Hispalinux, une association espagnole regroupant 8000 utilisateurs de Linux accuse Microsoft de pratiques anti-concurrentielles et menace de trainer l'éditeur devant la Commission Européene. En cause, le Secure Boot intégré à l'UEFI qui ne permet pas d'installer le système d'exploitation de son choix sur les PC vendus récemment qui proposent Windows 8 par défaut.
« Microsoft prend le contrôle des fabricants de PC via Windows 8 »
Sur son site, l'association Hispalinux justifie son plaidoyer contre Microsoft. En effet, selon elle : « La nouveauté de Windows 8 est qu'elle oblige un partenariat entre le fabricant de PC et Microsoft pour que le PC puisse démarrer, qui de facto devient sous le contrôle de Microsoft, ce qui provoque une nouvelle obstruction dans la concurrence, et qui empêche d'installer le système d'exploitation de son choix à la place de Windows 8 ».
Derrière ce propos, l'association évoque l'arrivée du Secure boot au sein de l'UEFI depuis la sortie du dernier système d'exploitation de Microsoft qui nécessite une clé unique. Cette fonctionnalité verrouille l'accès à la partition de démarrage et empêche des logiciels malveillants de l'attaquer.
Elle enchaine ensuite : « Ainsi tout logiciel qui souhaite opérer sur un marché où Microsoft est en position dominante, doit avoir le consentement de Microsoft. Autrement dit, les développeurs de logiciels doivent se mettre d'accord avec Microsoft, pas avec les consommateurs. Le pouvoir de Microsoft va irrémédiablement causer des dommages à l'industrie du logiciel européenne et retarder la concurrence ».
« Le Secure Boot ne signe pas la fin des virus et des logiciels malveillants »
Toujours selon l'association « Microsoft utilise l'excuse de la sécurité. La société empêche l'accès à la partition de démarrage du système d'exploitation des PC de leurs clients pour que ces derniers souffrent moins des virus et logiciels malveillants. Cependant, cela ne sera ni la fin des virus, ni des logiciels malveillants. »
D'après nos confrères de Computer World, Microsoft minimise la menace de cette procédure, car pour le géant de Redmond « L'UEFI est un standard industriel visant à améliorer la sécurité des ordinateurs et l'approche a été dévoilée depuis un certain temps. Nous sommes convaincus que notre approche est conforme à la loi et aide nos clients à rester en toute sécurité » a ainsi déclaré Robin Koch, le porte-parole de la société basé à Bruxelles et en charge des relations avec l'institution européenne.
Le problème soulevé par Hispalinux n'en est pas moins réel. Si les grandes distributions comme SuSe, Fedora ou encore Ubuntu ont mis en place des solutions de contournement du problème du Secure Boot, ce n'est pas forcément le cas des plus petites distributions qui ne souhaitent pas payer les 50 $ requis par Microsoft pour disposer d'une clé pour chacune des installations. Une parade a été proposée par la Linux Fundation, mais qui a déclenché la colère de Linus Torvalds.
Reste maintenant à savoir si l'association ira bien jusqu'au bout de sa démarche devant la Commission européenne.