Une loi pour prévenir la surexposition des enfants aux écrans, dès le carnet de grossesse

Une loi pour prévenir la surexposition des enfants aux écrans, dès le carnet de grossesse

L'écran et les petits

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Marc Rees

Publié dans

Droit

24/02/2022 5 minutes
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Une loi pour prévenir la surexposition des enfants aux écrans, dès le carnet de grossesse

Une proposition de loi, déposée par Caroline Janvier et cosignée par plusieurs élus LREM, entend aiguiser la prévention de l’exposition excessive des enfants aux écrans. Explications.

« Il y a vingt ans encore, le seul écran présent dans le foyer restait accroché sur le mur du salon. Aujourd’hui, les ordinateurs, tablettes, téléphones portables sont omniprésents dans notre société et suivent leurs utilisateurs dans leurs moindres déplacements. Les taux d’équipement des individus et le temps passé sur Internet démontrent l’intensité de leur utilisation et leur place dans nos vies » constatent ces élus. Ils relèvent qu’un enfant, entre 3 et 10 ans, serait exposé aux écrans en moyenne 728 heures par an :

« De plus, un tiers des enfants âgés de 0 à 3 ans prennent leur repas devant un écran, alors que la communauté scientifique internationale s’accorde à recommander l’absence totale d’exposition pour les moins de 3 ans ».

Pour ces élus LREM, « en l’absence de régulation, l’excès d’écran peut devenir une menace pour nos enfants, en particulier pour les plus jeunes ». Au menu : trouble du sommeil, hypertension artérielle, obésité, manque d’interactions avec l’entourage.

Pour ces élus, « il s’agit d’une question qui s’inscrit fondamentalement dans un combat d’égalité des chances : assurer le même accès à la santé, à l’éducation, au développement individuel, quel que soit l’endroit où l’on vit et le niveau socio‑économique des parents ».

Leur proposition de loi veut ainsi « constituer la première pierre législative d’une politique publique adaptée, réaliste, fondée sur une approche équilibrée du numérique, en termes d’opportunités, mais aussi de risques ».

Le volet législatif serait complété par un futur volet réglementaire « qui pourrait notamment inclure la question du temps d’exposition aux écrans dans les rendez‑vous médicaux périodiques obligatoires de suivi des nourrissons et des enfants »

Après avoir désactivé le paravent des disclaimers à l’entrée des sites pornos, contraint à l’installation d’un logiciel de contrôle parental sur tous les écrans connectés, qu'envisagent les élus de la majorité avec cette future loi ?

Une politique de prévention mise en œuvre par l’État

L’État se verrait charger de mettre en œuvre « une politique de prévention des risques liés à l’exposition aux écrans numériques pour les enfants de moins de six ans ». Il aurait aussi pour mission de veiller « au développement d’outils de mesure des risques liés à l’exposition aux écrans numériques dans les lieux d’accueil des jeunes enfants, en particulier les écoles maternelles et primaires ».

Afin de limiter l’usage des téléphones, tablettes et ordinateurs portables au sein des structures de la petite enfance et des écoles maternelles et primaires, les établissements auraient l’obligation d’éditer des règles restrictives à destination des encadrants.

La proposition de loi programme également une plateforme numérique, gorgée d’informations sur ces différents risques, avec notamment un volet réservé qui fournirait aux parents des recommandations selon l’âge des mineurs.

Des messages de prévention sur les emballages et dans les publicités

Autre disposition prévue : toutes les unités de conditionnement, les emballages, suremballages, mais aussi les boîtes de téléphones portables, d’ordinateurs, tablettes et autres produits assimilés devraient comporter « un message de prévention visant à informer les consommateurs des risques encourus par l’usage excessif de ces produits sur le développement psychomoteur, physique et cognitif des jeunes enfants. »

Des informations identiques seraient rendues obligatoires pour les publicités portant sur ces écrans connectés, avec une nuance : « dans le cas des messages publicitaires télévisés ou radiodiffusés, cette obligation ne s’applique qu’aux messages émis et diffusés à partir du territoire français et reçus sur ce territoire ». Relevons que ces messages sanitaires s’appliqueraient aussi sur les imprimés et autres publications périodiques édités par les producteurs ou distributeurs de ces produits.

