57 minutes : c'est le temps qu'aurait passé en moyenne, l'année dernière, chaque salarié à surfer sur Internet depuis son lieu de travail, et ce pour des motifs personnels (réseau social, plateforme de vidéos,...). C'est en tout cas ce qu'affirme une étude réalisée par une société spécialisée dans les solutions de cybersurveillance des salariés - dispositifs de filtrage, etc. L'occasion pour nous de rappeler ce que prévoit le droit pour ces employés passant un peu trop de temps sur Internet au boulot...
Aujourd’hui, beaucoup de salariés peuvent accéder au Net depuis l’ordinateur mis à leur disposition par leur employeur. Même si cela n’est pas forcément fait pour ça, certains s’en servent même à des fins personnelles : réseaux sociaux, téléchargement, sites dépourvus de lien avec leur travail... Ce temps passé à surfer depuis son lieu de travail pour des motifs non-professionnels se serait même élevé à 57 minutes par jour en moyenne l’année dernière, selon les résultats d’une étude (PDF) dévoilée par la société Olféo.
Après avoir analysé les logs des ordinateurs de plus « d’une centaine d’entreprises de taille variable et plus de 80 000 collaborateurs » (en excluant toutefois les mails), les auteurs de cette étude avancent effectivement que les salariés français représentés par cet échantillon sont allés quotidiennement sur le Web pendant 97 minutes en moyenne en 2012, dont moins de la moitié (40 minutes) correspondait à une utilisation « professionnelle ». Par rapport à 2011, il y aurait ainsi eu une augmentation de 8 minutes par jour du temps de surf, 5 minutes pour un usage personnel, et 3 minutes liées au travail.
Parmi les sites les plus visités au bureau, on retrouve à la première place du podium Facebook, le célèbre réseau social, suivi par la plateforme de vidéos YouTube, puis par l’encyclopédie en ligne Wikipédia.
S’intéressant également au moment où les salariés vont sur Internet, l’étude a relevé - sans grande surprise - que c’était pendant le temps de midi (de 12 à 15 heures) et à 17 heures que les employés surfaient le plus à des fins personnelles.
Les auteurs de cette étude pour Olféo en viennent également à sortir leur calculette pour estimer le temps de travail ainsi perdu. Ceci n’est au passage gère étonnant dans la mesure où la société en question vend des solutions destinées à ce que les employeurs puissent mieux contrôler l’utilisation des outils informatiques qu’ils mettent à disposition de leurs salariés. Au total, ce sont 28,5 jours de travail qui auraient ainsi été perdus pour chaque employé en 2012. Soit une baisse de productivité de 13,6 % ou une perte de 2,4 mois de salaire...
Que risquent les salariés qui font du surf perso au boulot ?
Cela nous amène cependant à revenir à la question suivante : dans quelle mesure le salarié peut-il se rendre sur Internet à des fins personnelles depuis son lieu de travail ? Beaucoup de litiges ont été traités par les tribunaux ces dernières années, mais pour répondre à cette question, il faut se référer à un arrêt fondamental rendu en 2001 par la Cour de cassation : l’arrêt Nikon. Les magistrats ont en effet retenu que « le salarié a droit, même au temps et au lieu de travail, au respect de l'intimité de sa vie privée ».
En clair : un employé a le droit de se servir à des fins personnelles de l’outil informatique mis à sa disposition par son patron. Seulement, il ne doit pas dépasser certaines limites. En ce sens, les juges font preuve d’une certaine tolérance, mais n’hésitent pas à valider un licenciement lorsque l’utilisation du Web (et/ou des mails) devient abusive. Par exemple, 41 heures de surf personnel sur un mois peut être considéré comme abusif, de la même manière que 10 000 connexions en 18 jours. Une heure par semaine est en revanche tolérée par les juges.