Windows RT est souvent l’objet de débats quant à son utilité réelle. À tel point que Microsoft est régulièrement obligé de défendre son produit, surtout dans un contexte de ventes mitigées et de désertion par les partenaires. Mais l’éditeur reste sur sa ligne de défense : l’environnement Windows RT est bâti sur une stratégie qui se renforcera avec le temps.
Windows RT, ce système qui cherche sa place
Windows RT est le pendant ARM de Windows 8. Il est bâti sur le même socle, mais a été compilé pour pouvoir fonctionner sur cette architecture. À la différence du Windows 8 classique, il ne peut pas installer et exécuter des applications Win32 autres que celles livrées avec le système. L’utilisateur est encouragé à rester dans la zone Modern UI et à se servir du Windows Store pour trouver des applications. Le Bureau est cependant accessible et est d’ailleurs accompagné d’une version RT d’Office 2013, sans Outlook toutefois.
Le problème principal de Windows RT est son placement. Les configurations ARM sont moins onéreuses que celles en x86, mais elles sont amputées d’une caractéristique considérée comme essentielle quand on se réfère à l’appellation « Windows » : installer les applications connues et utilisées depuis des années. Une appellation qui ne se réfère plus nécessairement aux mêmes capacités et qui jette un trouble sur ce qu’une tablette Windows RT est capable de faire. Une confusion que l’on a régulièrement constatée et qui ont nécessité plusieurs fois des explications.
« Une stratégie qui deviendra simplement plus forte avec le temps »
Mais Microsoft doit régulièrement revenir sur le fil conducteur de sa stratégie. La période est d’autant plus trouble que tous les échos sur les ventes de la Surface RT font part de résultats mitigés, à l’heure où Samsung annonce le retrait de son produit Windows RT du marché européen. Michael Angiulo, vice-président de la division Windows Planning, Hardware & PC Ecosystem, a eu à ce sujet un échange intéressant avec CNet.
La question était simple : pourquoi insister avec Windows RT ? La réponse de Michael Angiulo est assez riche de sous-entendus : « C’était une tonne de travail pour nous et nous n’avons pas travaillé et affronté la rupture pour une raison autre qu’il y a ici une stratégie qui deviendra simplement plus forte avec le temps ». Deux idées sont présentes : le lancement de Windows RT n’a pas été fait pour boucher un créneau particulier, et Microsoft va continuer à renforcer son système.
L'amélioration des puces ARM : une étape obligatoire
L’amélioration de Windows RT passe par plusieurs facteurs. Les deux principaux sont évidemment le logiciel et le matériel. Interrogé sur la viabilité des puces ARM face aux puces Intel, certes plus gourmandes, mais aussi nettement plus puissantes (Atom mis à part), Anguilo s’est voulu rassurant : « Si vous regardez plus loin, dans un an ou deux, et si vous regardez les performances des puces ARM, il y a vraiment des puces très capables. Je pense qu’elle [l’architecture] a un bel avenir devant elle ».
L’amélioration des puces ARM est en effet un critère essentiel. Si le nombre de cœurs augmente sur les puces et que les constructeurs tels que NVIDIA améliorent les performances (sortie du Tegra 4), c’est l’année 2014 qui devrait réellement faire bouger les choses. Il s’agira en effet de l’année du 64 bits pour les puces ARM, ce qui permettra notamment, qu’il s’agisse de smartphones ou de tablettes, de continuer à faire augmenter la mémoire vive au-delà de 4 Go. Sans parler des capacités de traitement supplémentaires, notamment dans le multimédia.
Le bénéfice oublié du nouvel environnement
Concernant la partie logicielle, si Michael Angiulo n’aborde pas directement le futur, il souligne ce qui est pour lui un avantage indéniable du nouvel environnement sur l’ancien : « Disons que vous laissez tomber votre portable dans une piscine. Bon, vous en achetez un nouveau et vous téléchargez simplement à nouveau [les applications]. C’est le genre de modèle auquel les gens sont habitués avec un téléphone ou une tablette aujourd’hui. Je peux maintenir toutes les applications dans la boutique et remette à zéro avec un simple bouton ». Et d’ajouter que l’expérience utilisateur peut ainsi rester cohérente avec le temps, et plus les applications seront nombreuses, plus la valeur de l’écosystème augmentera.
La question que l’on peut se poser du coup est la suivante : Windows RT est-il sorti trop tôt ? On peut s’interroger sur le calendrier de Microsoft tant le système n’a pas l’air, actuellement, en pleine possession de ses moyens. On peut également se demander si la firme n’aurait pas dû attendre pour profiter justement des améliorations à venir, qu’il s’agisse de puissance des puces ARM, d’augmentation de la mémoire vive ou de l’arrivée d’un système plus mature, avec Windows Blue.
Pourtant, même si l’accouchement du système se fait dans la douleur, Michael Angiulo estime qu’il s’agissait d’une rupture nécessaire. Au final, dans les années qui viennent, ce sera toujours au client de juger du résultat.