Xavier Niel, Kwame Yamgnane, Florian Bucher et Nicolas Sadirac ont dévoilé ce matin les grandes lignes de ce centre de formation de 4200 m2 installé dans le 17e arrondissement à Paris. « Le système tel qu’il est fait aujourd’hui ne conduit qu’à fabriquer des gens standardisés alors que l’industrie a besoin exactement de l’inverse » dira Nicolas Sadirac.
42.fr prétend bouger les lignes de la formation afin de puiser parmi les jeunes de 18 à 30 ans, les futures pousses des nouvelles technologies en France. « Il faut une révolution du système éducatif pour permettre à ces jeunes d’accéder au succès » tambourinera le fondateur d'Iliad. « À partir du moment où l’école devient un business, ça ne marche plus. Aujourd’hui, on cherche à avoir un modèle ouvert où sont identifiés les talents. Chez Free, on n’aurait pas créé la Freebox si on avait pris des élèves qui avaient le bac et un diplôme d’ingénieurs ».
Gratuite, sans condition de diplôme
L’école sera donc gratuite, ouverte et sans condition de diplôme. Cette formation a ainsi pour ambition de faire naitre et accompagner les capacités et le savoir-faire en développement informatique. Responsable de réseau, réalité augmentée, créateur de jeux vidéo, sécurité, voire les métiers de demain… Ses fondateurs promettent une pédagogie repensée où la connaissance n’a plus d’importance. « Sur Google on peut tout trouver ! ». Nicolas Sadirac veut ainsi rendre « l’étudiant actif » : « Aujourd’hui l’économie est une économie non de capacité à produire, mais à innover ».
42.fr se veut une école en P2P. « Au lieu d’avoir des développeurs et des utilisateurs passifs, on va interfacer les deux ». Sadirac prendra référence sur le mouvement du logiciel libre où chacun peut être contributeur. « La révolution, il faut la continuer » enchaînera Kwame Yamgnane. « Savoir générer chaque année 1000 génies permet de générer des emplois chaque année en France et cela lutte contre la délocalisation ».
La sélection des jeunes se fera en deux phases, l’une l’été avec quatre vagues de 1000 personnes. Les 1000 meilleurs seront ensuite sélectionnés pour une rentrée en novembre 2013. L’équipe sera puisée dans un réseau de connaissances, on promet des entrepreneurs et des personnes issues du corps enseignant sans qu’un nom soit cité. On pourra en tout cas consulter le programme des cours sur ce PDF. Les inscriptions sont d’ores et déjà lancées.
Un projet associatif soutenu financièrement par Xavier Niel
Au niveau des moyens, 42 dispose de… 4200 m2 dans le 17e arrondissement à Paris. 1000 iMac attendent les étudiants, avec donc une machine par personne. Les lieux sont ouverts 24h/24 7j/7.
Derrière la structure se cache une association. 42 est donc un organisme à but non lucratif. C’est Xavier Niel qui finance pour l’instant l’intégralité de ce modèle. Le projet a aspiré 20 millions d’euros pour sa mise en place et il coûtera en tout 50 millions d’euros pour les dix années à venir.
Ceux qui agissent, ceux qui parlent
À Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin qui l’accusaient d’être un « passager clandestin » du fait de l’accord d’itinérance avec Orange, Xavier Niel a répondu du tac au tac lors de la séance des questions-réponses: « Il y en a qui agissent, d’autres qui parlent » et sa variante assénée quelques instants plus tard « Il y a des gens qui construisent, d’autres qui parlent ». Dans un édito sur 42.fr, Niel considère en effet qu'à ce jour, « le système français ne marche pas ». Ce système serait « coincé entre d’une part l’université, qui propose une formation pas toujours adaptée aux besoins des entreprises, mais qui est gratuite et accessible au plus grand nombre, et d’autre part les écoles privées, chères, dont la formation est assez qualitative, mais laisse sur le côté de la route le plus grand nombre de talents, voire de génies, que nous pourrions trouver en France. »
Attention, le cursus ne donnera lieu à aucune certification particulière. Mais ce défaut est assumé. « Aujourd’hui, on ne vise aucune certification qui nous imposerait des contraintes contraires à notre philosophie » indiquent les fondateurs. « Les entreprises n’achètent pas un diplôme, mais un savoir-faire. »