulle, mais il existe un autre aspect : celui d’attaques informatiques contre certaines bourses d’échanges afin de manipuler le cours de cette devise.
Crédits : Zach Copley, licence Creative Commons
Qu'est-ce que Bitcoin ?
Bitcoin est une monnaie très particulière car ne dépendant d’aucune banque ou institution financière. On sait qu’elle a été créée en 2009 par un spécialiste du chiffrement informatique portant le pseudonyme de Satoshi Nakamoto. La devise est entièrement virtuelle et donc dématérialisée : elle fonctionne sur une base de peer-to-peer et d’échanges intégralement chiffrés.
Pour comprendre Bitcoin, il est nécessaire de regarder un peu plus en détails son fonctionnement. Sans banque ni institution financière, qu’en est-il de la masse monétaire ? Qui frappe cette monnaie, et comment ? Les utilisateurs ont d’abord besoin d’un client Bitcoin sur leur ordinateur ainsi que d’une adresse spécifique. Par la suite, toute transaction, toute vérification, tout calcul se fera en P2P, donc réparti entre les utilisateurs. Cette « e-monnaie » est frappée en fonction des besoins, mais est prévue pour ne pas dépasser les 21 millions d'unités.
Utilisation erratique et bulle spéculative
Même si l’agrégat monétaire est fixe, il n’empêche pas la valeur du bitcoin de varier de manière importante, voire brutale. C’est précisément ce qui se passe depuis quelques jours. Si l’on en croit la bourse d’échange Mt.Gox, la plus forte valeur enregistrée était récemment de 266 dollars pour un seul bitcoin. Désormais, elle est de moins de 150 dollars à l’heure où nous écrivons ces lignes, et en baisse continue. Mais avant cela, elle était déjà passée par un plongeon à 142 dollars, avant de remonter à 200 puis de basculer à nouveau.
Évolution de valeur d’un Bitcoin en dollars depuis 24 heures, source : Mt.Gox
Comme n’importe quelle monnaie, le bitcoin est soumis à la spéculation et donc à la création d’une « bulle ». Une partie de l’explication aux montagnes russes actuelles pourrait donc tenir à un fait très simple : les personnes quittant le marché du bitcoin seraient plus nombreuses que les personnes y entrant. Mais s’il s’agit ici d’un principe évident des bulles spéculatives, ce n’est pas la seule explication possible.
Argent virtuel et attaques bien réelles
En effet, Bitcoin se distingue par son aspect totalement dématérialisé. Dès lors, son traitement exclusivement informatique induit un risque de sécurité, et donc de potentielles attaques. C’est ce que rapporte TechCrunch : deux bourses d’échange Bitcoin, Mt.Gox et Bitstamp, ont subi à plusieurs reprises des attaques par déni de service, provoquant de très importantes latences dans les transactions.
Dans un message datant du 4 avril, Mt.Gox, basée au Japon, s’est expliqué devant ses utilisateurs. La société précise notamment pourquoi ce type d’attaque survient : « Les attaquants attendent jusqu’à ce que le prix des bitcoins atteignent une certaine valeur, vendent, déstabilisent la bourse, attendent que tout le monde vende en paniquant, attendent que le prix chute jusqu’à un certain point, puis arrêtent l’attaque et achètent le plus possible. Répétez l’opération deux ou trois fois comme on l’a vu dans les derniers jours et ils engrangent les profits ». Un objectif facilité, selon Mt.Gox, par les attaques DDoS.
Dans un communiqué datant d’aujourd’hui-même, Mt.Gox signe un très net accroissement des ouvertures de comptes depuis hier, mais sans attaque cette fois.
Les avis divergent
Mais d’autres phénomènes ont pu participer à l’état actuel de la devise. Le New Yorker insistait la semaine dernière par exemple sur la crise de Chypre et comment les investisseurs utilisaient les bitcoins pour mettre des sommes à l’abris, provoquant dans la foulée un brusque accroissement de la demande. Ainsi, le Monde citait plus récemment Yannick Naud de la société d'investissement Glendevon King Asset Management (Londres) : « il n'existe aucune preuve tangible, si ce n'est que les dates concordent ». Le gérant ne croit d’ailleurs pas à une bulle : « on est dans une logique où il faut mettre un prix sur quelque chose de nouveau ». Il ajoute d’ailleurs que le bitcoin « était dans l'enfance. Il entre dans l'adolescence avec son lot de crises ». Une formule reprise aujourd’hui dans « La nouvelle édition » de Canal+.
La monnaie virtuelle est donc potentiellement en train de traverser les premiers vrais problèmes qui la feront fonctionner sur des bases plus saines dans l’avenir. Un point d’ailleurs reconnu sur le site officiel même de Bitcoin : « La valeur du Bitcoin peut augmenter ou diminuer de façon imprévisible sur une courte période de temps en raison de sa jeune économie, sa nature inusitée et ses marchés parfois peu liquides ». En outre, rien n’empêchera les bourses d’échange d’être attaquées de nouveau.