Depuis plusieurs mois, la concurrence ne cesse de le répéter : Free n'investit pas assez dans son réseau, notamment mobile. Pourtant, si l'on en croit des données publiées par l'ARCEP, Free surpasse Bouygues Telecom, ceci depuis plusieurs années.
Plus d'investissements qu'en 2011
Ce tableau réalisé par l'ARCEP pour l'année 2012 est particulièrement révélateur. Outre que les reculs des chiffres d'affaires d'Orange, SFR et Bouygues Telecom ont été compensés quasi à la perfection par Free, nous pouvons surtout remarquer les différences abyssales qui séparent les opérateurs. Toutefois, si l'on s'intéresse de près à leurs investissements, plusieurs observations peuvent être faites.
Tout d'abord, les investissements hors acquisitions de fréquences ont augmenté en 2012 de près de 200 millions d'euros, principalement grâce à Orange (92 millions) et Free (66 millions). En rajoutant les coûts des licences 4G (LTE), les investissements ont même réalisé un bond de plus d'un milliard d'euros, permettant ainsi de surpasser l'année 2001 record (voir le graphique ci-dessous).
Investissement : Free surpasse Bouygues
Ensuite, nous pouvons observer que Free, avec 945 millions d'euros investis, a surpassé Bouygues Telecom de 47 millions d'euros en 2012. Un niveau d'investissement qui était déjà supérieur à celui de Bouygues en 2011, ce dernier ayant dépensé 860 millions d'euros, contre 879 millions pour Iliad (+19 millions).
La part du chiffre d'affaires dans l'investissement est ici de loin en faveur de Free (30 %). Cela s'explique pour deux raisons. La première est que Free affiche le plus faible chiffre d'affaires des quatre opérateurs. S'il veut suivre, il est donc forcé d'investir plus (en proportion). D'ailleurs, Orange, qui affiche le plus gros chiffre d'affaires, est celui qui investit le moins. Il faut dire que ses coûts salariaux sont incomparables aux trois autres opérateurs, Orange disposant de 100 000 employés en France contre plus de dix fois moins pour ses concurrents.
L'écart des dividendes reversés
La seconde raison est que Free ne verse quasi aucun dividende aux actionnaires. En 2012, Free a ainsi versé 24 fois moins de dividendes que Bouygues (groupe entier), 59 fois moins que Vivendi (SFR) et 173 fois moins qu'Orange. Une différence fondamentale, dès lors que nous parlons d'un écart de près de 500 millions d'euros entre Free et Bouygues, d'1,22 milliard d'euros avec SFR et 3,61 milliards avec France Télécom.
Cette importance des dividendes vis-à-vis des investissements n'est aujourd'hui réellement visible qu'entre Free et Bouygues. Mais dans quelques années, SFR sera aussi concerné. Notons toutefois que pour Bouygues Telecom et SFR, il est tout à fait normal de voir des dividendes plus élevés dès lors qu'elles ne sont que des filiales de groupes bien plus importants, et donc que ces dividendes ne sont pas forcément issus des opérateurs. Malgré tout, ces dividendes pourraient aussi servir à investir, que ce soit dans le monde télécom ou ailleurs.
L'emploi stagne
Enfin, comme vous pouvez le voir ci-dessus, le nombre d'emplois directs chez les opérateurs a stagné en 2012, après deux années de croissance et surtout une dizaine d'années de recul (principalement chez Orange). Il n'est toutefois pas certain que cette stagnation perdurera en 2013. En effet, si Free devrait recruter entre 500 et 700 employés cette année, Orange ne remplacera pas ses très nombreux départs à la retraite. Et Bouygues comme SFR pourraient pousser à la porte quelques employés supplémentaires. Les recrutements de Free ne compenseront donc pas forcément la gestion de l'effectif de ses concurrents.
Il faudrait de plus prendre en compte l'impact des politiques des opérateurs sur les emplois indirects. Le cas le plus parlant concerne ainsi The Phone House, qui pourrait mettre la clé sous la porte après la perte de ses contrats avec Bouygues cette année et Orange l'an prochain. Mais à des échelles plus petites, il existe bien d'autres cas similaires.