Suite à une décision de l'ARCEP, Bouygues Telecom pourra à partir du 1er octobre prochain exploiter sa bande 1800 MHz pour proposer de la 4G (LTE) à ses clients. Un choix peu apprécié par Orange et SFR. La CFE-CGC/UNSA, le syndicat d'Orange, vient ainsi d'annoncer qu'il comptait attaquer cette décision devant le Conseil d'État. Le syndicat demande notamment que des conditions sur l'emploi soient intégrées dans cette décision.
L'emploi avant tout
Pour le syndicat CFE-CGC/UNSA, l'emploi dans le secteur télécom a depuis toujours été son cheval de bataille. En 2009, le syndicat se plaignait ainsi déjà des délocalisations des services clients. La même année, il craignait déjà l'arrivée de Free Mobile et annonçait la perte de 10 000 emplois. Quatre ans plus tard, la logique du syndicat n'a que peu varié.
La CFE-CGC/UNSA se plaint ainsi dans son communiqué que l'autorisation accordée par l'ARCEP n'intègre aucune condition liée à l’emploi, contrairement aux licences 3G qui impliquaient tout de même des engagements. « Certes, les déploiements de Bouygues Telecom devraient dynamiser les commandes chez les équipementiers, bien mal en point en Europe » concède le syndicat. « Mais, alors qu’il y a eu une consultation publique sur ce « refarming » des fréquences, aucun acteur n’a, selon l’Arcep, fourni d’éléments convaincants sur l’emploi. »
200 recrutements chez Bouygues ?
Rappelons qu'en décembre dernier, Bouygues avait assuré qu'une telle autorisation engendrerait le recrutement de 200 personnes dans les centres d'appel. « Pour une France en panne de croissance, la 4G, c’est un formidable levier de compétitive et donc d’emploi » expliquait ainsi Olivier Roussat, le patron de l'opérateur. De quoi compenser en partie les 450 départs de l'an dernier. Mais cette affirmation n'étant en aucun cas une promesse, encore moins écrite.
Pour le syndicat, l'ARCEP aurait d'ailleurs dû faire mener par un expert indépendant une étude sur l'emploi, en sus de demander un engagement minimum. Pour la CFE-CGC/UNSA, l'emploi est à nouveau « la dernière roue de la charrette » pour l’ARCEP.
Le gouvernement y songe
Une argumentation qui ressemble à s'y méprendre aux conclusions d'un rapport confidentiel du gouvernement et qui annonçait notamment que « l'emploi est désormais en diminution, la compétitivité de plusieurs acteurs clés est atteinte, et le développement de nouveaux services se fait essentiellement au bénéfice d’acteurs localisés hors de France et parfois même d’Europe. Or, affaiblir notre industrie des télécoms constitue un risque important et un pari dangereux, alors même que devrait s’ouvrir une nouvelle période d’investissement intensif. »
Ce rapport indiquait notamment que l'autorité de régulation des télécoms devrait surtout insister sur la localisation sur le territoire européen « de tout ou partie des activités d’un opérateur candidat dans le cas d’un appel d’offres, à l'instar de ses centres d'appels », ceci dans le but d'avantager l'investissement et l'emploi.
Le syndicat d'Orange ne cache d'ailleurs pas qu'il souhaite que le gouvernement exerce ses pouvoirs pour redévelopper l’emploi dans le secteur des télécoms, dès lors que les fréquences appartenant au patrimoine public. Enfin, la CFE-CGC/UNSA précise compte demander l’arbitrage du Conseil d’État afin que l'emploi soit bien pris en compte.