Où placer le marqueur entre le consentement à payer l’impôt et la sauvegarde des deniers d’une société détenue à près de 30% par l’État ? Stéphane Richard, patron d'Orange, a choisi.
Alors que François Hollande envisage de taxer les très hauts revenus, ceux supérieurs à un million d’euros, le numéro un de France Télécom prépare d’ores et déjà sa petite optimisation fiscale : «Si la loi instaurant une taxe à 75 % sur les salaires supérieurs à 1 million d’euros est adoptée, prévient-il dans Le Figaro, je ferai passer ma rémunération sous la barre du million d’euros. Je ne voudrais pas que France Télécom soit obligée de payer cette taxe sur mon salaire. » Plutôt que de verser de l'impôt et contribuer aux finances publiques, le patron de France Télécom préfère ainsi laisser l'argent au chaud dans les caisses d'Orange.
L’intéressé a perçu 1,5 million d’euros en 2012, dont 600 000 euros de partie variable calculée selon plusieurs indicateurs comme la satisfaction des salariés.Si la taxe est validée, le sacrifice de Stéphane Richard conduira son salaire à fondre de 4109 euros à 2739 euros. Par jour.
En septembre 2012, il révélait payer 650 000 euros d’impôts chaque année. Sur France2, il se disait prêt à payer la surtaxe Hollande mais à condition que l’entreprise y trouve des contreparties, même impopulaires pour les syndicats. « Là, on aura eu l’impression d’un marché de dupe. »
Les salaires ont toujours été un sujet de guéguerre entre les numéros un des télécoms. En janvier 2012, Xavier Niel affirmait ainsi que « mon salaire et celui de Maxime Lombardini, directeur général d’Iliad, sont vingt à trente fois inférieurs à celui de nos homologues ailleurs. Nous essayons de prendre en compte la juste valeur des choses ». Il affirmait alors percevoir 173 000 euros bruts annuels pour 313 millions d'euros de profits.
En réponse, Stéphane Richard se moquait : « Free serait une sorte de coopérative ouvrière ou chacun serait payé au même tarif où le dirigeant ne toucherait qu’un « ridicule » salaire annuel de 173 000 euros, 70 % du capital de la société appartenant à ses salariés. Mais si M. Niel ne se paye « que » 173 000 euros, les comptes publiés l’an dernier par la société Iliad indiquent qu’il a touché 14 millions d'euros de dividendes ! Par ailleurs, si, en effet, un peu plus de 65 % du capital sont détenus par les salariés, M. Niel en détient à lui seul plus de 62 % ! »