GNOME 42 : transition vers GTK4, libadwaita finalisée et modernisation de l'interface

Plus majeure que majeure
Logiciel 8 min
GNOME 42 : transition vers GTK4, libadwaita finalisée et modernisation de l'interface

La bêta de GNOME 42 est disponible depuis quelques jours. Nous vous proposons de plonger dans ses améliorations. Nombreuses, elles concernent autant l'interface que la mécanique interne.

La bêta de GNOME 42 est suffisamment stable et étoffée pour faire le tour de ses apports principaux. Si nous en parlons, c’est qu’en dépit d’un numéro de version qui peut sembler anodin après la rupture qu’a été GNOME 40, cette mouture 42 comporte non seulement un très grand nombre de nouveautés, mais certaines sont en plus majeures, dont une grosse poussée vers GTK4.

Au fil des découvertes, on s'aperçoit rapidement que le programme de GNOME 42 est plus complet que la version 40. On se risquerait même à dire qu'il s'agit de GNOME 40 tel qu'il aurait dû sortir, avec une hausse manifeste de la cohérence, grâce à la nouvelle bibliothèque libadwaita.

Thème sombre pour tout le système

L’un des premiers apports visibles est le thème sombre à l’échelle du système. Ce qui signifie, dans les réglages d’Apparence des paramètres, un choix entre un thème clair et un thème sombre. On parle bien sûr du thème par défaut fourni avec GNOME.

GNOME 42

Lorsque l’on clique sur « Sombre », l’intégralité de l’environnement bascule dans les nouvelles teintes. C’est du moins l’objectif affiché, car si vous testez la bêta, vous vous rendrez compte que seule une partie des applications est compatible actuellement. Il faut en effet que le reste des applications transite vers la bibliothèque libadwaita, dont nous reparlerons plus tard.

Les applications sensibles au contexte comme Fichiers, Text Editor ou encore Moniteur système sont déjà toutes à jour, de même que la boutique Logiciels. D’autres, comme la Calculatrice, Agenda, Contacts, Météo ou même Firefox restent en thème clair pour l’instant. À moins bien sûr qu’elles disposent de leur propre réglage sombre. On note au passage le changement d’icônes pour les dossiers, désormais bleues avec un léger dégradé vers le blanc.

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Le thème rejaillit sur de nombreux autres éléments dans tout l’environnement, notamment sur tous les « pop over », qui apparaissent quand on clique par exemple sur l’heure ou sur les contrôles en haut à droite. Les cadres sont un peu petits, ont perdu le petit triangle qui les reliaient à la barre des menus et affichent un contraste plus prononcé. On note, bien sûr, les coins arrondis qui sont également une marque de la bibliothèque libadwaita.

On remarque globalement une tendance très nette dans de nombreux systèmes. La plupart ont maintenant des cadres aux coins arrondis, des thèmes sombres ou encore des zones de sélection elles aussi plus rondes et n’étant plus reliées aux bords.

La transition vers GTK4

« Tapie dans l’ombre », la nouvelle bibliothèque libadwaita est un élément crucial de GNOME 42. Elle était déjà en travaux dans la version 41, mais elle est maintenant prête à servir. C’est à d’ailleurs à elle que l’on doit les nouveaux éléments graphiques standards de l’interface. Elle est notamment responsable des coins arrondis et de la prise en charge du thème sombre. Les applications vont devoir s’y référer pour en tirer toute la substantifique moelle.

La bibliothèque libadwaita 1.0 est l’occasion pour l’équipe de GNOME de migrer toutes les applications internes. Or, libadwaita fonctionne uniquement pour celles développées en GTK4, fournissant une occasion de remanier celles qui étaient encore en GTK3+. C’est notamment le cas de Fichiers, qui y gagne en cohérence avec le reste des applications, de même que Polices, Music ou encore Météo.

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Il n’est pas simple de dresser une liste complète de ce qu’apporte la bibliothèque, à moins de plonger dans sa documentation touffue. Néanmoins, la plupart des éléments visuels de GNOME 42 y font appel, comme les boutons plats, les panneaux drop-down, les animations ou encore les petits panneaux de notifications.

Il n’est pas toujours simple de savoir quand un élément a fini son voyage vers GTK4. C’est le cas par exemple des Paramètres. Tout le panneau a transité, ce qui impliquait une réécriture plus ou moins massive de ses plus de 30 modules. On pourrait dire que c’est le signe d’une transition réussie : tout paraît exactement à la même place qu’avant, mais on aperçoit les petits changements au fur et à mesure, comme s’ils avaient toujours été là.