… et dans le carnet de grossesse

L’article 2 veut insérer des recommandations relatives à la bonne utilisation des écrans pour le jeune public dans le carnet de grossesse. On y trouverait les messages suivants :

  • Jouer avec votre enfant est la meilleure façon de favoriser son développement
  • Évitez d’exposer votre enfant à la télévision avant l’âge de trois ans : elle nuit à son développement même s’il ne la regarde pas
  • N’installez jamais de télévision dans la chambre de votre enfant
  • Fixez des règles claires sur les temps d’écran, respectez de grandes plages de temps sans écran et encouragez les jeux traditionnels
  • Interdisez les outils numériques durant les repas et avant le coucher, et ne les utilisez pas pour calmer votre enfant
  • Parlez avec votre enfant de ce qu’il voit et fait avec les écrans ; informez‑vous sur les contenus des DVD, des programmes télévisés et des jeux vidéo
  • Pensez à sécuriser les connexions

D’autres mesures sont prévues au fil des articles suivants, pour organiser notamment des consultations et des actions de prévention « aux côtés des professionnels de la petite enfance du territoire et des acteurs du parcours de l’enfant de 0 à 6 ans, portant sur les risques liés à l’exposition des enfants aux écrans ».

Écrit par Marc Rees

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Sommaire de l'article

Introduction

Une politique de prévention mise en œuvre par l’État

Des messages de prévention sur les emballages et dans les publicités

… et dans le carnet de grossesse

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Commentaires (25)


Bon, en même temps, avec la bonne idée du confinement, la télé est devenue le meilleur ami des parents en télétravail…



Il y a vingt ans encore, le seul écran présent dans le foyer restait accroché sur le mur du salon




Les écrans plats étaient déjà aussi démocratisés il y a 20 ans ? Je n’en ai pas souvenir personnellement !!!


Il y a avait beaucoup (pour l’époque) de consoles portables : la gameboy notamment.



Par contre, pas encore beaucoup d’écrans plats au niveau télés et ordis.


Suite…



A coté de cela, faut il vraiment légiférer sur tout et n’importe quoi ? A penser que l’on doit éduquer les parents, ne sommes nous pas à nouveau dans une optique d’infantilisation de ces derniers ?



Ne pouvions nous pas envisager d’autres méthodes que la loi ?


Faute de bon sens, on assiste les gens pour tout.


L4igleNo1r

Faute de bon sens, on assiste les gens pour tout.


Ce n’est pas que du bon sens. On encourage les gens à utiliser des écrans à tout va, et à ne faire que les regarder via du contenu « addictif ». Mais ce n’est pas un problème pour les plus de 10 ans, dont le développement cérébral et oculaire est terminé.
En dessous, c’est franchement néfaste.



C’est aussi de la santé publique. Un petit film de temps en temps, en famille, c’est pas un souci. Mais normalement, un moins de 3 ans ne peut pas faire ça, soit il dort déjà, soit il est ailleurs. En tout cas, l’écran n’est pas dans sa chambre, et pas devant ses yeux. Ou en tout cas le moins possible.
Aujourd’hui, on constate qu’effectivement il y a des abus conduisant à des retards de développement. Et quand les parents sont informés de ces retards, ils sont choqués, ils ne comprennent pas d’où ça vient, parce qu’aucun message de ce genre n’existe.



Il ne faut pas diaboliser, il faut informer. Espérons que ça se fasse bien…


Dans ce cas que proposes-tu ? Actuellement il y a un problème, si on ne le règle pas par la loi ,comment faire ?



(c’est une vrai question je trouve que le fait de passer par une loi est une mauvaise idée, mais je ne vois pas de meilleure alternative dans l’immédiat)


Et je rajouterais qu’il y a (seulement) vingt ans, soit 2002, je doute que si peu de familles n’avaient qu’une télé et pas d’autres écrans, notamment ordinateur.


