Si le marché des jeux vidéo affiche une croissance constante depuis plusieurs années, et qu'il représente plus de 70 milliards de dollars de chiffre d'affaires dans le monde, pour Electronic Arts, il ne s'agirait toujours pas d'un bien de grande consommation. Cependant, l'arrivée des télévisions connectées dans le paysage vidéoludique pourrait changer la donne.
Richard Hillemen, directeur de la création chez Electronic Arts a tenu une conférence au Royaume-Uni lors du TV-Connect, un salon dédié aux télévisions connectées et à leurs applications. À cette occasion, nos confrères de GamesIndustry l'ont interrogé afin de connaitre son point de vue sur ce marché qui peut sembler très prometteur pour la plupart des studios et des éditeurs.
« Déjà, il faut que les entreprises du jeu vidéo comprennent ce qu'est vraiment un marché de masse, parce que nous n'en sommes pas là pour le moment. Franchement ce qui nous rapproche le plus d'un tel marché, c'est les jeux sociaux et ceux sur mobiles. De mon point de vue, la télévision est un marché énorme et nous ne sommes que du menu fretin » assure-t-il. En effet, selon lui il se vendra 170 millions de téléviseurs connectés en Chine cette année, soit l'équivalent de l'ensemble du marché américain. À titre de comparaison, les ventes cumulées de la Xbox 360, de la PlayStation 3, et de la Wii gravitent autour des 250 millions d'unités.
Cependant, si le nombre de téléviseurs connectés augmente à un rythme sans précédent, il reste quelques problèmes à résoudre avant que les éditeurs puissent en profiter pleinement. L'un des principaux soucis tient au fait que la plupart des appareils utilisent des systèmes d'exploitation divers, ce qui demande plus de travail aux développeurs. Aussi, l'absence de contrôleur adapté au jeu est souvent un handicap.
Mais pour Electronic Arts le souci tient surtout au modèle économique proposé par les constructeurs de télévisions. La plupart du temps, ils proposent des abonnements pour avoir accès à tout un catalogue de jeux, et cela n'arrange pas le géant américain qui s'estime lésé. « Tout modèle d'abonnement qui nous met au milieu d'un bundle de 700 jeux signifie que c'est nous qui tirons le tout vers le haut. Si nous faisons un bon produit, et que les autres en font 55 plutôt médiocres et que nous sommes tous regroupés dans le même pack, c'est bon pour eux, pas pour nous. Ainsi, ils ont rendu bon marché mon produit en comparaison des autres, ils ont réduit les attentes du client, et ne m'autorisent pas à créer une valeur unique pour le client », affirme le dirigeant.
Enfin, nos confrères l'ont questionné au sujet d'une éventuelle Apple TV qui pourrait venir chambouler le marché des téléviseurs connectés, et l'homme n'a fait que botter en touche. « Apple fait ce qu'elle veut, et si elle fait un bon produit, nous serons contents de travailler avec elle... à condition qu'elle fasse quelque chose. Je crois qu'aujourd'hui personne ne sait si une Apple TV verra le jour, pas même Tim Cook ».