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De très nombreuses autres améliorations un peu partout

On trouve par exemple le nouvel outil Capture d’écran, qui fait exactement ce qu’il annonce. Il s’agit d’un projet qui avait été introduit durant le Google Summer of Code 2021. La fenêtre est très simple, avec trois boutons : plein écran, fenêtre et sélection. Après quoi, comme sous Windows 10 et 11, un cadre apparaît pour montrer le résultat et demander si on souhaite l’envoyer dans le presse-papier ou l’enregistrer au format PNG. Dommage cependant que l’on ne puisse pas (encore ?) sélectionner l’un par défaut et répéter la manœuvre.

On remarque également que le vénérable Gedit est remplacé par Text Editor. Développé à partir de zéro, le nouveau venu affiche une interface nettement plus moderne, tout en contenant bon nombre de fonctions. Par exemple, il suit le thème global, mais dispose d’une teinte supplémentaire pour le fond de page. On peut définir le nombre de lignes, la marge de droite, le type d’indentation, le retour à la ligne automatique, la vérification orthographique, activer un mode surlignage, changer la police, afficher une grille…

GNOME 42 comporte aussi des améliorations plus discrètes, mais pas moins pratiques. Par exemple, Fichiers propose une nouvelle fenêtre pour renommer un document, avec une présélection complète du nom.

Autre amélioration discrète, et qui ne sera pas repérée par tout le monde : Mutter est maintenant capable d’envoyer des évènements d’entrée à la fréquence de l’appareil aux applications. Cela signifie qu’une application qui en a besoin n’a plus à se contenter des 60 images par seconde et peut garder le rythme des évènements envoyés par un périphérique, comme une souris.

Voici une liste non-exhaustive d’autres améliorations :

  • Desktop dispose d’une méthode asynchrone pour le rendu des miniatures, par exemple sur le bureau ou dans Fichiers
  • Glib contient une nouvelle API pour le déplacement asynchrone de données
  • Une flopée de fonds d’écran, dont un nouveau par défaut, disponible aussi en version sombre
  • Epiphany intègre des versions mises à jour de PDF.js et readability.js
  • Calls permet aux fournisseurs SIP de prendre en charge les URI « tel » et permet l’ajout de contacts depuis l’historique des appels
  • GJS intègre les améliorations de SpiderMonkey 91
  • Le composant Bluetooth permet enfin de remonter des informations sur la batterie pour les périphériques compatibles

Une version sans doute plus marquante que GNOME 40

La mouture 40 introduisait une cassure dans les habitudes en tablant sur une organisation nettement plus horizontale qu’auparavant, surtout dans les espaces de travail. Les changements dans la version 42 sont plus massifs.

D’abord sur un plan esthétique, puisque la quasi-totalité de l’interface est retouchée d’une manière ou d’une autre. Personne ne devrait être bouleversé par la nouvelle interface, puisque l’ergonomie est inchangée. L’ensemble est simplement modernisé, plus harmonieux et en phase avec les canons du moment. Ce qui ne plaira pas à tout le monde.

Ensuite – et surtout – par une tranche invisible dans les changements, plus techniques. La migration vers GTK4 est maintenant presque terminée, la bibliothèque libadwaita est finalisée et de nombreuses corrections et optimisations ont été faites, notamment sur le support de Wayland.

Mais c’est presque un classique maintenant, puisque la transition vers le serveur graphique est une opération longue, de nombreuses applications n’étant pas encore prêtes. Le travail continuera progressivement, les systèmes et environnements adaptant le terrain au fur et à mesure que les applications y basculeront. Le serveur X.org n’est pas près de disparaître.

Tester GNOME 42

Le moyen présenté comme le plus « simple » de tester GNOME 42 est de récupérer l’image ISO de GNOME OS depuis le site officiel. Cependant, cette solution n’est réellement efficace que si vous disposez déjà d’une distribution Linux avec GNOME avec Boxes pour y créer une machine virtuelle. Dans notre cas, des tests avec VMware Workstation, VirtualBox ou même Hyper-V se sont soldés par des échecs.

Si vous souhaitez tester facilement ces nouveautés, mieux vaut s’orienter vers la branche de développement d’une distribution en rolling release, telle que la branche Rawhide de Fedora Silverblue. La dernière version a été compilée le 22 février et fonctionne correctement. En tout cas assez pour tester les nouveautés de GNOME 42.

Si tout se passe bien, la Release Candidate devrait être disponible le 5 mars 2022. Il s’agira alors du « code freeze » : seules des corrections auront lieu. La mouture finale est attendue pour le 23 mars, si aucun bug bloquant n’est détecté entre temps. Les distributions utilisant GNOME, comme Ubuntu 22.04 et Fedora 36, devraient embarquer cette nouvelle version.

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