2002 c’est pas la préhistoire non plus… y avait des smartphones, pda, ordis portables, tablettes, consoles portables. Pas autant démocratisé que maintenant mais tout de même.



tryde a dit:


2002 c’est pas la préhistoire non plus… y avait des smartphones, pda, ordis portables, tablettes, consoles portables. Pas autant démocratisé que maintenant mais tout de même.




En 2002, non, il n’y avait pas de smartphones, pas de tablettes et les ordinateurs portables étaient un luxe.
Mais pas mal d’ados avaient une TV dans leur chambre avec leur console. Je les jalousais.



Nicky5 a dit:


Les écrans plats étaient déjà aussi démocratisés il y a 20 ans ? Je n’en ai pas souvenir personnellement !!!




C’est pareil de mon côté, même l’ordi avait un CRT.
Lequel a gardé réputation d’avoir meilleure qualité d’affichage que les plats pendant de nombreuses années.



Il y a vingt ans encore, le seul écran présent dans le foyer restait accroché sur le mur du salon




A cette époque j’avais 20 ans et j’avais une télévision dans ma chambre + magnétoscope + ps1 ainsi qu’un pc avec un énorme CRT 19”. Ecran qui à cramé trois ans plus tard et qui à été remplacé gratuitement par un 21”.



A cette époque ma mère travaillait dans mon ancienne école primaire et quasiment chaque gamin avait une télévision dans sa chambre avec une console. Les autres avaient une console portable.



Et contrairement à mon époque la plupart des femmes travaillaient et la majorité des gamins partaient de l’école entre 18h30 et 19h30. Elle avait également noté que la violence était de plus en plus présente.



Je rappelle au passage que la gameboy est sortir en 1989 hein…



letter a dit:


En 2002, non, il n’y avait pas de smartphones, pas de tablettes et les ordinateurs portables étaient un luxe. Mais pas mal d’ados avaient une TV dans leur chambre avec leur console. Je les jalousais.




La plupart des gamins avaient une console portable, le mec essaye juste de réécrire l’histoire… Par contre à l’époque la télévision était pas remplie de débilité et c’était très facile d’enregistrer une émission.


728h par an, ça fait 2h par jour grosso modo. Je trouve pas ça non plus immonde comme constatation, je m’attendais à bien plus…



letter a dit:


En 2002, non, il n’y avait pas de smartphones, pas de tablettes et les ordinateurs portables étaient un luxe. Mais pas mal d’ados avaient une TV dans leur chambre avec leur console. Je les jalousais.




En 2002, il y avait déjà des tablettes sous windows CE et des PDA sous PPC2000/2002, et en smartphone le Orange SPV, et on pouvait déjà regarder des vidéos et jouer à des jeux (emulateur SNES par exemple).



En 2002, il y avait déjà des tablettes sous windows CE et des PDA sous PPC2000/2002, et en smartphone le Orange SPV, et on pouvait déjà regarder des vidéos et jouer à des jeux (emulateur SNES par exemple).




Tout à fait exact.
Cependant ces appareils comme le Orange SPV (mais aussi les tablettes Windows CE) étaient relativement limités en fonctionnalités et ergonomie.
Passé un moment de découverte (de la caméra vidéo, de la musique et de quelques jeux bien limités), elles n’étaient “normalement” pas de nature à occuper des enfants pendant des heures.
Même en tant qu’adulte, dans le train je passais vite à autre chose comme un bouquin.


C’est plus ce qui est regardé sur les écrans, que les écrans eu même le problème … Je vois pas en quoi un petit film en famille est un problème majeure.



Mais bon, comme toujours, c’est plus simple de couper à la hache.


Malheureusement, non. Les écrans eux-mêmes sont un problème quelque soit le contenu.
Les jeunes enfants trop exposés (plus de 2 h/j) ont un gros gros retard de développement intellectuel et social (exemple de source).


