Médiamétrie a annoncé hier soir lors de son bilan du mois de février que 15 % des internautes français, soit 6,673 millions d'abonnés, ont englouti plus de la moitié du temps passé sur le web par tous les internautes du pays. Une statistique qui rejoint les fameux Net-goinfres pointés du doigt par la Fédération Française des Télécoms en 2011.
Une majorité d'internautes très occasionnels
Sur 44,52 millions d'internautes en France, 15 % d'entre eux, soit seulement 6,673 millions d'internautes, occupent donc 55,2 % du temps total passé en ligne. Une statistique complétée par une autre tout aussi intéressante : 50 % des internautes français, soit plus de 22,2 millions de personnes, ne représentent que 7,2 % du temps passé sur la Toile. Une donnée qui démontre bien les différences entre les internautes occasionnels et les plus accros au Net.
L'institut note d'ailleurs que ces 15 % de gros consommateurs du web ont représenté 77,9 % du temps consacré aux blogs et sites communautaires, contre 1,8 % pour les 50 % d'internautes occasionnels. Tous internautes confondus, le temps passé dans le mois sur ces sites a ainsi été de 5h23. Une période qui grimpe à 28h si l'on s'intéresse uniquement aux « 15 % ».
Pire encore, 83,1 % du temps passé à jouer en ligne est occupé par cette minorité de gros consommateurs. En effet, ces derniers ont passé 26h10 au mois de février à jouer sur Internet. Tous internautes confondus, cette moyenne tombe à 4h42. Médiamétrie note d'ailleurs que les accros au Net ont passé plus de 11h à répondre à leurs courriels en février, soit 66,9 % du temps de tous les internautes, la moyenne nationale étant tout de même de 2h28.
Cette minorité de Net-goinfres qui capte toute la bande-passante
Ces données nous rappellent qu'en 2011, à l'époque où l'on réfléchissait déjà en France à différencier les forfaits Internet afin de mieux cibler chaque consommateur, la Fédération Française des Télécoms (FFT) décrivait le marché de la façon suivante : « 5 % d’internautes mobilisent par leurs excès 80 % de la bande passante. L'idée est donc de rendre les gens responsables afin que chacun ait un accès égal à Internet. (...) Pour ceux qu’on appelle les « Net-goinfres », on verra sans doute des offres avec des tarifs plus élevés que ce l'on voit aujourd'hui. »
Mais ce constat de la minorité qui capte toute la bande-passante est bien plus ancien. En 2009 par exemple, l'opérateur américain AT&T faisait ainsi remarquer que 3 % de ses clients consommaient à eux-seuls 40 % de la bande-passante disponible sur son réseau mobile.
Dans la même philosophie, ces Net-goinfres rejoignent aussi les critiques des FAI envers certains services spécifiques. Il y a quelques années, le P2P, surtout en soirée, représentait ainsi une part énorme de la consommation de la bande-passante. Aujourd'hui, des services comme Netflix et YouTube sont pointés du doigt pour atteindre lors de certaines heures des niveaux de consommation proches des 50 %. Et ces services sont eux aussi « attaqués » par certains FAI. La logique est ici la même : identifier les gros, et pourquoi pas les faire payer un jour.
Enfin, si l'on revient aux données dévoilées par Médiamétrie pour le mois de février, Google (dont YouTube) a attiré 40,93 millions de visiteurs uniques, devant Microsoft (36,16 millions), Facebook (30,7 millions), Orange (22,75 millions) et Wikimedia (22,2 millions). Free, Leboncoin, Les Pages Jaunes, Yahoo! et SFR suivent de près.