C’est clair que les écrans ca rend fous les gamins de moins de 3 ans.
Perso avec le mien, on fait des petits essais de moins de 5 minutes, de temps en temps (très rarement, hein, genre une fois par mois) : bah quand le Petit Ours Brun s’arrête, ca hurle pendant 10 minutes derrière, et ca me parle de Petit Ours Brun des jours entiers derrière.
Idem avec GCompris (“petit jeu, petit jeu”)



C’est aux parents de gérer ca, pas à la loi : c’est ridicule. Franchement, cette société de l’assistanat permanent est de plus en plus malsaine.


Dans la liste des messages de propagande cités ici (et dignes de la russie communiste), il faudrait rajouter, entre-autres, “l’état nuit gravement à votre santé”.


Mouais, autant faire de la prévention ok, mais là… le bon sens et l’adaptabilité ne font pas toujours tronc commun avec la Loi, c’est d’ailleurs une des limites des Lois, peut-on vraiment tout légiférer ?



Il y a des époques où il ne fallait pas lire à la bougie ou bien la lampe torche, maintenant il ne faut pas que nos têtes blondes approchent un écran… j’exagère, mais ça me donne cette sensation que les écrans, c’est mal pour les enfants, ils feraient mieux dans ce cas-là d’interdire la téléréalité , TPMP et d’obliger les gens à regarder Apostrophes.



Nicky5 a dit:


Suite…



A coté de cela, faut il vraiment légiférer sur tout et n’importe quoi ? A penser que l’on doit éduquer les parents, ne sommes nous pas à nouveau dans une optique d’infantilisation de ces derniers ?



Ne pouvions nous pas envisager d’autres méthodes que la loi ?




L’État n’a de cesse de vouloir déléguer la partie Éducation à l’école, sans y mettre les moyens, et passe son temps à ne pas responsabiliser les parents.



Une loi comme permets de faire semblant de vraiment s’occuper du pb à moindre coût, sans s’occuper des vrais problèmes.



C’est du même tenant que de déléguer à la police de plus ne plus de missions, sans pour autant mettre les moyens nécessaires pour qu’il s’en chargent réellement.



Bref, la méthode habituelle.



L4igleNo1r a dit:


Faute de bon sens, on assiste les gens pour tout.




Bientôt, on légifèrera pour savoir s’il faut se la tenir à 2 ou 3 doigts quand on va pisser… tant il faut légiférer sur tout.



sybylle a dit:


L’État n’a de cesse de vouloir déléguer la partie Éducation à l’école, sans y mettre les moyens, et passe son temps à ne pas responsabiliser les parents.



Une loi comme permets de faire semblant de vraiment s’occuper du pb à moindre coût, sans s’occuper des vrais problèmes.



C’est du même tenant que de déléguer à la police de plus ne plus de missions, sans pour autant mettre les moyens nécessaires pour qu’il s’en chargent réellement.



Bref, la méthode habituelle.




Un permis “parentalité”, ce serait bien… ou ces cours (obligatoires) à suivre quand on devient parent (sinon, pas d’allocs, pas d’aides etc) ?


Une fois de plus (c’est presque devenu une habitude), les politiciens tentent de réécrire l’histoire. Comme cité précédemment, même si les smartphones n’étaient pas autant répandus, le GameBoy et autres consoles de jeux étaient déjà très populaires, et les jeunes avaient déjà des possibilités de rester longtemps devant un écran il y a vingt ans. Sans compter les chaînes de télévision qui déversaient déjà une tonne de dessins animés plus ou moins débiles (j’ai connu gamin l’arrivée de Ken le survivant au Club Dorothée…).
Un autre problème est la numérisation de la société. D’un côté, il y a de plus en plus de services numérisés, et il faut apprendre aux enfants à utiliser les outils informatiques avec tout ce que ça comporte (sécurité, bureautique, etc), et de l’autre, il faut éviter que ces mêmes enfants ne passent pas trop de temps devant un écran. L’équilibre n’est pas simple à trouver…